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Marie-Christine Gengoux, premier écrivain public en prison : « Il faut avoir les nerfs solides »

18/10/23
Marie-Christine Gengoux, premier écrivain public en prison : « Il faut avoir les nerfs solides »

En Belgique, Marie-Christine Gengoux est le premier écrivain public à avoir tenu des permanences en prison. Pendant douze ans, elle a été la plume des détenus de la prison Lantin, près de Liège. Une expérience qu’elle partage dans son livre « La plume du violon ». Et dans une interview accordée au Guide Social.

Pendant douze ans, Marie-Christine Gengoux a côtoyé les détenus de la prison de Lantin, près de Liège, en tant qu’écrivain public. Elle était leurs oreilles et leur plume quand ils devaient adresser un courrier au monde extérieur.

Toutes ces lettres et ces récits de vies, cette retraitée de 72 ans a décidé de les partager dans un livre autopublié en 2023, ’La plume du violon’. « Vous savez pourquoi ça s’appelle comme ça ? », interroge-t-elle. Le violon, c’était le nom donné à la prison « dans les années 1950 et 1960. C’est un peu obsolète. Maintenant les jeunes disent plutôt zonzon. Enfin, c’est ce qu’ils m’ont dit », raconte celle qui a arrêté d’y travailler depuis 2015.

Près de dix ans plus tard, les souvenirs de Marie-Christine Gengoux n’ont pas pris une ride. C’est donc avec passion et générosité qu’elle a raconté au Guide Social ses années d’écrivain public en prison.

"L’écrivain public n’écrit pas ce qu’il peut ressentir mais ce que cette personne veut dire"

Le Guide Social : Pourriez-vous décrire le métier d’écrivain public ?

Marie-Christine Gengoux : Un écrivain public écrit pour la personne qui vient le trouver. Il n’écrit pas ce qu’il peut ressentir mais vraiment ce que cette personne veut dire. De ce fait, par exemple, on n’utilise pas de mots trop compliqués, afin d’éviter que la personne ne comprenne pas ce qu’on a écrit pour elle.

Parfois, il faut tout de même utiliser un jargon administratif. Dans ce cas, on lui explique ce que cela veut dire.
Enfin, chaque écrivain public est appelé à signer et respecter une charte.

Le Guide Social : Quels types de documents rédige l’écrivain public ?

Marie-Christine Gengoux : Cela dépend des endroits où l’on travaille. Cela peut être des demandes de logements sociaux, d’étalements de factures, des courriers pour des litiges avec des voisins, etc.

Dans mon livre, j’ai mis plusieurs types de lettres que j’écrivais en prison et il y a un peu de tout. C’était plutôt administratif : avec les avocats ou les juges, des demandes de libération, etc. Il y avait beaucoup de litiges avec les propriétaires parce que quand la personne est arrêtée manu militari tout s’arrête, dont le paiement de loyer. Et si personne dans l’entourage ne s’en est chargé, le détenu est démuni.

Il y a aussi des lettres d’amour, des lettres de condoléances parce que la personne ne savait pas trop comment s’y prendre.

Parfois, ceux qui ne maniaient pas la langue française venaient pour préparer des rencontres avec les avocats. Ces derniers n’ont droit qu’à un certain laps de temps au parloir donc je préparais avec le détenu ce qu’il fallait lui dire.

"Ce poste en prison ? Il ne faut pas être timide, et il ne faut pas avoir peur de son ombre !"

Le Guide Social : Comment êtes-vous devenue écrivain public ?

Marie-Christine Gengoux : Mon parcours est très varié, j’ai fait beaucoup de choses. J’ai vécu trois ans à Londres. J’ai travaillé dans de grands hôtels, à la réception. J’ai aussi travaillé comme hôtesse de l’air pendant quelques temps. J’ai eu un magasin d’antiquités. Puis, j’ai travaillé pendant une quinzaine d’années comme démonstratrice / animatrice de vente.

En 2000, quand le PAC [Présence et Action Culturelles : un mouvement d’éducation permanente et populaire à Liège, ndlr] s’est rendu compte qu’il y avait une forte de demande de gens qui voulaient qu’on les aide, ils ont lancé une formation d’écrivain public. Une de mes amies, Marthe Vanvoorden qui était écrivain public indépendante, m’en a parlé.

J’ai donc suivi la formation de quinze jours avec différents intervenants : nous avons eu un aperçu des différents parcours migratoires, des notions de législation fiscale, de rédaction de CV et lettres de motivations, etc.

Puis, la responsable du PAC de l’époque souhaitait mettre en place une permanence en prison et m’a proposé de m’en occuper. Elle avait l’impression que j’en avais les capacités car il ne faut pas être timide, et il ne faut pas avoir peur de son ombre. Alors j’ai dit pourquoi pas !

Il n’y avait jamais eu d’écrivain public en prison en Belgique. Là où j’ai travaillé, c’était un détenu un peu plus lettré qui rédigeait les courriers des autres. Mais il faut reconnaître que cela induisait peu de confidentialité et le travail n’était pas du tout professionnel, car écrit à la main et sans copie.

Quand nous avons eu une réunion avec le détenu en question, il n’était pas très content. Il disait qu’il allait perdre son job car les autres le payaient en tabac, ou autre.

Le Guide Social : Comment se sont passés vos débuts en prison ?

Marie-Christine Gengoux : J’étais déjà entrée dans la prison car on y avait eu des rendez-vous avec la directrice. C’est clair que c’est tout une démarche : il faut se délester de tout ce qui est métallique, il faut tout mettre dans des casiers, on ne peut rentrer avec rien, on passe des tas de portes qu’il faut pousser. J’ai compté que je passais douze grilles avant d’arriver à ma permanence.

Mon premier jour, j’ai dû traverser le couloir administratif, les parloirs des avocats, et puis – pour la première fois – je suis entrée dans le carcéral. Je me trouvais dans le même couloir où il y avait le dentiste, le médecin et près des bureaux des aumôniers catholique et protestant, de la conseillère laïque et de l’imam. Il y avait pas mal de va-et-vient.

Mes permanences se passaient dans une petite pièce qui s’appelle la salle des rapports et qui est tout à fait impersonnelle. Il n’y a qu’un PC, une imprimante, une armoire fermée à clé, un bureau et deux chaises. C’est ici que les détenus sont appelés quand la direction doit leur faire part d’un problème, un décès ou autre.
Au début, j’ai entendu dire qu’ils ne savaient pas trop comment ça allait se passer... Puis, petit à petit le bouche-à-oreille a bien fonctionné et à la fin j’étais débordée.

"J’étais absolument seule avec le détenu, il n’y avait aucune surveillance"

Le Guide Social : Comment s’organisaient vos permanences ?

Marie-Christine Gengoux : Chaque détenu qui voulait me voir remplissait une fiche message avec la demande. Il la remettait au chef quartier, qui la remettait au chef d’étage... Il y avait tout un parcours.
Je venais trois heures le mardi soir et trois heures le jeudi soir. J’étais absolument seule avec le détenu, il n’y avait aucune surveillance. Le bénéficiaire venait expliquer ce qu’il voulait écrire et il fallait souvent reformuler.

Le Guide Social : Combien de personnes vous voyiez lors d’une permanence ?

Marie-Christine Gengoux : Trois en moyenne. Mais si c’était compliqué, je pouvais n’en voir que deux. C’était moi qui m’organisais. Je pouvais passer trois heures avec la même personne.

Par exemple, il y avait un jeune homme, de 19 ans je crois, qui m’avait demandé d’écrire son récit de vie et il m’avait dit qu’il aimerait que ça apparaisse sur internet. Je lui avais dit que je n’étais pas là pour ça et que ça prenait du temps. Il l’avait écrit manuscritement donc je lui ai proposé de faire deux pages par séance, pour pouvoir voir d’autres personnes.

Dans mon livre, je reprends tout son parcours parce que je trouvais que c’était intéressant. Je l’ai écrit avec ses termes, de la même façon dont il parle. Quand il avait 13 ou 14 ans, il a commencé comme « chouf » [un guetteur chargé d’avertir les dealers de drogue si la police arrive, ndlr] puis on lui a demandé de faire des petits trajets et il est rentré là-dedans. Ensuite, on l’a transféré de prison et je n’ai pas la suite de l’histoire.

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"Quand je sortais je respirais de manière intense, très fort. Je respirais le souffle de la liberté..."

Le Guide Social : Comment vous sentiez-vous quand vous sortiez de vos permanences ?

Marie-Christine Gengoux : Au début, je me demandais parfois ce que je faisais là. Quand je sortais je respirais de manière intense, très fort. Je respirais le souffle de la liberté parce que quand on est là, même si on n’est pas incarcéré soi-même, on se sent emprisonné.

Il y a des miradors, des barbelés, des portes, des bruits des serrures automatiques... Au début c’était impressionnant.

Puis, il y a des odeurs aussi. Comme je l’écris dans mon livre, il y a des odeurs de rouille, de soupe froide, de sueur d’hommes.

En plus, le local où j’officiais était celui où on mettait toutes les choses interdites. Je me souviens, la première fois, j’ai vu un bocal avec des trucs bizarres, on aurait dit de vieux fœtus. Je demande au gardien ce que c’est. Il rigole et me dit qu’ils font de l’alcool. Ils mettaient de l’eau avec de la levure, des morceaux de fruits coupés et ça fermentait. D’ailleurs, une fois l’un d’eux m’avait demandé de lui amener de la levure pour faire une tarte, soi-disant...

Le Guide Social : Au-delà des odeurs et des sensations, que faisiez-vous des récits des détenus ? Vous arriviez à vous en détacher ?

Marie-Christine Gengoux : Au début, j’en parlais à mon conjoint, à ma fille et puis ça s’est estompé au fil du temps.

Le Guide Social : Est-ce que vous vous souvenez d’histoires en particulier ?

Marie-Christine Gengoux : Je me souviens d’un jeune homme, d’une vingtaine d’années, qui avait deux sœurs, je crois, qui étaient dans un foyer pour enfants. Lui aussi avait été ballotté mais pas dans les mêmes familles d’accueil donc il n’avait plus de nouvelles de ses sœurs depuis des années et il voulait en avoir.
Il m’avait dit qu’il savait où elles étaient et qu’il avait déjà écrit à la directrice du foyer mais il n’avait jamais reçu de réponse. Donc on avait réécrit, sur le PC, en expliquant qu’il était en prison, qu’il voulait avoir des nouvelles de ses sœurs, etc. Et là, nous avons eu une réponse. Dans sa première lettre, il avait écrit avec plein de fautes et on n’avait même pas pris la peine de lui répondre.

Il était super heureux parce qu’une correspondance a suivi. Elles lui ont envoyé des dessins, elles étaient contentes de savoir qu’il y avait quelqu’un quelque part.

Je pense aussi au cas d’un SDF qui avait un chien et quand il avait été arrêté, l’animal avait été emmené à la SPA. Il était venu me voir en pleurant car il ne savait pas ce que son chien allait devenir. En fait, une amie l’avait pris mais elle ne pouvait plus le garder car ça coûtait trop cher. Il a eu peur qu’on l’euthanasie, donc j’ai eu l’idée d’écrire à la Fondation Prince Laurent et ils ont dit qu’ils allaient garder le chien jusqu’à ce qu’il sorte de prison. Il a pleuré de joie.

"Il faut montrer de l’empathie mais pas trop. Ce n’est pas toujours facile"

Le Guide Social : Vous avez suivi une formation pour devenir écrivain public mais vous n’étiez pas formée pour travailler en prison. Comment vous y êtes-vous pris ? Est-ce que c’est venu naturellement ?

Marie-Christine Gengoux : J’ai suivi la formation écrivain public en 2002. En revanche, à l’époque, il n’y avait aucune formation qui préparait à travailler en prison par rapport à la détresse psychologique, au milieu carcéral, etc.

J’y suis allée au feeling, avec ma personnalité, avec mon vécu. J’avais quand même plus de 50 ans, je n’étais pas une gamine non plus. C’est clair que si j’avais été une jeune fille de 22 ans ça aurait été plus compliqué.
Avec le temps, les gens qui ont suivi la formation d’écrivain public ont pu faire des stages et certains étaient intéressés de venir en prison.

Le Guide Social : Vous avez donc reçu des stagiaires ?

Marie-Christine Gengoux : Oui. Je me souviens d’une dame, un peu plus âgée que moi à l’époque, qui était très stressée.

Il faut savoir que les permanences étaient le soir et à l’arrivée il y a les miradors, les détenus qui crient aux fenêtres, qui se parlent, qui mettent de la musique à fond donc elle était déjà perturbée. Puis, on m’a demandé de monter voir un détenu à sa cellule, en restant en dehors de la grille. Elle est venue avec moi et lorsque nous sommes montées au septième étage, qui est celui des mœurs et des protégés, nous avons croisé le monsieur qui était soupçonné d’avoir tué des petites filles à Liège. Cela lui a provoqué une crise d’urticaire et elle n’a plus voulu revenir.

Il y a des gens qui ont peur et qui ne supportent pas. Il faut avoir les nerfs solides.

Le Guide Social : Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait exercer ce métier ?

Marie-Christine Gengoux : Je ne conseillerais pas de faire écrivain public en prison à quelqu’un de timide et de trop jeune non plus car il y a beaucoup de manipulateurs.

Je conseillerais d’essayer de garder ses distances, même s’il faut être amical, bien sûr. Par exemple, au début, j’avais tendance à tutoyer les détenus, surtout les jeunes. Mais je me suis rendu compte qu’en les tutoyant ils me tutoyaient aussi et ça induit une certaine familiarité qui n’est pas bonne parce qu’alors ils demandent des petits services, et ça commence comme ça. De la même manière, je conseillerais de donner la main et de ne pas faire la bise.

Il faut montrer de l’empathie mais pas trop. Ce n’est pas toujours facile.

"Parfois, j’avais des jeunes de 18 ans qui venaient d’être arrêtés et qui arrivaient presque en pleurs dans mon bureau"

Le Guide Social : Est-ce que le fait de mettre la distance avec les détenus vous a aussi aidé à en prendre sur votre travail ?

Marie-Christine Gengoux : Oui, parce que quand on est trop impliqué dans le vif, on se dit que ce n’est pas possible.

J’ai beaucoup de cas de gens qui ont vécu des parcours chaotiques : des pères alcooliques, violents, des familles d’accueil à gauche à droite. Le genre de choses qu’on n’est pas vraiment habitué à entendre quand on vient d’un certain milieu.

Le Guide Social : Est-ce que vous travailliez seule ou en équipe ?

Marie-Christine Gengoux : Toute seule, sauf quand j’avais des stagiaires. A l’époque, au PAC on avait aussi une formation continue une fois par mois, avec différents intervenants. On pouvait parler des problèmes qu’on pouvait rencontrer en tant qu’écrivain public, de ce qui avait lieu d’améliorer, etc.

Le Guide Social : Vous avez toujours travaillé dans la même prison ?

Marie-Christine Gengoux : Au début, je faisais une permanence à la maison d’arrêt [pour les personnes qui ne sont pas encore condamnées, ndlr] et une permanence à la maison des peines [quand la peine a été prononcée, ndlr]. Puis, une personne a été engagée pour travailler à la maison des peines et j’ai continué seulement à la maison d’arrêt.

Entre les deux, le courrier est différent parce que quand on vient d’être arrêté, on est confronté à pas mal de soucis et c’est un peu dans l’urgence. Tandis qu’en maison des peines, ils préparent leur libération et il faut faire différentes démarches pour chercher un appartement, etc.

Le Guide Social : Est-ce que vous aviez une préférence entre les deux ?

Marie-Christine Gengoux : A la limite, je préférais la maison d’arrêt parce que vous voyez beaucoup plus de détenus, il y a un roulement. Tandis qu’à la maison des peines, vous voyez un peu toujours les mêmes.
Parfois, j’avais des jeunes de 18 ans qui venaient d’être arrêtés et qui arrivaient presque en pleurs dans mon bureau et vous faites un peu office d’assistante sociale par moment.

"Une personne sur dix ne sait ni lire ni écrire"

Le Guide Social : Où peuvent travailler les écrivains publics ?

Marie-Christine Gengoux : Il y en a un peu partout. Moi je travaillais en prison. J’ai vu qu’il y avait un écrivain public à la Mutualité socialiste, à Solidaris, il y en a un à la bibliothèque B3 (anciennement Bibliothèque Chiroux à Liège), il y en a aussi au CPAS. La liste des permanences est d’ailleurs reprise dans mon livre.

Le Guide Social : C’est un métier encore peu connu.

Marie-Christine Gengoux : Il revient en force alors qu’il était vraiment tombé en désuétude. Aujourd’hui, il y a plus de trente permanences écrivains publics dans la région de Liège.

Le Guide Social : Pourquoi est-il revenu ?

Marie-Christine Gengoux : C’est assez incroyable mais, selon les chiffres officiels de Lire et Ecrire, actuellement en Belgique, une personne sur dix ne sait ni lire ni écrire. Evidemment, au sens un peu plus large que savoir lire les lettres. C’est-à-dire qu’elle ne comprend pas un courrier, par exemple.

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"Même les détenus m’ont dit d’écrire un livre pour faire connaitre ce qu’ils vivent et comment ils vivent"

Le Guide Social : Comment vous est venue l’idée d’écrire le livre « La plume du violon » ?

Marie-Christine Gengoux : Quand je disais que j’étais écrivain public en prison, on ne savait pas ce que je faisais. Déjà écrivain public les gens ne connaissent pas. Et puis on me posait toujours plein de questions : si je n’avais pas peur, comment ça se passait, ce qu’ils avaient fait, ce que j’écrivais, etc.

Alors j’ai commencé à prendre des notes. Et puis, même les détenus m’ont dit d’écrire un livre pour faire connaitre ce qu’ils vivent et comment ils vivent.

Ainsi, dans mon livre je parle aussi de la prison, pas uniquement de ma permanence. J’explique le quotidien : comment ça se passe pour le travail en prison, les douches, etc.

Le Guide Social : Et selon vous, le métier d’écrivain public est essentiel ?

Marie-Christine Gengoux : Tout à fait. Vous savez, en France, il y en a dans chaque mairie et ce sont des employés communaux. Tout devient tellement compliqué que beaucoup de gens sont perdus quand ils reçoivent un courrier. Et maintenant, non seulement ils sont écrivains publics mais la formation est au fait sur le numérique pour lutter contre la fracture numérique.

Propos recueillis par Caroline Bordecq



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