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Travailler avec les séniors, est-ce fait pour moi ?

10/06/24
Travailler avec les séniors, est-ce fait pour moi ?

Choisir de travailler avec les séniors peut surprendre, mais c’est un domaine riche en expériences humaines et professionnelles. Comme l’ont découvert Justine, Nina, Manon, Ingrid, respectivement éducatrices spécialisées, infirmière et aide-soignante, le contact avec les personnes âgées est empreint d’humilité et de respect. Est-ce un choix de carrière qui vous conviendrait ? Découvrez toutes nos ressources pour le savoir.

Travailler avec les séniors est une expérience professionnelle unique qui va bien au-delà des stéréotypes. Des métiers variés, tels qu’infirmiers, aides-soignants, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, éducateurs et logopèdes se retrouvent dans différents environnements comme les maisons de repos, les centres de jour et les hôpitaux. Chaque rôle exige des compétences spécifiques, notamment l’empathie, la patience et une grande capacité d’adaptation.

Les maisons de repos et les maison de repos et de soins ont beaucoup évolué, devenant de véritables lieux de vie où le respect et la dignité des résidents sont prioritaires.

Les professionnels y développent des activités visant à maintenir les acquis des résidents et à créer des liens sociaux forts. Ces métiers offrent des perspectives enrichissantes et demandent des qualités humaines profondes, faisant de ce secteur un choix de carrière potentiellement très gratifiant.

"Ce n’est pas forcément un truc calme où on joue au bingo"

Les travailleurs qui ont fait le choix de s’épanouir professionnellement au contact des séniors sont parfois les premiers surpris. Comme Nina George, jeune éducatrice spécialisée, qui ne s’imaginait pas un instant travailler dans une maison de repos avant d’y mettre les pieds. "J’avais des œillères et je me disais que je ne voulais pas être dans un lieu avec des personnes âgées avec qui on ne pouvait rien faire ."

Arrivée en troisième année de bachelier en éducation spécialisée en accompagnement psycho-éducatif, Nina George ne parvient pas à obtenir un stage dans le judiciaire comme elle le souhaitait. Elle finit donc par se tourner vers une maison de repos, en dernier recours. " Je suis arrivée là-bas avec des stéréotypes. J’ai même demandé à mon maitre de stage pourquoi il travaillait là. Si c’était par dépit... ", confie-t-elle en souriant.

Après une première expérience en maison de repos, son avis a totalement changé : "J’ai réalisé qu’on peut être soi-même avec les personnes âgées et transmettre du dynamisme. Ce n’est pas forcément un truc tout calme où on joue au bingo toutes les semaines."

"Ce qu’on ne connaît pas fait peur, y compris la vieillesse. Quand on ne l’a pas côtoyée ça fait peur, car c’est aussi un miroir, un miroir déformant."

Justine, éducatrice spécialisée et Manon, infirmière spécialisée en soins palliatifs, travaillent en maison de repos. Justine considère que son travail, bien que difficile, lui apporte beaucoup de douceur et d’humilité.

Toutes deux comprennent qu’il est difficile quand on est jeune de travailler avec le public des personnes âgées car, comme le souligne Manon : "ce qu’on ne connaît pas fait peur, y compris la vieillesse. Quand on ne l’a pas côtoyée ça fait peur, car c’est aussi un miroir, un miroir déformant."

Les différents environnements de travail avec les personnes âgées

Travailler avec les séniors couvre différentes réalités : vous pourrez en effet travailler à domicile, en maisons de repos, en maison de repos et de soins, en résidences-service, en centres de jour (CAJ), en centre de soins de jour (CSJ), en hôpitaux (service gériatrie et service des soins palliatifs), etc.

Le Guide Social a consacré un article complet au travail en maison de repos : métiers, salaires et avantages extralégaux.

Au 01/06/2022, il y avait en Wallonie 568 maisons de repos agréées et en activité et 142 MR et MRS en région de Bruxelles-Capitale (chiffres de 2017).

Les métiers en lien avec les séniors

Le travail avec les séniors couvre un large éventail de métiers et de fonctions (directeur, comptable, secrétaire, etc).

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L’infirmier

Sans surprise, l’infirmier constitue le métier pluridisciplinaire le plus rencontré dans les maisons de repos.

Les missions dévolues à l’infirmier consistent principalement à suivre l’état de santé (tant physique que psychologique et social) des résidents mais également de dispenser les soins infirmiers.

L’infirmier assure également la gestion des dossiers en collaboration avec les autres praticiens.

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L’aide-soignant

Le métier d’aide-soignant est également important dans une maison de repos. En effet, l’aide-soignant est tenu de suivre l’évolution de la santé physique et mentale des résidents tout en aidant ces derniers dans les actes et tâches de la vie quotidienne.

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L’aide-soignant peut également assister l’infirmier dans ses missions afin de répondre aux besoins des patients.

En principe, pour pouvoir exercer leurs fonctions, les aides-soignants doivent disposer d’un visa d’enregistrement en tant qu’aide-soignant.

L’ergothérapeute

L’ergothérapeute, emblématique dans le milieu paramédical, assure au sein d’une maison de repos un rôle d’information, de suivi et de conseil en collaboration avec les autres prestataires de soins tels que l’infirmier et l’aide-soignant par exemple.

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Sa fonction majeure consiste à dispenser des soins et à réaliser des prestations techniques auprès des patients qui présentent un dysfonctionnement tant au niveau physique que psychique.

Le logopède

Le logopède, au même titre que l’ergothérapeute, est repris dans le personnel paramédical.

Au sein d’une maison de repos, le logopède a pour mission d’évaluer les troubles du langage dans le but de les traiter et de les améliorer. Le logopède joue son rôle en mettant en place différentes activités au sein de l’institution et ce, en collaboration avec les autres praticiens tels que l’ergothérapeute, les infirmiers et les aides-soignants.

"Les résidences ne sont pas des mouroirs comme beaucoup le pensent"

L’éducateur

L’éducateur a un rôle varié auprès des personnes âgées, que ce soit en maison de repos ou dans d’autres environnements.

Sa mission est de combattre l’isolement des personnes âgées, de créer des ponts entre elles mais aussi vers l’extérieur et de s’assurer qu’elles gardent des relations avec la famille et les proches. Concrètement, cela passe par un travail de réseaux. "On va trouver des partenaires pour faire venir des gens de l’extérieur dans les résidences et qu’ils voient que ce n’est pas un mouroir comme beaucoup le pensent. On fait aussi sortir les résidents afin de leur montrer qu’ils sont encore des adultes et qu’ils peuvent aller au musée, au théâtre, au cinéma...", nous explique Nina George.

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Comme l’explique Justine, elle aussi, éducatrice : "Le travail avec des personnes âgées, en tant qu’éducateur, c’est surtout développer des activités pour maintenir les acquis, proposer un accompagnement individuel : par exemple aller voir des personnes qui ne viennent plus aux activités, libérer la parole, essayer de leur redonner confiance pour qu’elles reviennent, mettre en place un chariot occupationnel, proposer des bains thérapeutiques, accompagner durant le deuil etc."

Selon Justine, le rôle de l’éducateur en maison de repos est très particulier : "Avec les personnes âgées, on est davantage dans une logique de transmission, d’apprentissage, ce sont des personnes qui ont un vécu de vie 3 fois plus important et plus long que le mien ! Travailler avec eux, c’est travailler avec des gens qui savent qu’ils vont mourir, qu’ils sont sur la fin, c’est travailler avec la mort, c’est un secteur qui fait peur mais pourtant ça apporte beaucoup d’humilité, de douceur, parfois de lenteur. Les activités n’ont pas le même objectif, c’est plutôt du lien social, être une présence pour les personnes, les aider à vivre plus confortablement, accepter la lenteur."

Et Justine de conclure  : "C’est difficile de prendre sa place car le métier est tout nouveau, ça ne fait pas beaucoup d’années qu’il y a des éducs en maison de repos."

Les maisons de repos ont évolué : "Ce n’est plus les endroits où ça sent l’urine quand on rentre et où les gens crient."

Les maisons de repos ont tellement évolué, comme en atteste Manon, infirmière depuis 35 ans. Elle se souvient de ses débuts en maison de repos dans les années 80 : "Le service était géré par une religieuse, qui n’était pas infirmière mais qui décidait de tout et réalisait aussi des actes médicaux. Les salles communes pouvaient aller jusque 29 lits. De nos jours, ce serait impensable."

"Ça a bien évolué, en positif. Les résidents sont bien mieux accompagnés qu’avant. Je trouve dommage qu’on ne parle pas plus de ce côté-là, qu’on parle trop du négatif. Il y a encore des choses à améliorer, mais dans l’ensemble ça va. Ce n’est plus les endroits où ça sent l’urine quand on rentre et où les gens crient. Maintenant ce sont réellement des lieux de vie pour les gens. Il y a d’autres personnels que juste le personnel de soin : des assistants sociaux, éducateurs, kinés."

Lire aussi : Le métier d’infirmier est-il fait pour moi ?

Les avantages de travailler avec les séniors : "Que l’on ait 5, 10, 15 ou 25 ans de carrière, on en apprend tous les jours à leur contact"

Ingrid, aide-soignante est tellement enthousiaste face à ce que les résidents lui apportent au quotidien : "Les résidents nous apprennent beaucoup de choses car ils ont vécu des épreuves qu’on ne vivra peut-être jamais, comme la guerre. Ils nous donnent des conseils aussi. Que l’on ait 5, 10, 15 ou 25 ans de carrière, on en apprend tous les jours à leur contact. Vieillir c’est une leçon de vie."

Découvrez la campagne : "J’aime mon métier" : un focus sur les professionnels du social et de la santé

Les inconvénients : "Il nous faudrait plus de temps pour nous occuper des résidents"

Mais attention si travailler avec les personnes âgées apporte son lot d’avantages, tout n’est pas forcément rose dans les maisons de repos. Justine, éducatrice, en témoigne : "Les maisons de repos sont des entreprises, avec une logique de rentabilité, donc une optique totalement différente des autres secteurs où travaillent les éducs. Ça aussi, ça pèse. Il y a toute la problématique de l’éduc qui remplace parfois les soignants pour les toilettes et autres. On est tiraillé entre le fait de rendre service, d’aider ses collègues et celui de prendre sa place d’éduc, en sachant que si on accepte une fois, on devra continuer à le faire."

Découvrez les témoignages de Manon (infirmière) et Justine (éducatrice) sur l’accompagnement en fin de vie

Ingrid, aide-soignante, regrette que les normes d’encadrement en maison de repos soient si restrictives : "Ça dépasse évidemment la volonté et la responsabilité de notre direction. C’est le «  système  » qui veut ça. Celles et ceux qui décident de ces normes ne se rendent pas compte du travail de terrain. Il nous faudrait plus de temps pour nous occuper des patients. On voit bien la différence quand on est plus nombreux à l’horaire. On est moins stressés et les résidents le ressentent. On a plus de temps pour s’occuper d’eux pour leur donner des bains mobiles et faire des soins annexes comme, par exemple, leur couper les ongles, mettre du vernis ou encore leur faire un brushing. Ça leur fait tellement de bien. C’est vraiment important d’avoir ces moments privilégiés pour construire et renforcer le lien avec les résidents."

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Compétences requises

Pour travailler avec des séniors, il est essentiel de posséder certaines compétences et qualités spécifiques. Voici une liste des plus importantes :

Compétences techniques :

  • Soins médicaux ;
  • Techniques paramédicales.

Compétences en communication :

  • Écoute active ;
  • Communication claire : aptitude à expliquer des informations de manière simple et compréhensible, à la fois aux résidents et à leurs familles.

Gestion du temps :

Organisation : capacité à gérer efficacement son temps et à planifier les tâches quotidiennes, souvent dans des environnements à forte demande.

Compétences en résolution de problèmes :

Adaptabilité : capacité à trouver des solutions créatives et rapides aux problèmes qui peuvent survenir de manière imprévisible.

Qualités personnelles

  • Empathie
  • Compréhension et sensibilité
  • Patience
  • Tolérance à la lenteur
  • Humilité
  • Respect et dignité :
  • Capacité à gérer le stress :
  • Gestion des émotions
  • Sens de l’humour
  • Légereté

Ces compétences et qualités sont essentielles pour assurer un soin de qualité aux séniors et pour s’épanouir dans ce domaine professionnel exigeant mais enrichissant.

Les salaires et perspectives de carrière

Les maisons de repos regorgent de praticiens formés dans différentes disciplines. Dans notre article dédié aux salaires des infirmiers, aide-soignants, ergothérapeutes et logopèdes en maison de repos, nous examinons les métiers pouvant être exercés dans ces structures emblématiques du secteur de la santé mais également la rémunération qui y est appliquée ainsi que les spécificités et avantages propres à ces lieux dédiés aux seniors.

Les contrats dans la santé et le social : les pièges à éviter

Le secteur de la santé et du social a évolué d’une manière assez inattendue mais positive. Cependant, malgré cette évolution, l’essentiel est resté le même, particulièrement en ce qui concerne les différents types de contrats existant dans ces secteurs.

Découvrez les contrats rencontrés et les points auxquels il faut prêter davantage attention.

Découvrez nos fiches métiers dédiées à l’emploi

Travail de nuit : conditions, encadrement, rémunération

Quand peut-on travailler de nuit ? Et à quelles conditions  ? Et surtout, qui peut effectuer ce travail  ? Dans le secteur de la santé, la réponse est évidente dans la mesure où les soins de santé doivent pouvoir être assurés de manière continue. Cela est particulièrement vrai dans les maisons de repos, où les résidents ont besoin d’une surveillance et d’un soin constants. Mais cela donne-t-il tous les droits à l’employeur en matière de travail de nuit  ?

Dans le secteur social, la question devient plus complexe. La loi stipule des règles précises concernant le travail de nuit, incluant des conditions spécifiques pour protéger les travailleurs. Il existe également des exceptions. Ces mesures visent à équilibrer les besoins opérationnels des maisons de repos et les droits des employés, assurant ainsi une protection adéquate pour ceux qui doivent travailler pendant ces heures inhabituelles.

Découvrez les conditions et spécificités du travail de nuit dans notre article.

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