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"Ces pieds de nez, c'est à nous soignants sur la ligne de front que vous les faites"

16/03/20

Ceux qui ont la chance d’avoir la santé, par leur pied de nez au covid-19, mettent la vie de beaucoup en danger. En voulant célébrer la vie, c’est celle de nos hôpitaux et donc la nôtre que vous mettez en danger.

Il y a près de 4 ans jour pour jour, à Bruxelles, nous, personnel soignant allions prendre la relève de nos collègues avec la boule au ventre, peur d’être une cible facile des terroristes, peur de voir débarquer à nouveau des dizaines de victimes de guerre suite à ces actes lâches.

Il y a près de 4 ans jour pour jour, à Bruxelles, le lockdown a été ordonné pour cause de bombes dans nos rues, les policiers et armée patrouillant seuls dans les rues devenaient nos héros.

Pour faire un pied-de-nez à ceux qui pensaient qu’en posant des bombes, la peur et la soumission nous envahiraient, nous avons répondu par la fête et les rires, en célébrant la vie, entre nous dans nos maisons en sécurité. Et c’est ce qu’il fallait faire, il y a 4 ans presque jour pour jour.

Aujourd’hui, dimanche 15 mars, la boule au ventre chez les soignants est de retour. Les bombes sont pourtant silencieuses.

Aujourd’hui, dimanche 15 mars, les bombes c’est nous tous !
Si l’on veut stopper ces bombes, c’est à nous de jouer car, les bombes, beaucoup d’entre nous les portent et ne le savent pas encore.
Ce lockdown 2020 n’a pas de précédent, même pas celui de 2016. L’enjeu est différent cette fois.

"Ces pieds de nez, c’est à nous soignants sur la ligne de front que vous les faites"

Cette année, les pieds-de-nez que vous faites en organisant des fêtes avec vos amis à la maison ou dans les bars clandestins, vos ruées dans les endroits publics, ces pieds de nez ne sont pas adressés à des terroristes.

Non, cette fois, en vous ruant par centaines pour vider les magasins aux mêmes moments, en nous narguant de vos photos et vidéos alcoolisés avec vos slogans "corona même pas peur", ces pieds-de-nez, c’est à nous soignants sur la ligne de front que vous les faites, aux hôpitaux qui se démènent pour éviter l’asphyxie et le chaos dus à un afflux massif de malades et l’incapacité de pouvoir tous les prendre en charge, aux citoyens qui ont du fermer les portes de leur établissement et se retrouvent au chômage économique, aux amoureux qui doivent annuler leur mariage avec l’incertitude de retrouver des disponibilités de salle et de traiteur dans les mois à venir, aux patients chroniques dans les hôpitaux qui ne peuvent avoir qu’un seul visiteur, pas un à la fois, non toujours le même visiteur durant toute la durée de son séjour, ce sont donc des grands frères qui ne peuvent pas serrer dans leurs bras leur maman ni leur petite sœur avant leur retour de la maternité, ce sont des malades en phase terminale de cancer qui doivent faire le choix de qui de leur fils ou de leur fille viendra dorénavant leur rendre visite... Et pourtant... Aucun de ces patients ne se plaint et tous acceptent ces mesures mises en place.

Ce sont donc des pieds de nez que vous faites à tous ces héros qui, à leur échelle, mettent leur petite pierre à l’édifice afin d’endiguer au plus vite cette pandémie.

Ceux qui ont la chance d’avoir la santé, par leur pied de nez au covid-19, mettent la vie de beaucoup en danger. En voulant célébrer la vie, c’est celle de nos hôpitaux et donc la nôtre que vous mettez en danger.

Aujourd’hui, dimanche 15 mars, il y a en Belgique, des malades de 30-40 ans atteints du covid-19 entre la vie et la mort, SANS antécédents aucun !
"Il n’y en a pas beaucoup" "c’est pas de bol", "une histoire de destin"... S’il vous plaît, arrêtez de faire l’autruche.

Durant ces quelques semaines, est-ce si difficile d’arrêter de poser des bombes en jouant à la roulette russe ??

Aujourd’hui, dimanche 15 mars, en rentrant de ma nuit, à fleur de peau, mon petit garçon de neuf ans m’a demandé s’il y avait déjà 1 patient atteint de coronavirus dans mon hôpital universitaire, je lui ai répondu que oui (ne lui précisant pas qu’ils étaient bien plus nombreux). Il m’a demandé alors avec une conviction que je n’avais pas envie de décevoir "mais il va guérir, hein ?" Je lui ai répondu que je ne savais pas. Puis il m’a dit cette phrase qui m’a bouleversée "Mais vous y croyez ?"

"Oui mon amour, j’y crois"

Soyez citoyens, restez chez vous avec ceux qui partagent déjà votre foyer !
Mais je vous en prie ne soyez pas des poseurs de bombes...!

Prenez soin de vous et de ceux qui vous sont chers,

Amélie

Sage-femme



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