Travailleur social : comment démotiver une équipe de travail
Lorsque j’ai rédigé le texte « Travailleur social : comment démotiver un collègue compétent et investi », je ne pensais vraiment pas qu’il aurait un tel écho, qu’il parlerait à autant de lecteurs … Malheureusement, c’est le cas. J’ai donc décidé d’approfondir le sujet et de proposer des pistes aux responsables en mal d’idées pour démotiver leur équipe de travail. Petit guide (vraiment pas) très ironique pour les responsables d’équipe en mal d’idées …
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– Travailleur social : comment démotiver un collaborateur compétent et investi - 2e partie
Divisez pour mieux régner
Cette stratégie est vieille comme le monde, mais d’une efficacité redoutable, en ce compris auprès des personnes les plus instruites, fines et intelligentes. Usez-en et abusez-en, il leur faudra énormément de temps pour se rendre compte de ce que vous faites. Et même lorsque ce sera le cas, ils seront impuissants, car il leur manquera ce lien qui fait d’un groupe une équipe. Ne cherchez donc pas à créer une unité au sein de votre équipe, au contraire, faites tout pour qu’il y ait des camps, favorisez les dissensions, n’essayez pas de résoudre les problèmes interpersonnels. Allez-y, n’ayez pas peur de rajouter une couche. Ce n’est pas pour rien que cette technique est utilisée à tous niveaux, en ce compris par nos dirigeants nationaux.
Ne les écoutez pas
N’écoutez pas leur vécu, leurs expériences de terrain, restez dans votre tour d’ivoire. Mieux encore, faites visiblement semblant de les écouter (dans ce cas, n’oubliez pas de produire quelques onomatopées aux moments opportuns). L’idée est que chacun d’entre eux ait l’impression que vous vous fichez totalement de leur sort et qu’aucun ne sache plus vers qui se tourner en cas de problème.
Ayez un favori
Choisissez-en un au hasard et faites-en votre chouchou. Validez toutes ses propositions, valorisez ses idées, n’hésitez pas à en faire trop. Cela participera au premier point, la division au sein de l’équipe. Ses collègues se méfieront de lui. Et soudainement, changez de favori. Que celui qui était devenu votre bras droit devienne un rien du tout du jour au lendemain au profit d’un autre, toujours choisi aléatoirement. Ne changez pas trop souvent, afin de ne pas éveiller les soupçons et de maintenir un climat insidieusement malsain.
Ne favorisez pas la communication
Soyez flou, le plus possible. Dites blanc à l’un, noir à l’autre, changez d’avis comme de chemise et multipliez les directives. Faites-les courir comme des poules sans têtes. Lors des réunions, ne faites que du passage d’informations, ne les impliquez dans aucune décision. Ou alors, plus subtil : faites-leur croire qu’ils peuvent discuter et débattre pour, au final, prendre la décision que vous aviez choisie depuis le départ. Et faites en sorte qu’ils s’en aperçoivent, qu’ils comprennent qu’ils perdent leur temps. Mais à chaque réunion, faites-leur croire qu’ils auront leur mot à dire, afin qu’ils continuent à tomber de haut.
Ne les soutenez pas
Soyez absent en période de crise, lorsqu’ils ont besoin d’un capitaine pour tenir la barre du navire. Renvoyez-les à leur autonomie, à leur capacité de décision, défaussez-vous de vos responsabilités. Même en cas d’épisode grave, comme par exemple une situation de violence, soyez aux abonnés absents. Mieux encore, faites en sorte de leur renvoyer la responsabilité de leur vécu.
Ne leur montrez aucun respect
Ni pour leurs idées, ni pour leurs personnes. En fait c’est l’essence même de ce guide. Vivez dans votre tour d’ivoire et ne montrez surtout aucun respect, aucune considération envers vos collaborateurs. Ne voyez pas leur enthousiasme, leur motivation, n’essayez pas de les entretenir, de les développer, de faire votre travail, à savoir permettre à votre équipe de grandir, et ainsi à votre institution d’évoluer. Ne vous remettez pas en question, ne les laissez pas faire de vous un véritable responsable. Epargnez votre ego et votre cerveau.
MF - travailleuse sociale
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