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Pourquoi le torchon brûle-t-il entre les psychologues et la Compsy ?

27/11/19
Pourquoi le torchon brûle-t-il entre les psychologues et la Compsy ?

Il est vrai qu’actuellement l’augmentation demandée aux psychologues pour être enregistrés annuellement à la Commission des Psychologues (ComPsy) fait grand bruit et suscite l’incompréhension dans la communauté des psychologues. Elle avait déjà augmenté l’année dernière (de 50 à 65 Euros) et cette année 2020, cet enregistrement passe à 95 euros !

[DOSSIER]
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Les associations professionnelles comme l’Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones, l’UPPCF et son pendant néerlandophone (VVKP) ont manifesté leur incompréhension mais elles n’ont pas été entendues suffisamment. Cela a renforcé les positions divergentes entre la Commission et plusieurs associations professionnelles, conflit favorisé par l’évolution rapide de la profession du psychologue clinicien ces trente dernières années.

Si la Commission a été créée pour protéger le titre en 1993, elle a dû évoluer, notamment en 2014 en étendant ses missions, par exemple en édictant le code de déontologie et en structurant les organes disciplinaires imposés légalement. En toute logique, le code de déontologie s’appliquant à toute personne portant le titre de psychologue (article 1), la Commission aurait dû aussi adapter ce dernier pour qu’il s’applique aussi à toute personne exerçant la psychologie clinique. Il s’agit du genre d’adaptation requise pour se structurer en Ordre pour tous les psychologues comme ce fut le cas pour d’autres professions libérales, en traitant les plaintes des patients/clients, en respectant les missions des associations professionnelles des psychologues et en développant des liens de collaboration plus structurés avec ces dernières.

Du côté associatif, cette évolution nécessite de plus en plus une adaptation dans le sens de la défense de chaque psychologue et du soutien quasi syndical de ses membres. Elle doit aussi disposer des ressources nécessaires pour mieux collaborer avec la ComPsy.

Nouer des liens de collaboration plus structurés

Il nous paraît donc primordial que des liens de collaboration plus structurés se nouent entre l’UPPCF et la Commission des Psychologues. Par exemple, s’il est vrai que les membres des séances plénières de la Commission sont constitués de psychologues mandatés par les associations, leurs fonctions sont devenues plus floues, voire caduques avec la complexification de la profession. La loi de 1993 sur le port du titre de psychologue prévoit la création d’une séance plénière dont la mission essentielle est de statuer sur des demandes d’enregistrement, ce qui est plus complexe pour les diplômes émanant d’une université étrangère, par exemple.

Depuis 2014, la Commission se voit attribuer des missions qui sont de plus en plus celles d’un Ordre et le nombre des membres a crû énormément. Son chiffre d’affaires en 2018 va aller bien au-delà au million d’Euros annuels ! Une gestion plus complexe aurait été nécessaire et serait à revoir avec les ministères concernés, la direction de la ComPsy et des représentants qualifiés des associations professionnelles.

Ces évolutions législatives et budgétaires n’ont pas été accompagnées par des adaptations indispensables dans le management de la Compsy. On ne peut donc demander aux psychologues mandatés par les associations professionnelles pour les séances plénières de se positionner en toute connaissance de cause en matière de gestion administrative et financière ou de stratégie politique. Ce n’est pas de leur compétence et expertise. Ils ne sont pas à même de pouvoir critiquer ou approuver un bilan financier et un budget prévisionnel. Pour effectuer un contrôle efficace, les associations professionnelles doivent mandater d’autres personnes qualifiées et idéalement cela devrait s’opérer dans un organe comparable au conseil d’administration d’une entreprise. Pour un organe de droit public comme la Compsy, cela nécessiterait un comité de pilotage regroupant la direction de cet organe, des représentants du ministère dont elle dépend et des représentants qualifiés des associations professionnelles. Le ministre de tutelle et la direction de la Compsy doivent donc entamer une adaptation en profondeur des modalités de gestion en collaboration avec les associations professionnelle représentatives.

Un conflit de compétences entre ministères

Pourquoi cela pose-t-il tant problème actuellement ? Si la loi sur l’exercice de la psychologie clinique promulguée en 2016 signe une avancée très conséquente pour la profession qui se voit enfin reconnue comme profession de santé, une conséquence est le fait que les psychologues exerçant la psychologie clinique dépendent pour l’exercice de leur profession du Ministère de la Santé Publique. Les psychologues cliniciens et la Commission des psychologues se retrouvent victimes d’un conflit de compétences entre ministères. En effet, l’Ordre est-il celui des psychologues sous la tutelle du Ministère des Classes Moyennes ou celui des psychologues cliniciens sous la tutelle du Ministère de la Santé ? Les avis peuvent diverger tant au sein des ministères concernés que des psychologues eux-mêmes…

En conclusion, pour mener à bien les adaptations complexes mais nécessaires, la direction de la Commission des Psychologues devrait s’engager à collaborer avec des représentants du Ministère des Classes Moyenne, avec les représentants dûment qualifiés des associations professionnelles représentatives (dont l’UPPCF) dans le respect des lois… et si possible avec des représentants du Ministère de la Santé.

Thierry Lottin,
Vice-président UPPCF



Commentaires - 7 messages
  • C'est bien, nous avons lu entièrement votre constation, nous avons en effet été très interpellé par cette augmentation qui Í  votre lecture, nous laisse quand même dans l'obligation de payer pour pouvoir être reconnu Í  notre juste valeur et pour que les patients puissent bénéficier d'un remboursement auprès de leur mutuelle pour l'année Í  venir (2020). Donc Í  l'heure actuelle nous sommes toujours dans l'incompréhension.

    Ldde jeudi 28 novembre 2019 11:45
  • Je vous invite vivement Í  aller lire ce qui a été écrit récemment sur le sujet en allant sur le lien pro.guidesocial.be/articles/actualites/commission-des-psychologues-la-hausse-de-la-cotisation-fait-polemique

    Brigitte Dohmen

    Brigitte Dohmen vendredi 29 novembre 2019 16:01
  • En fait Madame Dohmen,
    Je râle ! car comme vous le faites depuis plus de 20 ans, vous invitez Í  la polémique en vous appuyant sur des faits interprétés et déformés pour parvenir Í  vos fins dont : éviter l'introduction de la psychologie clinique dans les professions de soins de santé.
    Quand comprendrez-vous que la médecine n'est pas la santé, que la psychiatrie n'est pas la santé mentale. Il est crucial de s'y insérer pour s'y faire exister et respecter.
    SVP, avençons et cessons de polémiquer inutilement....

    Thierry Lottin

    psyberty dimanche 1er décembre 2019 15:56
  • Non, Monsieur Lottin, vous avez tout faux !
    Je ne cherche pas Í  faire de la polémique et je ne me suis pas opposée au fait que la psychologie clinique soit une profession de santé, loin de lÍ . J'ai d'ailleurs participé aux négociations avec plusieurs ministres de la santé pour qu'elle le devienne. Seulement, je me suis toujours battue pour qu'elle soit reconnue comme une profession autonome, sur un pied égalitaire avec les médecins. Je me suis toujours battue contre une paramédicalisation de la psychologie clinique, même de fait. Je me suis toujours battue pour que la santé mentale ait une vraie place dans le domaine de la santé et que les psychologues y soient bien reconnus. Rappelez-vous que j'avais proposé la création dans l'AR 78 d'un chapitre spécial consacré Í  la santé mentale. Proposition que vous avez combattue.
    Si faire de la polémique est dénoncer la désinformation et la manipulation de nos collègues,alors oui j'en fais et je continuerai Í  en faire, ne vous en déplaise !
    Brigitte Dohmen

    Brigitte Dohmen mardi 3 décembre 2019 14:53
  • Madame Dohmen,
    Ma réponse sera brève car nous avons , vous et moi besoin de notre énergie ailleurs que dans ces débats stériles.
    Je peux reprendre Í  mon compte tout votre propos : moi aussi je me bats pour l'autonomie du psychologue et pour que la santé mentale soit reconnue au sein de la santé; comme quoi nous sommes plus proches que peut-être vous ne l'imaginez.
    LÍ  où nous divergeons, c'est en termes de moyens. Si je me suis opposé Í  la création d'un chapitre spécial sur la santé mentale au sein de l'AR 78, c'est parce qu'il est plus facile Í  mes yeux d'aller dans le sens que nous souhaitons tous deux (reconnaissance et autonomie du psychologue au sein du monde la santé) en nous insérant au sein du monde de la santé. C'est de lÍ  que nous pourrons nous défendre (et pas de l'extérieur) pour mieux l'influencer et obtenir la place qui nous revient sans nous laisser paramédicaliser; au contraire en redéfinissant la place que doit occuper chaque profession de santé dans un travail en réseau. Au fil des années, la place ( jusqu'ici prépondérante) du médecin sera elle aussi redéfinie Í  la mesure d'une évolution qui veut la médecine n'est pas la santé et que la santé mentale est indissociable de la santé. Je crois même que nous pourrions nous allier pour combattre ensemble, vous de l'extérieur comme vous le faites et nous de l'intérieur comme nous le faisons.
    Je serais heureux de vous rencontrer Í  cette fin.

    Thierry Lottin

    psyberty jeudi 5 décembre 2019 08:52
  • Madame Dohmen,
    Ma réponse sera brève car nous avons , vous et moi besoin de notre énergie ailleurs que dans ces débats stériles.
    Je peux reprendre Í  mon compte tout votre propos : moi aussi je me bats pour l'autonomie du psychologue et pour que la santé mentale soit reconnue au sein de la santé; comme quoi nous sommes plus proches que peut-être vous ne l'imaginez.
    LÍ  où nous divergeons, c'est en termes de moyens. Si je me suis opposé Í  la création d'un chapitre spécial sur la santé mentale au sein de l'AR 78, c'est parce qu'il est plus facile Í  mes yeux d'aller dans le sens que nous souhaitons tous deux (reconnaissance et autonomie du psychologue au sein du monde la santé) en nous insérant au sein du monde de la santé. C'est de lÍ  que nous pourrons nous défendre (et pas de l'extérieur) pour mieux l'influencer et obtenir la place qui nous revient sans nous laisser paramédicaliser; au contraire en redéfinissant la place que doit occuper chaque profession de santé dans un travail en réseau. Au fil des années, la place ( jusqu'ici prépondérante) du médecin sera elle aussi redéfinie Í  la mesure d'une évolution qui veut la médecine n'est pas la santé et que la santé mentale est indissociable de la santé. Je crois même que nous pourrions nous allier pour combattre ensemble, vous de l'extérieur comme vous le faites et nous de l'intérieur comme nous le faisons.
    Je serais heureux de vous rencontrer Í  cette fin.

    Thierry Lottin

    psyberty jeudi 5 décembre 2019 08:52
  • LAST MINUT

    - Je reçois une demande de paiement par mail. Or, je revendique le droit à le déconnexion.
    - Lorsque je prends conscience de ce mail, je paie les 95 euros.
    - Rien en vient ! J'interpelle donc la Commission. On finit par me dire que je suis en retard et que je dois payer un supplément de 15 euros.
    - Je tente d'expliquer, la situation. Rien n'y fait, je dois payer le supplément.
    - Je demande alors le remboursement de mon versement. La Commission refuse.
    - Un membre de la Commission me téléphone et me demande de rappeler.
    - Je rappelle. Je tiens fermement ma position et disant - poliment - ma façon de penser et on me répond que je les harcèle ! (Je ne les ai jamais appelé qu'un seule fois et à leur demande).

    QUE FAIRE ????????

    quechoisiralors mardi 22 mars 2022 13:48

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