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Les critiques : constructives ? Légitimes ? Inutiles ? Tout dépend...

04/09/19
Les critiques: constructives ? Légitimes ? Inutiles ? Tout dépend...

Ces dernières années, j’ai eu le sentiment que de nombreux outils peinaient à voir le jour et que certains professionnels évitaient de parler de leurs pratiques. Je me suis interrogé sur ces réticences. J’en ai conclu qu’une des raisons c’est la crainte d’être jugé, mêlée à celle d’être interpellé sur nos compétences. « Si je ne produis rien et si je ne dis rien, on ne pourra pas me critiquer ».

Oser !

Je pense que le plus important c’est de rappeler aux travailleuses et aux travailleurs qu’ils et elles peuvent (doivent ?) oser. Cela ne veut pas dire faire n’importe quoi. La déontologie, l’éthique, le travail en équipe et la transparence font partie intégrante des pratiques. Dès lors que l’on respecte les bases essentielles du travail socio-pédagogique, il faut essayer. Il en va de même pour les publications et les productions.
Il faut tenter quitte à se planter. Ne rien mettre en place ou ignorer des situations sera toujours dommageable. Oser ne veut pas dire foncer tête baissée, faire cavalier seul ou ne rien écouter. L’idée est d’avancer de manière déterminée et de faire notre possible pour que nos actions apportent une plus-value.

À propos des pratiques

Lorsque l’on parle des pratiques, on touche un sujet sensible. Il m’arrive d’être profondément blessé par une critique émise sur ce que je mets en place. Je le vis comme une remise en question de mes compétences et de ma légitimité. J’ai parfois l’impression que ce sont mes valeurs professionnelles qui sont mises à mal.

Par exemple, il m’est arrivé qu’on me demande : « Oui mais pour qui tu fais ça ? ». Question pertinente car elle interroge ma motivation et l’endroit où je place les enjeux. Au-delà de cet aspect, cette petite phrase peut avoir un effet nocif. La frontière peut être mince et dépend de mon état d’esprit. Selon la situation et les personnes, la même phrase aura un impact bien différent.
Dans un cadre sécurisé, avec des personnes qui désirent collaborer voire coopérer, l’interrogation est au pire vexante mais ouvre à une réflexion. Dans une dynamique où se jouent des jeux malsains, cela décrédibilise la personne critiquée. Pire encore, des pratiques imparfaites peuvent être remisées malgré leur pertinence.

Au sujet des outils

Pour les outils pédagogiques, la question est différente. Personnellement, je me suis beaucoup posé de questions. « Suis-je légitime ? Mes compétences sont-elles suffisantes pour parler de ce sujet ? Est-ce compréhensible et utile ? » Je me suis aussi inquiété du fait qu’on puisse me critiquer, ou se servir de ma production pour me remettre en cause. A cela s’ajoute la peur de passer à côté de mes objectifs ou de ne pas obtenir la reconnaissance de mes pairs et/ou de ceux à qui j’adresse ma production.

Signer un texte ou un outil, c’est s’engager et s’exposer ! C’est prendre le risque que des détracteurs se fassent connaître. C’est assumer nos prises de position et prendre un risque. Cependant, je crois que le jeu en vaut la chandelle. Il est toujours positif de contribuer à faire évoluer les pratiques et proposer des pistes d’amélioration pour nos actions. Enfin, lorsque l’on tombe juste, que les retours sont bons, il y a un phénomène de renforcement positif très fort, dont je ne me lasserai jamais.

Qui parle ? Et pourquoi ?

Sans me lancer dans une longue liste exhaustive de situations, je pense qu’il faut s’interroger sur qui parle et pourquoi. Dans les textes que j’ai écrits, j’ai parfois eu des réactions violentes voire insultantes. Parallèlement, dans ma carrière, de nombreuses critiques m’ont fait avancer. Soit parce qu’elles m’ont fait évoluer, soit parce qu’à l’issue d’une réflexion sérieuse, elles m’ont renforcé dans mes positions.

Autant que possible, je m’abstiens de répondre à l’insulte ou de discuter avec des polémistes. Lorsqu’il y a désaccord, j’expose mon avis sans forcément chercher à convaincre. Je réfléchis lorsque les remarques tendent à offrir une plus-value. Au final, ce qui change tout, c’est les perspectives offertes et la motivation de la personne qui critique. Ceux qui veulent nuire ou démonter ne proposent rien, n’écoutent rien et n’expliquent rien. Ils restent dans l’affrontement. Les autres prennent du temps pour comprendre, soutenir et lorsque c’est possible, ils s’impliquent.

Perceval CARTERON - éducateur

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