Salles de consommation pour toxicomanes, s'ouvriront-elles un jour en Belgique ?

Les salles de consommation – ou, terme plus réducteur, les "salles de shoot"- ont ouvert leurs portes dans plusieurs pays. En Belgique, le projet est régulièrement mis sur la table par les acteurs associatifs du secteur de la toxicomanie mais le sujet est très sensible.
– Salles de consommation de drogues : un outil de « promotion à la santé »
– Désintox’ à l’héroïne médicale : le projet TADAM à Liège
La terminologie serait-elle déjà l’indice de tensions sur le sujet ? Si les détracteurs les appellent plutôt « salles de shoot », le terme le plus représentatif (et couramment) utilisé est « salles de consommation de drogue à moindre risque » (SCMR) appelées aussi « salles d’injection supervisée ». Ces infrastructures permettent aux usagers de drogue les plus marginalisés de consommer leurs propres produits dans un cadre sain -matériel stérile et présence de professionnels de la santé (psychologues, infirmiers, assistants sociaux,...) - non jugeant et sans risque (la police n’a pas le droit de les arrêter). On compte aujourd’hui une petite centaine d’infrastructures dans divers pays européens (Pays-Bas, Suisse, Luxembourg et Allemagne notamment) mais aussi au Canada et en Australie. En France, où le débat est vif, une salle de consommation devrait prochainement ouvrir ses portes à Paris. Et en Belgique ?
Soutien du secteur
Plusieurs études (Rapport de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies sur les salles de consommation, Rapport d’eurotox sur l’usage de drogues en Fédération Wallonie-Bruxelles 2011-2012, démontrent que ces expériences sont concluantes tant pour l’usager – réduction des overdoses, meilleur accès aux soins, réduction des risques en matière de transmission de l’hépatite C et du VIH - que pour la collectivité, engendrant notamment une réduction des nuisances publiques et même des économies dans le secteur de la santé publique. C’est pourquoi les acteurs du secteur de la toxicomanie sont en général favorables à ce type de structures.
Le monde politique frileux
Pour des questions éthiques – « ces lieux légaliseraient-ils, voire encourageraient-ils les drogues ? »- mais surtout légales. L’ouverture des salles se heurte en effet à une loi de 1921 qui punit la mise à disposition d’un local pour les consommateurs de stupéfiants. Bien décidé à lever cet obstacle, le bourgmestre de Liège et sénateur socialiste Willy Demeyer a déposé une proposition de loi en décembre 2013, visant à donner un cadre légal aux salles de consommation et à l’héroïne médicale (un autre projet testé durant deux ans à Liège qui s’est clôturé en ce début d’année). Si les associations le soutiennent, il lui faudra convaincre ses pairs – même au sein de son camp - et l’opinion publique…
Ressources :
Plateforme de réduction des risques. Elle regroupe plusieurs acteurs issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles : Modus Vivendi, Les Fédérations des Institutions pour Toxicomanes, La Ligue des Droits de l’Homme, Le Centre d’Action Laïque,http://reductiondesrisques.be/ La Liaison Antiprohibitionniste.
Plateforme mondiale pour les salles de consommation à moindre risque : rassemble de nombreuses ressources pour suivre l’actualité des salles de consommation à moindre risque dans le monde (publications, agenda des colloques...)
Manon Legrand
N’hésitez pas à participer, commenter et réagir sur notre site ou Forum.
Commentaires - 1 message
Ajouter un commentaire à l'article