La Mélopée : tout pour dynamiser la vie quotidienne des seniors !
Quitter son logement et s’installer en maison de repos est une perspective de moins en moins courue par les aînés, qui leur préfèrent les soins à domicile. Les maisons de repos n’ont pas toujours l’image d’institutions dynamiques et manquent parfois d’attractivité aux yeux du public. La Maison de repos La Mélopée dément ces clichés et donne un coup de peps à la prise en charge des personnes âgées. Briser la solitude des aînés, offrir de nouveaux panels d’expérience et prouver qu’il est encore possible de vivre et de découvrir après une entrée en résidence, voilà la mission que s’est donnée l’équipe de soins.
En décembre dernier, l’équipe de soins de la Maison de repos La Mélopée s’est embarquée avec une poignée de résidents dans un citytrip parisien haut en couleurs. Plus qu’un court séjour à l’étranger, l’équipe a réussi à prouver, à travers ce projet, qu’il est possible d’allier une haute qualité de prise en charge à des expériences humaines stimulantes.
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Et si l’entrée en maison de repos était le début d’une nouvelle aventure ?
Pour en savoir plus et comprendre cette approche et sa mise en œuvre, nous avons rencontré l’équipe de La Mélopée.
À la direction de la résidence depuis un peu plus d’un an, Emmanuelle Deschars, également ergothérapeute, nous dévoile les coulisses de la Mélopée en compagnie d’Alice Burcklé, psychomotricienne. Toutes deux ont pris part au séjour, organisé par Emmanuelle Deschars et Félix Simon, coordinateur paramédical de la Mélopée.
Un voyage qui s’inscrit dans le projet d’une “Maison de vie”
Si elle reste une résidence pour aînés, La Mélopée repense pourtant la dynamique de la maison de repos traditionnelle. Il ne s’agit pas seulement d’offrir aux bénéficiaires des offres d’hôtellerie et de soin. Ces dernières années, la direction a également voulu proposer une véritable expérience familiale et dynamique, encourageant de nombreuses initiatives dans ce sens.
“Nous préférons utiliser les termes “maison de vie” que maison de repos”, explique Emmanuelle Deschars, “ ils nous semblent plus adéquats dans le cas de La Mélopée. Nous souhaitons combattre ce cliché d’un établissement où l’on s’ennuie, où l’on ne vit rien de neuf. Quand un résident nous rejoint, il écrit une nouvelle page de son histoire. Il continue d’apprendre, d’expérimenter de nouvelles choses, quelles que soient ses capacités.”
“Aujourd’hui ”, ajoute-t-elle, “les personnes âgées ont la possibilité d’avoir un suivi médical à domicile, la maison de repos telle qu’on la connaît doit donc évoluer. Ce qui manque souvent, à domicile, c’est le lien social. C’est exactement cela que la Mélopée apporte à ses résidents : de l’humain et du partage.”
L’équipe pluridisciplinaire de La Mélopée est ainsi investie dans la construction d’un projet adapté à chaque résident. Les initiatives ne sont pas seulement ludiques et récréatives : chaque professionnel apporte son expertise thérapeutique aux réflexions.
“Nos résidents ont plein d’envies”, renchérit Alice Burcklé, “ils sont très demandeurs d’activités, mais surtout, d’interactions avec les membres du personnel. Que ce soit simplement prendre un café, sortir se promener, mais aussi pour une prise en charge émotionnelle ou paramédicale… Les périodes plus calmes, comme les week-ends, sont aussi des périodes d’ennui et ils nous le partagent. Nous proposons donc des solutions.”
Mettre en place un projet de voyage en maison de repos : pas une mince affaire !
Organiser un voyage accessible à tous financièrement, s’assurer que suffisamment de membres du personnel seraient de la partie... Pour les équipes de La Mélopée, ce city trip parisien est un projet d’envergure.
“C’est la première fois que nous organisions un voyage de plusieurs jours”, confie Emmanuelle Deschars, “L’organisation a été un vrai défi qui s’est étalé sur près de 8 mois. Nous devions à la fois assumer l’organisation classique d’un voyage de groupe, mais également nous assurer que la prise en charge des pensionnaires était optimale, tout en inscrivant ce voyage dans un projet thérapeutique cohérent.”
“Nous étions 7 encadrants à accompagner 10 pensionnaires âgés de plus de 80 ans”, explique Alice Burcklé, “L’équipe comptait des soignants, psychomotriciens, ergothérapeutes… Ce qui nous a aussi permis d’encadrer le groupe au quotidien. Parce qu’il n’y avait pas que les activités à gérer. Prendre le train, monter les marches du métro, étaient déjà des découvertes, des défis en soi !”
Heureusement, La Mélopée fait partie du groupe Korian, un réseau européen de maisons de repos. L’équipe a pu donc envisager ce voyage comme une véritable entreprise d’échanges culturels et développer un partenariat avec une maison de repos parisienne. Les pensionnaires belges sont allés à la rencontre de leurs pairs parisiens et partager, dès le premier soir, un repas aux couleurs de la Belgique et la France dans le château qu’occupe la structure française.
“Nous avions apporté des bières belges, des fromages du pays, tandis qu’eux avaient préparé un repas français. Et évidemment, le repas s’est soldé par une bonne gaufre de Bruxelles !”
Un voyage qui fait sens dans le parcours de vie
Ce voyage à Paris n’était pas “juste” un city-trip. Pour que l’expérience soit complète, l’équipe a pris soin de sélectionner des pensionnaires pour qui il pouvait avoir une signification particulière.
“Nous voulions nous assurer que ce voyage aurait un sens pour les participants”, explique Emmanuelle Deschars. “Nous avions par exemple une personne qui n’avait jamais quitté Molenbeek, d’autres qui n’avaient même jamais pris le train… Une autre, qui avait l’habitude de se déplacer à Paris dans le cadre de son métier, nous disait qu’elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de dire “au revoir” à la ville lumière… Ce voyage revêtait donc pour ces personnes une signification particulière. C’était l’occasion d’une découverte ou d’une expérience significative. Et c’est précisément ce que nous souhaitons proposer aux personnes qui vivent à La Mélopée.”
Des étoiles plein les yeux mais surtout, une expérience humaine réussie
Prendre l’Eurostar, utiliser le RER et le métro parisiens, étaient déjà des défis en soi pour l’équipée. Suite à cette première journée de voyage, une deuxième journée consacrée aux découvertes est organisée. Au programme : un tour des attractions de Paris en minibus, suivi d’une escapade en bateau-mouche pour observer la ville de nuit et admirer ses illuminations de Noël.
“Avant le départ, nous ressentions tous un certain stress, surtout les résidents”, confie Alice Burcklé. “Certains se demandaient s’ils allaient être capables de suivre le rythme à leur âge, d’autres étaient anxieux à l’idée de prendre le train pour la première fois… Au final, une fois sur place, ils ont juste lâché prise. Nous les avons vu faire preuve d’énormément de compréhension, même face aux petits imprévus de l’organisation. Ils se sont vraiment laissés porter. Ça a été l’occasion de très chouettes moments de partage.”
Tandis qu’un résident, ancien contrôleur de train, sympathise avec le personnel de bord de l’Eurostar, jusqu’à se faire offrir un verre, d’autres savourent cette première fois parisienne.
“Les résidents nous ont impressionnés par leur culture”, renchérit Emmanuelle Deschars. “Ceux qui n’avaient jamais quitté Bruxelles en connaissaient le plus sur Paris”, rigole-t-elle, “ils en savaient plus que moi, qui ai pourtant vécu à Paris ! Ils reconnaissaient les architectures, partageaient des anecdotes… Alors que la journée avait été agitée, entre les visites à la chapelle et le tour en minibus, le soir, face aux illuminations, c’était l’émerveillement. Tous sont devenus silencieux, ils voulaient profiter au maximum du moment présent, en avoir plein les yeux.”
Sortir des rôles assignés et retrouver la dynamique d’une communauté
Si le voyage a été aussi apprécié, c’est aussi parce qu’il a permis à chacun de sortir des rôles qui lui étaient traditionnellement dévolus.
“Les résidents nous ont partagé leur plaisir de nous voir sortir de nos rôles habituels”, confie la directrice. “ Nous ne portions plus nos uniformes de soignants, nous avons été ensemble 24 heures sur 24 pendant 3 jours. Cela a aussi permis de casser une certaine dynamique, même si l’encadrement restait. On était moins dans des relations de professionnel à résident, que de personne à personne, nous vivions cette aventure tous ensemble.”
Au retour, les étoiles restent
Comme promis, cette escapade parisienne laisse plus que des souvenirs et des photographies : les traces d’une belle expérience humaine qui s’inscrit dans la continuité d’un parcours de vie, comme souhaité par le personnel.
“Nous avons par exemple eu le retour de cette dame, qui se déplaçait tous les mois à Paris quand elle travaillait encore. Elle nous a expliqué que, quand elle avait été pour la dernière fois à Paris, elle ne savait pas que c’était la dernière fois. Ce voyage lui avait permis de réparer une frustration, de se sentir plus sereine. Recevoir ça, en tant que soignant, c’est un vrai cadeau”, explique Emmanuelle Deschars.
Si le voyage a duré 3 petits jours, il n’en est pas moins resté vivace dans le cœur et la mémoire des résidents. Lier l’émotion au vécu : un moyen infaillible de laisser des traces, selon Alice Burcklé.
“C’est un voyage qui est resté longtemps dans les conversations, qui a évidemment été partagé avec les autres résidents, de la part de ceux qui étaient partis, mais aussi de la part de l’équipe, puisque nous avons fait une soirée photo. Nous avons aussi été frappés de constater que des personnes qui avaient des pathologies liées à la mémoire se souvenaient parfaitement du séjour, continuaient à l’évoquer pendant des semaines. Et ce moment de bonheur, finalement, s’est aussi propagé aux autres résidents, c’était comme un vent de dynamisme qui a touché tout le monde, de près ou de loin.”
“Il n’y a pas d’âge pour vivre des choses extraordinaires !”
“Que ce soit à travers ce voyage, ou à travers les différentes activités que nous organisons tout au long de l’année, nous voulons vraiment prouver que tout est faisable. Nous souhaitons surtout que nos résidents le réalisent. Qu’ils puissent se dire : “Je peux encore vivre des choses nouvelles, j’existe encore en tant qu’individu, avec mes projets et ma réalité à moi.”
L’aventure a également été riche en enseignements pour le personnel soignant.
“Nous avons simplement réalisé que nous pouvions le faire.”, raconte Alice Burcklé. “Nous avons réussi à les rendre heureux pour trois jours de voyage et maintenant, nous savons que nous pouvons à nouveau nous lancer dans une aventure similaire. Bien sûr il y a eu de la fatigue et du stress, mais voir les émotions dans leurs yeux, recevoir leurs remerciements à la fin du séjour, c’était vraiment la plus belle des récompenses. Le jeu en valait la chandelle.”
Après une expérience aussi réussie, les résidents n’ont qu’une envie : repartir !
La prochaine destination est d’ailleurs déjà décidée. C’est à Amsterdam que les voyageurs de La Mélopée déposeront leurs valises lors de leur prochain périple.
Suivez les aventures de cette maison de repos dynamique sur Instagram.
Mathilde Majois
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