La Mélopée : "Les aides-soignantes sont les yeux et les oreilles des résidents"
Carine Sopie est aide-soignante à la Résidence Mélopée (groupe Korian) depuis 6 ans. Véritable confidente des résidents, elle prend soin des personnes âgées avec passion. En tant que référente de son étage au sein de la maison de repos, cette soignante de 41 ans connait les petites habitudes de chacune et chacun. Aux côtés de sa directrice Emmanuelle Deschars, elle parle d’une seule et même voix pour défendre avec conviction ce métier indispensable mais malheureusement sous-valorisé. Rencontre.
Incontournable dans le domaine de la santé, l’aide-soignant.e, allié.e essentiel.le du personnel infirmier, contribue au bien-être des patients en réalisant des tâches logistiques, des soins et en les aidant à maintenir leur autonomie. Métier de l’humain par excellence, l’aide-soignant.e dispose de compétences et de qualités essentielles.
C’est avec une grande humilité que Carine Sopie, aide-soignante à Mélopée évoque avec nous son métier.
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Le Guide Social : Quelle formation avez-vous suivie pour devenir aide-soignante ?
Carine Sopie : Je suis originaire du Cameroun. Après mon Bac, j’ai commencé une année en médecine dans une ville anglophone. Pour des raisons personnelles, je suis retournée dans ma ville d’origine où j’ai fait deux années de biochimie, puis j’ai obtenu un diplôme en relations internationales. Ensuite, en Italie, j’ai passé le concours de médecine en 2007 à Modène, sans succès. Cependant, j’ai réussi le concours en soins infirmiers à Bologne et y ai étudié pendant deux ans.
En 2010, je suis venue en Belgique pour rejoindre le père de mes enfants. J’ai tenté de reprendre mes études en soins infirmiers, mais les écoles belges ne reconnaissaient pas mes deux années d’études en Italie à cause d’une interruption de deux ans. Entre-temps, j’ai eu mon deuxième enfant. Après cela, j’ai suivi une formation de 18 mois pour devenir aide-soignante à Bruxelles et obtenu mon diplôme en 2017.
Le Guide Social : Depuis quand exercez-vous la profession d’aide-soignante ?
Carine Sopie : J’ai commencé à travailler immédiatement après avoir obtenu mon diplôme. La directrice de la maison de repos où j’avais effectué mon stage m’a recrutée. Elle avait remarqué la qualité de mon travail. J’ai d’abord eu un contrat de remplacement à mi-temps, puis j’ai rapidement obtenu un quart temps supplémentaire.
"Après une formation de 150 heures en AID (Actes Infirmiers Délégués), je peux désormais réaliser certaines tâches déléguées par les infirmières"
Le Guide Social : Comment et pourquoi avez-vous choisi de travailler à la Mélopée ?
Carine Sopie : En décembre 2018, je suis arrivée à la Mélopée, qui faisait partie du groupe Korian comme la maison de repos où je travaillais auparavant. J’ai choisi cette maison de repos pour sa facilité d’accès en transport en commun. Le directeur qui m’a fait passer l’entretien me l’a recommandée et j’ai beaucoup apprécié sa présentation de l’établissement.
Le Guide Social : Vous vous souvenez de vos débuts ? Y a-t-il des choses qui vous ont marqué en arrivant à la Mélopée ?
Carine Sopie : Au début, c’était un peu difficile car j’arrivais dans un lieu où les aides-soignantes étaient déjà bien implantées et avaient leurs habitudes. J’ai découvert une autre façon de travailler. Mais, avec le temps, je me suis adaptée. J’ai reçu beaucoup d’aide et de soutien de mes collègues qui m’ont montré comment faire et m’ont encouragée.
Le Guide Social : Quelles sont les missions principales que vous réalisez ?
Carine Sopie : La journée commence par un briefing sur les événements de l’après-midi et de la nuit précédentes. À la Mélopée, il y a quatre étages avec une référente par étage. Je suis référente du 3e étage. À mon arrivée, je vais au briefing, je regarde le planning de la journée, il peut arriver que j’ai des toilettes en plus à l’étage d’une collègue qui en a plus que moi, on écoute les recommandations de l’infirmière du jour et on signe dans le cahier de rapport pour marquer ma présence du jour. Ensuite, je monte aux étages pour lever et laver les résidents.
À 8h, je descends pour prendre le chariot du petit déjeuner et commence à distribuer les repas, aidant ceux qui ont des difficultés à manger seuls. Je les installe également. Une fois les repas terminés, les techniciennes débarrassent les plateaux et nous, les aides-soignantes, continuons avec les soins.
Après une formation de 150 heures en AID (Actes Infirmiers Délégués), je peux désormais réaliser certaines tâches déléguées par les infirmières, comme donner des médicaments préalablement préparés par les infirmières.
Après la pause, je descends les résidents au restaurant pour le déjeuner, puis je les remonte pour les changes, et pour certains la sieste. Ensuite, je procède à l’hydratation, souvent en duo avec une collègue, tandis que l’autre distribue le linge ou coupe les ongles des résidents.
Ces missions sont réalisées par l’équipe du matin, qui travaille de 7h00 à 15h00. Il y a une deuxième équipe de midi à 20h00, et enfin une équipe du soir de 16h00 à 20h00.
Le Guide Social : Combien de personnes travaillent dans l’équipe ?
Carine Sopie : Il y a 7 aides-soignantes, avec au minimum deux infirmières et une à deux référentes infirmières, pour une capacité de 99 résidents.
"Le fait que la personne âgée se fasse soigner signifie qu’elle se dévoile, tant au niveau de son intimité physique que relationnelle, ce qui crée un lien différent"
Le Guide Social : Qu’est-ce qui vous plait dans votre travail avec les personnes âgées ?
Carine Sopie : Il y a un lien spécial que je partage avec les résidents avec qui je passe la majeure partie de ma journée. Il faut vraiment aimer son travail pour être aide-soignant. Si on n’aime pas ce métier, on ne peut pas l’exercer correctement. Il faut prendre soin de la personne. Je prends le temps de parler avec les résidents des événements qui se sont produits depuis la veille. Lors des soins, il y a une ouverture de dialogue entre nous.
Je ne m’ennuie jamais : chaque nouvelle journée est toujours différente de la veille. Je découvre et j’apprends toujours de nouvelles choses.
Emmannuelle Deschars, directrice de la Mélopée : Le fait que la personne âgée se fasse soigner signifie qu’elle se dévoile, tant au niveau de son intimité physique que relationnelle, ce qui crée un lien différent. Les aides-soignantes voient les résidents tous les jours et peuvent leur demander s’ils ont bien dormi, s’ils ont bien mangé. C’est pour cela que chaque étage a une référente, afin de ne pas changer d’interlocutrice et de soignante tous les jours. Elles sont les yeux et les oreilles des résidents. Carine connaît toutes les petites habitudes de chacune et chacun : ce qu’ils aiment porter, comment ils aiment être coiffés. Carine, c’est la douceur incarnée.
Le Guide Social : Quelles compétences spécifiques et qualités sont essentielles pour réussir dans votre rôle ?
Carine Sopie : Avant tout, il faut véritablement aimer son métier. Une grande empathie est essentielle, ainsi qu’une écoute attentive et une disponibilité constante, surtout pour les résidents qui n’ont pas de famille pour leur rendre visite.
Même lorsque ma journée est difficile, je fais l’effort de sourire avec eux, car il n’est pas question de leur transmettre ma mauvaise humeur.
La patience est également cruciale. Les résidents peuvent être très exigeants ou désorientés en raison de leur maladie. Ils peuvent parfois avoir des attitudes difficiles ou répéter la même chose plusieurs fois.
Un bon aide-soignant est quelqu’un qui aime l’humain. Il faut aimer travailler pour et avec les gens. Chaque jour est différent et apporte de nouvelles expériences. La douceur est également indispensable.
C’est un métier physique qui demande d’être debout toute la journée.
Les aides-soignantes ont un diplôme reconnu par le SPF et un visa qui atteste de leur qualification.
Le Guide Social : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui envisage de devenir aide-soignante dans une résidence pour seniors ?
Carine Sopie : Beaucoup de gens pensent que c’est un métier facile, mais ce n’est pas le cas. Les stages, par exemple, peuvent être difficiles car on n’est pas toujours bien accueilli. Il ne faut pas baisser les bras à la première difficulté, il faut avoir l’envie d’accompagner, d’aider et de rassurer la personne âgée, avoir le sens de la communication, de l’empathie, l’écoute et surtout l’esprit d’équipe, car pour moi le métier d’aide-soignant(e) est très valorisant et enrichissant sur le plan humain.
J’ai choisi ce métier parce que j’ai toujours voulu être en contact avec les personnes âgées ou les enfants. J’aimerais également reprendre mes études pour devenir infirmière.
"Les anniversaires des résidents, que nous célébrons chaque mois, sont des moments particulièrement festifs et conviviaux"
Le Guide Social : Avez-vous des souvenirs particuliers avec les résidents ou des anecdotes à partager ?
Carine Sopie : Il y en a beaucoup… Les anniversaires des résidents, que nous célébrons chaque mois, sont des moments particulièrement festifs et conviviaux. On s’amuse avec les résidents, on joue avec eux. Il y a toujours un jeu avant de commencer la fête d’anniversaire. Ensuite, un musicien vient chanter et nous dansons tous ensemble. Ces moments créent de nombreux souvenirs précieux.
Le Guide Social : Quels sont les avantages de travailler à La Mélopée ?
Carine Sopie : Je suis très attachée aux résidents et l’entente au sein de l’équipe est excellente. La Mélopée me donne envie de quitter la maison le matin pour venir travailler. Même lorsque je suis de mauvaise humeur, il y a toujours quelqu’un qui saura me faire rire.
Comparée à d’autres maisons de repos où j’ai travaillé, à La Mélopée, on se sent vraiment impliqué dans ce qu’on fait. La communication entre les résidents, le médecin, les infirmières et les aides-soignantes est fluide, ce qui facilite grandement notre travail.
Le Guide Social : Quels sont les défis courants que vous rencontrez en travaillant avec les résidents âgés ?
Emmanuelle Deschars : Le métier d’aide-soignant est sous-valorisé, malgré son importance cruciale. Une maison de repos ne peut pas fonctionner sans ses aides-soignantes, qui assurent le bien-être quotidien des résidents. Elles accomplissent bien plus que les soins de base : elles apprennent à connaître les résidents et répondent à leurs besoins individuels. Pendant la pandémie, leur importance a été reconnue, et j’espère que cette reconnaissance perdurera. Ce métier nécessite des compétences humaines et organisationnelles que l’on n’apprend pas à l’école, et il s’apprend chaque jour.
Le Guide Social : Quelle est la réalité de travailler avec des résidents en fin de vie ?
Emmanuelle Deschars : Vieillir dans de bonnes conditions est de plus en plus difficile. Les aides-soignantes deviennent souvent comme une famille pour les résidents, ce qui est très exigeant émotionnellement. Elles doivent accepter de dire au revoir régulièrement et faire preuve d’une grande résilience pour continuer à offrir un soutien de qualité.
Lina Fiandaca
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