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Petite enfance : l’ONE dresse un état des lieux

15/09/22
Petite enfance : l'ONE dresse un état des lieux

L’objectif en Fédération Wallonie-Bruxelles est de créer plus de 5.200 nouvelles places d’accueil pour la petite enfance d’ici 2025. Alors qu’un appel à projets est toujours en cours, Le Guide Social s’est entretenu avec Sylvie Anzalone, porte-parole de l’ONE, pour en savoir plus sur l’état du secteur.

Plus de 5.200 nouvelles places en crèche subventionnées, c’est l’objectif fixé en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) à l’horizon 2025. Des accords sur des subsides et aides à l’emploi ont été conclus entre la FWB, la Wallonie, la Région de Bruxelles-Capitale et la COCOF pour participer en commun à la création de ces nouvelles places d’accueil.

Un appel à projets est en cours jusqu’au 30 septembre 2022 en Wallonie et au 31 octobre 2022 en Région bruxelloise. À cette occasion, Le Guide Social s’est entretenu avec Sylvie Anzalone, porte-parole de l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance), pour en savoir plus sur l’état du secteur de la petite enfance et les actions mises en place.

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"Dans l’idéal il faudrait une place par enfant"

Le Guide Social : Où en sommes-nous aujourd’hui au niveau des places d’accueil dans la petite enfance ?

Sylvie Anzalone : Les chiffres que nous avons à disposition sont ceux du 31 décembre 2020. Les chiffres du 31 décembre 2021, qui existent déjà, ne pourront être diffusés qu’après être passés par l’organe d’administration de l’ONE et par le Parlement, ce qui est en cours. Mais dans le fond, il n’y a pas de différence phénoménale.

De manière globale en Fédération Wallonie-Bruxelles, il y a environ 47.000 places d’accueil – le nombre de places d’accueil étant différent du nombre d’enfants – avec environ 26.000 places en milieux d’accueil collectif subventionnés, 11.000 en milieux non-subventionnés, 8.500 en accueillant.es salarié.es, et 2.000 en accueillant.es autonomes.

En ce qui concerne le taux de couverture, c’est-à-dire le rapport entre le nombre total de places ouvertes et une estimation du nombre d’enfants en âge de fréquenter les milieux d’accueil (entre 0 et 2,5 ans), c’est dans le Hainaut et à Liège qu’il est le plus bas, avec un peu plus de 30%. Bruxelles aussi enregistre un manque de places d’accueil avec 36%.

Le Brabant wallon a un taux de couverture de 53,5%, le Luxembourg et Namur un taux légèrement supérieur à 40%.

Le Guide Social : Cela veut dire qu’il y a un manque de places dans le Brabant wallon ?

Sylvie Anzalone : Non, car il faut prendre en considération certains facteurs importants comme le besoin des familles, le taux d’occupation... Même si c’est le droit de l’enfant d’avoir une place d’accueil, que les parents travaillent ou pas.

Dans l’idéal il faudrait une place par enfant mais on sait que tous les enfants n’ont pas besoin d’une place car ce n’est pas toujours un choix parental de les placer en crèches. Certains préfèrent les confier à la famille.

Il faut aussi séparer les milieux subventionnés, où les parents paient une participation financière parentale (PFP) qui dépend des revenus, et les non-subventionnés où le montant forfaitaire n’est pas fonction du revenu (tout le monde paie le même prix, peu importe le salaire). Dans le Brabant wallon, fin 2020, 22,3% des milieux d’accueil étaient non conventionnés et 31,2% étaient subventionnés. C’est quasiment moitié-moitié alors que dans les autres provinces il y a toujours davantage de milieux d’accueil subventionnés. Le fait de placer ou non l’enfant en crèche n’est donc pas toujours un réel choix.

Appel à projets : "Les places ne seront pas créées en six mois car beaucoup doivent construire ou réaliser des travaux importants"

Le Guide Social : Qu’est-ce que l’ONE met en place pour augmenter les places d’accueil ?

Sylvie Anzalone : Il y a d’abord les plans Cigogne : le gouvernement met à disposition une enveloppe budgétaire pour la création de places d’accueil sur un certain nombre d’années. Il faut savoir que l’ONE octroie les subsidiations au personnel et les Régions wallonne et bruxelloise pour les infrastructures.
Pour le plan Cigogne 2021-2026, l’objectif est de créer plus de 5.200 places d’ici 2025 (3.143 en Wallonie et 2.100 à Bruxelles) qui appliqueront la PFP. Les porteurs de projet ont jusque fin septembre ou fin octobre [selon les Régions, NDLR] pour rentrer leurs projets.

A travers la réforme accueil (MILAC), il y a également eu une transformation de crèches non subventionnées en crèches subventionnées, avec une possibilité d’augmentation de places au multiple de sept, donc minimum 14 places puis 21 places, etc. Dans toutes les provinces et à Bruxelles, on a observé une augmentation de places : lorsqu’une crèche avait l’infrastructure adéquate et un projet pédagogique adaptée elle pouvait passer à 21 places.

Le Guide Social : Un appel à projets est en cours pour la création des 5.200 nouvelles places, combien de temps faudra-t-il avant leur ouverture ?

Sylvie Anzalone : Une fois les dossiers reçus, une cellule de l’ONE s’occupe de vérifier la recevabilité. C’est important de s’assurer qu’il s’agit d’une réalité faisable, sinon nous bloquons de l’argent pour un projet qui ne fonctionne pas. Ensuite, il y aura un classement des projets sur la base de certains critères.

Si le nombre de places octroyées est inférieur au nombre de places demandées, l’ONE pourra limiter le nombre de places par projet. Pour le reste, il n’y a pas encore de planning précis. Je pense qu’il sera disponible quand tous les projets auront été déposés.

Quoi qu’il en soit, les places ne seront pas créées en six mois car beaucoup doivent construire ou réaliser des travaux importants. À Bruxelles, certaines places seront prêtes car il y a des bâtiments qui sont déjà plus ou moins aux normes.

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"Il y a des efforts à faire pour valoriser la fonction d’accueillante autonome"

Le Guide Social : Quelles sont les difficultés liées à l’augmentation des places d’accueil ?

Sylvie Anzalone : Le manque de place n’est pas nouveau mais aujourd’hui, il faut encore affiner l’analyse du besoin et c’est l’une des stratégies de l’ONE.
En effet, l’ONE a mis en place le site « Premiers Pas » qui permet aux parents d’avoir une idée du nombre de places restantes dans tel milieu d’accueil en temps réel, à condition bien sûr que les milieux d’accueil mettent à jour leurs données sur le site. Bientôt, il sera possible faire des pré-demandes d’inscription (et non pas des inscriptions) sur le site. L’un des objectifs à l’ONE, il faut encore affiner le programme, sera de voir dans quel secteur géographique il y a davantage de besoins et donc affiner notre connaissance.

Par exemple : le Hainaut et Liège ont le taux de couverture le plus bas mais est-ce que tout le Hainaut a besoin de places d’accueil ? Probablement pas. Il y a certainement des milieux d’accueil qui n’ont pas une liste d’attente phénoménale.
Le Guide Social : On constate également une pénurie d’accueillant.es d’enfants.
Sylvie Anzalone : Globalement, nous avons remarqué une diminution des accueillant.es autonomes due à des fins d’activités - des départs à la retraite ou changement de vie - qui ne sont pas nécessairement compensés. Tout cela est encore récent et nous n’avons pas une vue suffisamment méta. Le COVID a aussi laissé des impacts mais là encore, il faut un peu plus de recul.

Il y a des efforts à faire pour valoriser la fonction d’accueillante autonome, le fait d’être seule à la maison avec des enfants peut apparaitre comme un frein.
Dans le cadre de la réforme MILAC, de plus en plus d’accueillant.es conventionné.es avec un service sont désormais salarié.es (des passages sont encore en cours) et ont un meilleur statut, ce qui peut déjà rendre la profession plus attractive.

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Le Guide Social : Est-ce que d’autres professions de la petite enfance connaissent une pénurie ?

Sylvie Anzalone : Pas à ma connaissance. Je n’ai pas entendu que des milieux d’accueil avaient des problèmes pour engager des puéricultrices par exemple. Mais c’est vraiment un secteur en mouvance, il faudra voir ce que les chiffres de fin 2021 nous racontent.

"Les milieux d’accueil doivent répondre à un code de qualité qui concerne l’accueil de l’enfant mais qui fait également réfléchir au travail d’équipe, à l’aménagement des locaux..."

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"Pour que l’accueil se passe bien pour tout le monde, y compris pour le personnel..."

Sylvie Anzalone : L’ONE veut toujours un accueil de qualité pour les enfants. Pour cela, pour être autorisés par l’office, les milieux d’accueil doivent répondre à un code de qualité qui concerne l’accueil de l’enfant mais qui fait également réfléchir au travail d’équipe, à l’aménagement des locaux... Pour que l’accueil se passe bien pour tout le monde, y compris pour le personnel.

L’accompagnement des milieux d’accueil s’est intensifié. À l’ONE, il y a des coordinatrices accueil, pour contrôler et accompagner les milieux d’accueil, et des conseillers pédagogiques. À côté de ces ressources, il y a également des formations qui sont proposées.

Le Guide Social : Comment l’ONE intervient auprès des milieux non-conventionnés ?

Sylvie Anzalone : Pendant le COVID, des aides ont été fournies pour compenser le manque à gagner des milieux d’accueil. Aujourd’hui, dans le cadre du plan Cigogne, l’ONE intervient à travers un soutien financier dans le personnel de direction au niveau des subsidiations.

Le Guide Social : L’inflation n’épargne pas les milieux d’accueil, comment sont-ils impactés ? Et comment peut intervenir l’ONE ?

Sylvie Anzalone : Par rapport aux milieux d’accueil, nous n’avons pas encore de regard. C’est encore un peu prématuré. Quant à la crise énergétique, je sais qu’il y a des discussions en cours mais pas encore de décision.

Propos recueillis par Caroline Bordecq



Commentaires - 2 messages
  • Soit votre article a été rédigé il y a bien longtemps, soit Mme Anzalone pourrait se mettre à jour. Le secteur de la petite enfance va très mal. Le manque de personnel est criant, nous fonctionnons en personnel réduit n'arrivant pas à recruter, les écoles ou centres de formation voient les demandes d'inscription chuter,...
    Sans parler de toutes les problématiques de financement, du manque de formation et de reconnaissance, du manque de place,...

    Helloàtous jeudi 15 septembre 2022 11:05
  • Il est totalement clair que de nombreux accueillants indépendants cessent leurs activités et donc que les places sont en chute libre.
    Ceci est le résultat de techniques de pression et d'intimidation de la part des agents conseils qui se comportent comme contrôleurs uniquement et non comme soutien envers l'accueillant. L'image de l'indépendant est en permanence égratigné sur base du concept que l'enfant appartient selon l'ONE à la société, et qu'il n'est pas, je cite : de la marchandise. Le dogme mis en place à pour effet de mener à l'abandon de la profession suite au harcèlement moral permanent. La stigmatisation devient insupportable.

    Nathfi jeudi 2 mars 2023 23:41

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