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"Travailleur social " : fourre-tout institutionnalisé

16/12/19

Assistant social, éducateur spécialisé, psychologue, ergothérapeute … Tant de professions regroupées sous l’appellation unique, volontairement vague et floue de « travailleur social ». Des métiers dont on oublie les spécificités, au point de demander à l’un d’endosser le costume et le rôle de l’autre. Des travailleurs de qui on exige de plus en plus de devenir des couteaux suisses de l’aide à la personne.

En 2005, j’ai été diplômée éducatrice spécialisée en accompagnement psycho éducatif. Un titre ronflant pour une fonction pour laquelle je n’ai … jamais été engagée. A la place, j’ai connu des postes de «  collaboratrice sociale », « travailleuse sociale », « accompagnatrice sociale » et j’en passe. Autant de dénominations pour des métiers parfois hybrides et qui ne correspondent plus toujours aux formations données aux futurs travailleurs.

Des frontières floues

Il y a quelques années, les professions du social étaient nettement définies : l’éducateur accompagnait dans le quotidien, l’assistant social au niveau de l’administratif, le psychologue proposait une thérapie, l’ergo aidait à la rééducation, etc. Dans certains secteurs et au sein de certaines institutions, ces divisions existent encore. Par contre, au niveau de nombreux domaines, ces spécificités tendent à disparaître au profit d’une fonction plus vague de « travailleur social. »

Un Superman du social

Le « travailleur social » est un être hybride, un travailleur 2.0 qui maîtrise divers aspects de l’aide à la personne : il est capable à la fois d’accompagner les bénéficiaires dans la vie quotidienne, de les aider à dépatouiller un administratif en rade, d’accompagner selon un « plan », etc. Ce travailleur opère aussi bien en suivi individuel qu’en projets collectifs et communautaires, qu’il définit, élabore et évalue selon des grilles savantes. Il peut s’occuper d’une permanence sociale ou d’entretiens en matinée et passer à une animation d’ateliers l’après-midi.

N’oublions pas ses capacités administratives qui lui permettent de remplir entre autres des dossiers de demandes et d’évaluations de subsides parfois bien complexes. Le travailleur social est également un être partenarial, membre de nombreuses commissions et groupes de travail actifs dans la mise en place de projets intra ou intersectoriels. Multitâches et aux compétences variées, ce couteau suisse du social se retrouve dans beaucoup de secteurs : aide à la jeunesse, aide au logement, cohésion sociale, insertion socio-professionnelle, aide aux victimes, etc.

Des évolutions en manque de synchronisation

Notre secteur a évolué au gré des priorités et grandes directions données par les politiques sociales fédérales, régionales et communautaires. Ces dernières, pas toujours en accord entre elles, fonctionnent principalement par financements de projets spécifiques dans le cadre desquels de nouvelles structures sont parfois créées. Avec le temps, certaines de ces structures peuvent être pérennisées et devenir des secteurs à part entière. En parallèle à cela, les formations des (futurs) travailleurs évoluent également, mais pas de la même manière et pas suffisamment en miroir.

Vers un nécessaire décloisonnement

Nos écoles forment encore à l’heure actuelle uniquement des éducateurs, assistants sociaux, ergothérapeutes… alors que les profils recherchés sur le terrain correspondent de plus en plus à des personnes aux compétences « hybrides ». Un professionnel ayant acquis un tant soit peu d’expérience pourra sans nul doute correspondre à ces critères, mais qu’en est-il des jeunes travailleurs ? L’éducateur aura un « manque de compétences administratives », l’assistant social sera « trop focalisé sur l’individuel » etc. Je ne prétends pas qu’il faut remplacer purement et simplement toutes les formations actuelles par une seule formation de « travailleur social ». Tous ces métiers spécifiques sont encore évidemment recherchés et nécessaires. Mon propos vise à envisager un décloisonnement des formations qui permettrait aux (futurs) travailleurs de mieux correspondre aux profils recherchés actuellement.

MF - travailleuse sociale

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