Loi vaccination obligatoire : « La déontologie centrale de nos métiers est de protéger les patients ! »
Un nouveau pas dans la réflexion autour de l’obligation vaccinale a été effectué lors du comité de concertation du vendredi 20 août. Elle fera bien l’objet d’une loi comme l’a confirmé le ministre fédéral de la santé sur les ondes de DHradio ce lundi 23 août : “On demande pour le moment les avis des partenaires sociaux, mais il faut légiférer. C’est une nouvelle loi et ça prend du temps.” Cependant, il existe encore beaucoup de zones d’ombre. Le point avec Olivier Gendebien, président de l’ACN.
[DOSSIER]
– Obligation vaccinale des soignants : les professions libérales veulent être concertées
– Le vaccin bientôt obligatoire pour le personnel soignant
La première question à élucider à propos de l’obligation vaccinale concerne les populations visées. Le secteur de la santé regroupe tout un ensemble de professionnel.le.s directement lié.e.s au soin (chirurgien.ne.s, infirmier.e.s, aides soignant.e.s...) et d’autres plus périphériques mais qui se retrouvent en contact avec les patient.e.s (assistant.e.s sociaux.ales, coiffeur.se.s...). Toutes ces personnes seront-elles égales face à l’obligation ? Et les stagiaires ? Les étudiant.e.s ? Seront-il.elles également impliqué.e.s ? Le ministre Frank Vandenbroucke n’exclut pas de différencier les travailleur.se.s de l’hôpital.
Olivier Gendebien, président de l’association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN), nous confie qu’il est essentiel que tous.te.s les professionnel.le.s soient vaccinné.e.s. “L’ACN se positionne en faveur de l’obligation vaccinale car en tant que professionnel.le.s aux formations scientifiques, on doit se baser sur l’aspect scientifique des choses, être porteurs de la science, promouvoir ses avancées et lui faire confiance. Nous avons également un devoir d’exemplarité en termes de promotion de la santé publique. De moins en moins de jeunes veulent faire des études dans le domaine de la santé. On doit donc redorer le blason de ce secteur et en donner une meilleure image à travers une attitude exemplaire et professionnelle. Enfin, la vaccination des professionnel.le.s de la santé répond également à la déontologie fondamentale de nos métiers qui est de protéger les patient.e.s.”
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Des sanctions, oui, mais lesquelles ?
Cependant, quand l’obligation sera inscrite dans les rouages législatifs, quelles sanctions pour celles et ceux qui ne la respectent pas ? C’est un point très important car il peut se révéler à contre-emploi s’il n’est pas adapté aux situations de terrain. Philippe Devos rappelle auprès de la RTBF qu’il faut être prudent quant à la pénurie d’infirmières. “Si on suit le système français disant que ceux qui ne sont pas vaccinés ne peuvent plus travailler, cela risque de mettre les soins infirmiers en difficulté dans certaines régions et hôpitaux. Et si on perd des infirmières, en termes de qualité de soins et d’encadrement des malades, on n’aura rien gagné.”
C’est également l’avis d’Olivier Gendebien. “ Il faut prendre en compte la réelle pénurie d’infirmiè-er.ère.s. Ainsi, une sanction via l’arrêt du contrat de travail est inenvisageable. La seule solution que je vois est la sanction financière mais qui également difficile à mettre en place. Quelle dimension financière va-t-elle concerner ? Les primes, les chèques repas...? Il me semble en plus que la latitude du curseur légal ne doit pas être élevé pour mettre en place de telles sanctions. Peut-être faut-il attendre d’avoir du recul sur ce qu’il se passe en France. Voir comment ils gèrent les sanctions ?”
Contrôles versus vie privée
Les dernières zones d’ombre de ce texte de loi concernent le contrôle. Olivier Gendebien insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’”avoir accès à un cadastre bien réfléchi avec des chiffres corrects. Dans les médias on parle de 70% des infirmier.ère.s vacciné.e.s mais après un calcul que nous avons effectué en prenant en compte les ratios, nous comptabilisons 85% de vacciné.e.s parmi les infirmier.ère.s. Il faut également prendre en compte qu’il y a des gens qui se font vacciner dans le cadre du travail et des gens qui se sont fait vacciner dans des centres de vaccination ce qui relève de leur vie privée et ne sont pas comptabilisés. Il est important d’avoir les vrais chiffres pour l’image de la profession mais aussi pour définir vers quel type de population doit se tourner les campagnes de sensibilisation qu’il faut continuer pour les avant-dernier.ère.s réticent.e.s”.
Il reste également à définir qui sera en charge de ces contrôles. “La question du contrôle se heurte au respect de la vie privée et au RGPD. Est-ce que c’est possible de demander une déclaration obligatoire de son statut vaccinale à son employeur ? En même temps, on doit bien montrer notre pass vaccinal à l’aéroport sans que ça soit illégal concernant le respect de notre vie privée. Le souci que cela pose est qui mandat-on pour contrôler et mettre en place la vaccination au niveau local. La médecine du travail par exemple ? En tout cas, il est important que les politique nous fassent participer aux débats, qu’ils prennent en compte nos connaissances du terrain”, conclut le président de l’ACN.
T.A
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