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Les 1000 visages des travailleurs de rue

04/10/17
Les 1000 visages des travailleurs de rue

De l’extérieur, le travail de rue est souvent perçu comme un tout. Pourtant, il y a sans doute autant de missions que de personnes en rue, de travailleurs ou d’institution…

Le « travail de rue » est souvent mal connu et mal défendu. La plupart du temps, les travailleurs sont incompris et sont l’objet d’une série de fantasmes. Les missions sont interprétées selon les projections et les préjugés des uns et des autres. Cependant, Il existe une infinité de profils, de mission et de publics cibles. Il existe une série de points communs, particulièrement en matière de déontologie, de rapport au cadre, de posture et d’importance donnée aux personnes. Tant la diversité est riche pour les échanges de pratiques et dans la prise en compte des citoyens tant cela demande des approches, des compétences et des cadres différents.

L’essence du travail

Le travail de rue, c’est le travail d’accompagnement des plus précaires, des plus fragilisés. C’est la prise en considération de ceux qui ne trouvent plus aucun soutien et qui, faute de ce soutien, se retrouvent soit à le chercher, dans l’espace public, soit à y errer. Proposer une action en rue est un dû aux personnes pour qui le système n’a pas ou plus de réponse. C’est le plus bas seuil de l’accueil psycho-médico-social. Un point commun à de nombreux travailleurs de rue c’est d’être la toute première ligne.

Action principale ou porte d’entrée ?

La rue peut être le lieu d’exécution principale de l’action comme c’est le cas pour les personnes sans abris.Elle est aussi un lieu de premier contact (il n’est pas rare qu’une institution envoie des travailleurs en rue pour créer du lien et ensuite proposer une action intra-muros). Cela change les dynamiques. Les questions de territorialités, de légitimité, de garants du cadre, se posent très différemment. Cette question est intimement liée au rôle qu’a la rue pour les individus : lieu de travail, de passage, de vie, de rencontre ou de refuge ?

Quelles missions ?

Les missions des travailleurs de rue varient fortement selon les institutions. Les associations intervenant dans le milieu de la prostitution n’ont évidemment pas les mêmes préoccupations que celles qui travaillent sur la toxicomanie ou accompagnent les personnes sans abris. Même lorsque les problématiques et les facteurs de fragilité s’accumulent, une question n’est pas l’autre. Il faut donc, avant tout, identifier quelle est la mission de l’institution. Un autre point commun de ces intervenants est d’avoir la compétence d’analyser les besoins, de proposer des réorientations et de faire le tri dans les demandes.

Haute tension

Le risque principal du travailleur de rue est d’être embarqué dans une dynamique de contrôle social exclusive. Dès lors que l’état subventionne un service ou une ASBL, la tension entre l’épanouissement des personnes et le contrôle social se pose. Vraisemblablement, le travailleur de rue fait toujours un peu des deux, le tout est de ne pas se satisfaire du contrôle social. L’éthique est la garantie qui permet de continuellement mettre cette tension en question et qui protège de l’immobilisme. La pression que subissent les professionnels qui œuvrent en rue vient parfois bien plus des pouvoirs publics que des situations rencontrées.

Sous pression

Pour les pouvoirs publics, l’action avec les plus précaires est surtout un coût, ils veulent des résultats rapides et visibles. Pourtant, cela ne se passe pas comme ça : les avancées sont discrètes et les interventions faites de nombreux allers-retours. De plus, il est difficile de faire comprendre aux pouvoirs publics qu’ils font plus partie du problème (en laissant des situations pourrir) que de la solution (en mettant en place des demi-mesures, des demi-moyens ou des lois infâmes).

Perceval Carteron, éducateur.

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