Les maisons de repos aux mains des holdings privés

Aujourd’hui, de plus en plus de maisons de repos sont aux mains d’investisseurs privés. Le secteur des personnes Í¢gées craint que ce business du vieillissement ne soit pas compatible avec des soins de qualité et un réel accompagnement des personnes Í¢gées.
Notre dossier :
– Privatisation des soins : "La dépendance ne peut pas devenir un marché"
– Maisons de repos privatisées : quel impact sur les professionnels ?
Nous vivons de plus en plus vieux, c’est un fait. Selon les prévisions, 1 Belge sur 10 aura plus de 80 ans en 2050. La question du vieillissement de la population – et a fortiori de l’hébergement des personnes âgées – représente donc un enjeu crucial pour l’avenir. Pourtant, le secteur des maisons de repos et des maisons de repos et de soins n’est pas en bonne santé et ne répond pas à la demande croissante.
Les petites structures avalées
Dans ce contexte difficile, certains tirent leur épingle du jeu : les sociétés privées commerciales, qui voient dans le secteur de l’hébergement un business juteux : investissement à long terme sans prise de risque, demande constante... Si elles ont toujours existé- à côté des autres opérateurs des maisons de repos (les ASBL, et les CPAS) elles se taillent une place de plus en plus grande sur le marché depuis quelques années. Il faut remonter à 2005 pour trouver une explication lorsqu’une pénurie de lits a été constatée. Dès lors, des fonds ont été dégagés pour permettre la transformation de lits des maisons de repos en lits de type maisons de repos et de soins (ceci afin de respecter le moratoire sur les places en maisons de repos). « Pour cela, les établissement ont dû faire de gros frais et les petites maisons de repos, déjà commerciales pour la plupart, n’ont pas résisté. C’est alors que les holdings – de grands groupes européens - ont pris la main, voyant la manne céleste que cela pouvait représenter », rapporte Yves Hellendorf, permanent CNE. Aujourd’hui en Wallonie, 50 % des lits sont aux mains du secteur privé commercial (c’est le maximum légal). Et à Bruxelles elles constituent environ 65% des lieux d’hébergement pour personnes âgées.
Rentabilité à quel prix ?
Le secteur des maisons de repos émet ses craintes par rapport aux conséquences de cette mainmise du privé – dont par définition l’enjeu est la rentabilité – sur le bien-être des usagers. « Tout le monde ne pourra pas à l’avenir se payer un hébergement dans ce genre d’établissement », explique Anne Jaumotte, chargée de projet à ENEO, mouvement social des aînés. Et de craindre le développement d’un « système de soins de santé à deux vitesses ». D’autant que le risque est de voir ces investisseurs privés gagner le monopole de l’accueil des personnes âgées, à mesure que le financement public fait défaut, s’accordent à dire les professionnels du secteur. Ce qui ne va pas s’arranger avec le transfert des compétences prévus par la Réforme de l’Etat (qui prévoit des coupes budgétaires dans le secteur). Yves Hellendorf prévient : « On va le payer cher ! »
Manon Legrand
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