Transport scolaire vers l'enseignement spécialisé : plusieurs ASBL interpellent les communes

Bientôt la rentrée sera là et les bus scolaires reprendront leurs tournées ! Cependant, pour les enfants en situation de handicap le trajet vers les écoles spécialisées semble continuer à être un supplice. Le Délégué général aux droits de l’enfant, UNIA et la Ligue des familles dénoncent, à nouveau, des trajets trop longs et un accompagnement insuffisant pour ces enfants.
La Ligue des familles, UNIA et le Délégué général aux droits de l’enfant se sont associés, il y a quelques mois, au sein de la campagne E-MOBILE afin d’interpeller le monde politique et le grand public sur la question du transport scolaire des enfants vers l’enseignement spécialisé. Actuellement, ils signalent, dans un communiqué de presse, que presque rien n’a changé et que cette situation de maltraitance persiste à l’égard des enfants de l’enseignement spécialisé. Ils accusent les communes de ne pas jouer leur rôle, et, afin de faire bouger les choses, dressent une liste de mesures que les communes pourraient mettre en place avant la rentrée.
– [A lire] : Accompagnateur scolaire, un statut précaire
Des trajets bien trop longs (jusqu’à 6h par jour !) pour des bus bien trop grands (parfois 50 enfants) et un accompagnement insuffisant (un personnel peu et souvent pas formé, voire absent). Un temps dans ces bus vécu parfois comme un enfer et certains enfants qui vont jusqu’à développer des traumatismes, des phobies scolaires ou qui voient leurs apprentissages régresser tandis que la fatigue leur prend toute énergie et les empêche de vivre une vie familiale et sociale épanouie. Voilà la triste situation qui nous est relatée par les parents depuis plus d’une décennie. Mais le nombre de familles concernées ne semble pas atteindre la masse critique suffisante pour faire bouger les choses dans le bon sens.
On ne peut plus attendre !. En juin 2017, la Ligue des familles publiait une étude sur ces transports scolaires en Wallonie et à Bruxelles ; en mars 2018, nos trois organisations réunissaient les acteurs de la problématique autour de la parole des enfants concernés. De ces travaux et discussions nous avons tirés des pistes de solutions. Et certains leviers pour transformer la réalité quotidienne de ces enfants se trouvent au niveau communal.
Un engagement pour une école plus inclusive
Les communes sont un pouvoir organisateur pour les écoles communales de leur territoire. À ce titre, elles doivent s’engager pour des écoles plus inclusives qui ont les ressources et la volonté d’accueillir tous les enfants. Quand des enfants doivent se tourner vers le spécialisé et faire parfois jusqu’à 6h de trajet par jour pour aller et revenir de cette école : c’est un non-sens. L’école la plus proche de chez eux devrait être capable de les accueillir. La politique communale peut porter cet idéal-là.
Pour y parvenir, les pistes à la disposition des communes sont multiples : favoriser les collaborations entre les écoles de l’ordinaire et du spécialisé via des pôles territoriaux, organiser le rapprochement physique et organisationnel des systèmes ordinaire et spécialisé, généraliser certains outils comme la pédagogie différenciée… comme le préconise le Pacte pour un Enseignement d’excellence.
– [A lire] : L’EVRAS, au coeur de l’enseignement spécialisé
Des mesures pour le court terme
Tandis que l’enseignement inclusif doit rester l’objectif, d’autres mesures peuvent être mises en place au sein des écoles de l’enseignement spécialisé et dans la commune pour améliorer le quotidien de ces enfants et de leur famille :
– L’organisation de garderies dans les écoles du spécialisé pour que les parents qui le peuvent puissent venir eux-mêmes chercher leur•s enfant•s.
– Le respect de l’obligation des aménagements raisonnables et la mise en œuvre du nouveau décret dans l’enseignement ordinaire.
– Un temps laissé dans ces écoles pour la décompression après des trajets en bus éprouvants et avant de commencer les cours.
– L’autorisation de l’utilisation des couloirs de bus sur les voiries communales aux bus du transport scolaire là où ce n’est pas encore le cas et que le trajet du bus s’en trouve rallongé.
– [A lire] : De nouvelles mesures pour l’enseignement
Mais les communes peuvent encore être une source d’inspiration et montrer l’exemple : elles sont aussi employeuses. Les parents qu’elles emploient et qui le souhaitent devraient pouvoir s’occuper eux-mêmes des trajets de leur•s enfant•s vers l’école. Un intervenant à nos échanges le formulait ainsi : « Pourquoi pas des aménagements raisonnables pour les parents ? » Pourquoi pas, en effet ?
Les communes peuvent agir concrètement, elles doivent être le niveau de pouvoir qui se préoccupe de chacun : de chaque enfant en situation de handicap et de chaque famille qui l’épaule dans son parcours. Elles doivent trouver des solutions sans tenir compte d’une quelconque masse critique. Même si un•e seul•e enfant continuait de vivre cette situation, elle resterait inacceptable.
Ajouter un commentaire à l'article