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Le psychomotricien au côté de l’effort sociétal pour contrer l’urgence

02/11/20
Le psychomotricien au côté de l'effort sociétal pour contrer l'urgence

A l’heure du reconfinement, les psychomotriciens répondent à l’appel d’urgence. Ils se positionnent du côté de l’effort sociétal : la continuité des soins est primordiale.

Même si cela faisait des semaines que nous entendions les hôpitaux hurler leur inquiétude de se retrouver complètement débordés par une seconde vague de contamination….

Même si nos protocoles de gestes barrières sont maintenant bien rodés et adaptés à nos situations professionnelles…

Même si, en tant que professionnels du soin, nous sommes bien conscients des implications sanitaires, psychiques et sociales de ce virus…

Les annonces de ce vendredi, nous ramenant à un nouveau confinement adapté, ont sonné comme un signal d’alerte qu’il est minuit moins cinq avant que nous ne puissions plus gérer la situation.

L’obligation de continuer les soins

Pour l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophone, il était important de se positionner du côté de l’effort sociétal demandé. Le psychomotricien se retrouve coincé dans une double contrainte qui est due à la spécificité de son intervention. En tant que profession paramédicale, nous avons l’obligation de la continuité des soins. Nous accompagnons des bénéficiaires et des familles qui se trouvent souvent en grande difficulté psycho-développementale, psychocorporelle, psychosociale et la situation actuelle ne fait qu’aggraver les problématiques rencontrées.

Dans le même temps, les mesures restrictives nous limitent dans le fondement de notre pratique, dans ce qui nous distingue, nous rends complémentaires aux autres professions du soin. L’engagement corporel spécifique au psychomotricien, qui nous permet de remettre au travail le corps en relation, qui est au fondement du développement psychomoteur, se retrouve vécue comme potentiellement menaçant. Nous ne pouvons rester à l’écoute des experts de cette pandémie, nous demandant de stopper nos contacts sociaux rapprochés, sans entendre que la pratique de la psychomotricité s’en trouve questionnée.

La créativité pour s’adapter aux mesures sanitaires

Il est vrai que les psychomotriciens ont beaucoup travaillé sur les protocoles à suivre pour rendre nos pratiques les plus sécurisantes possible pour nos patients. Suite aux risques d’être vecteur de contamination en fonction des âges, nous avions pu adapter notre méthodologie de soins en prenant en compte ces paramètres. Chaque praticien a fait appel à sa créativité pour réfléchir son matériel, ses postures, ses propositions afin de les réadapter aux risques que cette pandémie nous fait courir.

C’est toute cette énergie à faire évoluer notre profession qui nous a permis de continuer nos prises en charge malgré le virus.

Cependant, lorsque les dirigeants demandent aux écoles de prolonger leurs vacances afin de diminuer la circulation du virus, nous pensons qu’il est important de se rallier à cet effort pour qu’il soit le plus efficace possible. Ce qui ne veut pas dire que le psychomotricien n’a pas de rôle à jouer pour la société en ces temps particuliers.

La continuité des soins peut prendre une autre forme en prenant appui sur le travail que notre groupe de réflexion éthique et notre C.A. avaient mené durant le premier confinement. Des outils de soutien à la parentalité, de maintien du lien via télésoins restent possibles. Une continuité des cas les plus urgents (souffrance psychique, trouble majeur du comportement), reste nécessaire par des interventions individuelles avec règle d’hygiène drastique.

Renforcer les milieux d’accueil et les équipes en souffrance

N’oublions pas que nous avons tous les champs des milieux d’accueil de l’enfance repris au sein de nos compétences. Ce sont des secteurs où il nous semble plus évident de continuer à suivre nos protocoles de façon renforcée pour les deux semaines à venir. Pouvoir accueillir des enfants dans un cadre de soutien à leur développement psychomoteur et social permet de maintenir leur santé mentale, ainsi que l’effort des parents à contribuer à notre société par le télétravail ou en tant qu’acteur de première ligne.

De plus, nous entendons nos ministres de la santé francophone faire des appels au bénévolat pour soutenir les équipes qui sont en souffrance et pour qui cette deuxième vague est synonyme d’un plus grand épuisement. Les psychomotriciens peuvent participer au renforcement des équipes aux côtés des éducateurs et autres acteurs sociaux qui sont actuellement appelés. Nous sommes déjà actifs dans les maisons de repos et de soins, dans les centres d’hébergements ou autres centres de jours. Les psychomotriciens peuvent aussi apporter leur renfort aux équipes en souffrance s’ils ont diminué ou arrêté leur pratique durant ces quelques semaines. Chacun décide bien-sûr en fonction de sa propre situation personnelle et familiale.

Même si nous sommes la profession paramédicale qui semble la plus touchée par ces nouvelles mesures, il nous semble important de continuer à mettre à profit l’intérêt de notre profession pour la société. Les psychomotriciens prennent part à l’effort collectif qui est demandé pour stopper ce virus et soutenir la société.

Maiorana Massimo

Président de l’UPBPF.



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