Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

La Cellule PRE-RAD, prévention du processus de radicalisation violente

03/01/18
La Cellule PRE-RAD, prévention du processus de radicalisation violente

Ces 3 dernières années, notre pays a été marqué au fer rouge par des attentats terroristes qui ont couté la vie à des hommes et des femmes. En tant qu’acteur de la santé mentale, nous faisons face à de nombreuses interrogations cliniques sur le processus de radicalisation violente et les ressources à notre disposition pour y répondre. Hadelin Feront, coordinateur de la Cellule PRE-RAD nous apporte son éclairage sur cette problématique.

Y a-t-il des signes précurseurs de la radicalisation ? Que faire face à des signes de radicalisation ? Comment soutenir les proches et les familles de jeunes qui se radicalisent ? Vers quel service un professionnel peut-il s’orienter ? Voilà un panel de questions qui taraudent nombre d’intervenants psycho-sociaux lorsqu’ils se retrouvent face à un public plus vulnérable. Les intervenants de la Cellule PRE-RAD offrent des pistes de réflexion, des modules de formation et un accompagnement tant au niveau des professionnels que du public concerné.

Les signes précurseurs

Parler de signes précurseurs de la radicalisation reviendrait à réduire ce processus à une causalité très linéaire. Néanmoins, certains éléments doivent attirer l’attention des professionnels. Hadelin Feront exhorte « à ne pas banaliser chez un individu la présence de propos intolérants, qui légitiment la violence, déshumanisent les autres, reflètent un sentiment d’injustice, un rejet de la société et de ses principes démocratiques ». Le coordinateur de la Cellule PRE-RAD souligne également « la dimension multifactorielle du processus. Pour qu’on puisse parler d’un processus de radicalisation : il faut qu’il y ait au départ des vulnérabilités, il faut qu’il y ait un incident de vie (c’est-à-dire quelque chose qui va venir bouleverser les points de repères et exposer ces vulnérabilités) et puis il faut qu’il y ait le contexte, c’est-à-dire que dans l’environnement social, familial, de pairs ou des réseaux sociaux du sujet, il y ait également l’opportunité d’entrer en contact avec une idéologie extrémiste et si ces 3 conditions sont réunies, il y a réellement un risque. »

Que faire

H. Feront rappelle qu’ « il est important de ne pas rester seul avec cette inquiétude ». Recourir aux services offerts par la Cellule PRE-RAD peut aider le professionnel à nuancer, confirmer ou infirmer son inquiétude. Pré-Rad est une équipe de professionnels de secteurs différents qui apporte de l’information, assure la prévention et l’accompagnement des professionnels ou des familles inquiètes face à un risque de processus de radicalisation violente. H. Feront souligne que « ces inquiétudes peuvent découler d’un discours dans lequel s’exprime de la violence, de la haine, de l’intolérance, voire l’intention d’utiliser de la violence par rapport à une idéologie quelle qu’elle soit. »

Fonctionnement la Cellule de PRE-RAD

H. Feront explique que « l’équipe va accueillir avec une écoute bienveillante les inquiétudes du professionnel et/ou du proche de la personne concernée. Un premier travail d’analyse permet de pouvoir établir quels faits concrets accréditent l’hypothèse d’une radicalisation violente ». H. Feront souligne également « l’importance de ne pas faire des amalgames. Afin d’éviter cet écueil, il faut donc avoir une méthode d’analyse objective, se concentrer sur des faits concrets, savoir comment les mettre en relation, discerner ce qui est signifiant et ce qui ne l’est pas ». Si après cette analyse, la situation relève d’un risque de radicalisation violente, les intervenants de la Cellule PRE-RAD prendront le temps de contextualiser davantage la situation de la personne, et d’accompagner le professionnel ou la personne concernée. Les intervenants de la Cellule PRE-RAD ne travaillent pas seuls, mais avec un large réseau de partenaires d’intervention, ce qui leur permet d’offrir la réponse la plus adéquate à la demande qui leur est adressée. Si la situation ne relève pas d’un processus de radicalisation, la Cellule PRE-RAD orientera la demande vers un autre service habilité à y répondre.

Autres types d’intervention de la Cellule PRE-RAD

La Cellule PRE-RAD se veut avant tout un service de prévention et de cohésion sociale. Comme H. Feront le rappelle, « il s’agit avant tout de travailler sur la polarisation de la société et ce avec tous les acteurs de la société ». Hormis le soutien aux professionnels (enseignants, éducateurs, intervenants psyho-sociaux…) et au public concerné, la Cellule PRE-RAD offre gratuitement des sessions d’information, des séances de formation et organise des rencontres avec des associations se situant sur la commune de Bruxelles. Si la gratuité est de mise à Bruxelles, la Cellule PRE-RAD peut également intervenir dans d’autres communes si la demande lui est adressée. La Cellule PRE-RAD est également présente sur internet avec la volonté de rendre ses outils accessibles à ceux qui le souhaitent (petites capsules vidéos). Et pour 2018, la Cellule PRE-RAD espère pouvoir offrir des séminaires thématiques sur des questions de prévention primaire et secondaire, ainsi que d’aborder la question de la polarisation au travers d’une journée de travail où différentes associations seront mises à l’honneur.

V.B, psychologue clinicienne

[A lire]

 Petits bébés, grands oubliés, toujours d’actualité ?
 Doit-on tout supporter ?
 Le testing, à quelles fins ?
 Être bénévole, une vocation ?
 Que fait-on des productions des enfants en thérapie ?
 ACS, préavis en 7 jours... violences aux patients et aux collègues !
 Bru Stars, nouveau-né suite à la réforme des soins de santé
 Je voulais devenir famille d’accueil, mais n’ai pu être que psychologue
 Formateur ou gourou ?
 La co-intervention dans le travail thérapeutique
 Miroir sans tain et filmer les entretiens, des outils pour qui ?
 Recherche ou clinique… il faut trop souvent choisir !
 Quand les bouffées d’oxygène disparaissent
 Hôpital pédopsychiatrique : durée de séjour maximum 3 ans !
 Parent’aise, un nouveau lieu d’accueil dans les Marolles
 S’expatrier en tant que psychologue, une aventure...
 Quand le psy et le judiciaire se rencontrent, quels enjeux autour d’une expertise ?
 Quand une équipe psychosociale se lance dans l’organisation d’un colloque… Défi ou folie !
 Le travail thérapeutique avec un interprète, un véritable défi
 Trisomie 21, vers quel enseignement s’orienter ?
 Psychologue et éducateur... Deux visions d’une même réalité ?
 Institution d’Aide à la jeunesse... 18 ans et après ?
 Le remboursement des soins de logopédie, réservé à l’élite intellectuelle ?
 Un an après… Du sentiment d’inutilité à la réflexion
 Ouverture d’une antenne de l’équipe SOS enfants-ULB
 MGF : lancement de la plate-forme européenne UEFGM



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour