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Anciens détenus : le chemin de croix pour la réinsertion

31/07/19
Anciens détenus: le chemin de croix pour la réinsertion

Le Guide social s’est intéressé à la réinsertion des ex-détenus et aux acteurs sociaux qui gravitent autour de ce processus. Nombreuses sont les associations en Belgique qui accompagnent les anciens prisonniers dans leur réinsertion. Ces services, plus qu’utiles pour la société, sont malheureusement surchargés et peinent à faire face à la demande, faute de moyens. Rencontre avec Après, une des associations qui s’occupent d’accompagner les ex-détenus.

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La question de la réinsertion des ex-détenus dans la société soulève la problématique des moyens mis à disposition mais également celle de la volonté politique et sociétale placée dans cette réinsertion. Cette interrogation, cela fait 30 ans que l’asbl Après se la pose, et la problématique est de plus en plus présente. « Nous faisons face à un système qui prône une certaine forme de vengeance ainsi qu’à un durcissement de la société », alertent les membres de l’association. La peine purgée ne suffit plus à enlever la condamnation sociétale, véritable double sentence. Pourtant, il est plus que nécessaire d’offrir une aide à la sortie de prison pour des personnes qui, bien souvent, se retrouvent seules avec le risque alors de refaire les mêmes erreurs que par le passé.

Une préparation essentielle

L’association Après existe depuis 30 ans et compte une dizaine d’employés tous diplômés dans le domaine des sciences humaines que ce soit en psychologie, philosophie, criminologie ou autre. Elle a pour mission l’accompagnement pour la future réinsertion des détenus qui en font la demandent. Préparer au retour à la société ainsi qu’à son regard et à son jugement tel est le but de ses acteurs sociaux. Car tout détenu qui entre en prison est un jour amené à en sortir. Il est dans l’intérêt général de la société qu’il puisse se réinsérer pour le mieux.

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« On essaye de vraiment mettre en place un accompagnement très global, au sens large. Connaître son histoire, son passé, son parcours scolaire et professionnel, pourquoi il en est arrivé là, son milieu social, sa situation psychologique. On crée un lien de confiance dans des entretiens préalables pour ensuite attaquer le vif du sujet qui est la formation, le travail », explique Maxime Closset, intervenant psycho-social au sein de l’asbl Après. Il est nécessaire pour préparer le futur de comprendre son passé, de savoir d’où on part, les moments où on a faibli.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la prison : le contexte social, la violence de l’environnement, la dureté de la vie, la dilapidation des rêves. Autant de maux qui conduisent souvent les ex-détenus à être déconnecté de la réalité une fois le retour à la liberté. Pour éviter la récidive, qui est un risque présent, il faut mettre en place les outils d’accompagnement nécessaires au futur développement hors de la prison comme, en premier lieu, le logement et le travail.

A différents moments de la vie du prisonnier…

Une telle réinsertion ne se fait pas du jour au lendemain. Celle-ci doit être pensée, préparée et accompagnée par les acteurs sociaux. « On intervient à différents moments de la vie du prisonnier qui a fait une demande. A partir de là on l’aide à monter un projet de réinsertion qu’il présente par la suite au tribunal d’application des peines dans le but d’obtenir une libération anticipée », complète Sophie Pollak, intervenante psycho-sociale. Pour réaliser le dossier, l’association prend le temps de faire un bilan sur la personne. Savoir où elle en est mentalement, connaître ses souhaits pour demain ainsi que les possibilités susceptibles de s’offrir à elle.

L’association s’occupe spécifiquement de la réinsertion des ex-détenus bruxellois détenant des papiers en règle. Pour elle, le mieux est une prise en charge du détenu dès la détention : « Le cas idéal c’est une prise en charge le plus tôt possible. On peut ainsi suivre son parcours du début à la fin et alors construire au mieux sa réinsertion ».

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L’asbl apporte aussi un rôle de stabilité et de bienveillance envers les détenus durant leur séjour carcéral comme après la libération. « On tisse un lien avec eux qui est particulier. On est là dans un moment délicat de leur vie, on est véritablement un point de repère pour eux durant cette période. Un point d’ancrage. »

Victor Hugo avait parfaitement décrit, il y a de ça bien des années, la condition des ex-détenus continuellement poursuivis par leur ancien statut. Les libérés se voient coller une étiquette qui conditionne leur futur. Les murs de la prison sont remplacés par les barrières de la société. Pourtant, la lutte contre la criminalité ou la délinquance ne se fait pas après… Elle se fait avant. L’asbl Après est réservé au nouveau départ.

B.T.

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Commentaires - 4 messages
  • Article très intéressant. Le parcours de cette ASBL est très inspirant pour notre institution qui organise une formation d'orientation pour ce même public mais sur Liège (le module "et après")

    Alternatives formations vendredi 22 novembre 2019 09:56
  • Je suis un ex-détenu depuis plus de 6 ans maintenant. Et si toutes vos constatations sont pertinentes, je crois qu'il est une peine supplémentaire qui peut s'ajouter à celle déjà purgée et à celle que nous inflige par la suite la société en nous considérant comme des parias. Il faut désormais, et c'est extrêmement dommageable dans certains cas, tenir compte de la médiatisation et de la subsistance dans le temps des faits commis et des noms qui y sont associés. Bien plus encore que le casier judiciaire, c'est cette résurgence incessante du passé qui nuit à certains. Et face à cela, on ne peut quasi rien faire: tant les médias que Google se réfèrent au droit à l'information, piétinant allègrement et sans aucun remords le droit à la vie privée et le droit à l'oubli. Je crois, à titre personnel, que les lois doivent changer et permettre, après le sursis, de pouvoir, non pas effacer le casier, mais de donner aux ex-détenus qui vivent cela les outils qui leur permettent d'au moins effacer cela

    yanniktoussaint mercredi 13 octobre 2021 16:37
  • Et surtout les médias diffusent leur vérité et non la vérité judiciaire

    yanniktoussaint mercredi 13 octobre 2021 16:39
  • Oui, l'article est intéressant, mais il y a eu quoi comme évolution dans le suivie des ex- détenus ? Il y de ça quoi 20 ou 30 ans, il y a quoi de changé dans les prises en charges de ce public ?
    Vous dites créer du lien quand le Gas en face de vous a une épée de Damoclès au-dessus de sa tête ! Vous savez quand on a soif on boirait n'importe quoi ! Mais, j'ai l'impression que c'est les intervenants sociaux qui boivent et qui acquiesce du chef ! J'écris ça pour la forme, par ce que vous connaissez très bien la situation et vos sorties positives depuis 30 ans aussi ?
    Y'en a-t-il une qui a innové où trouver des solutions pour faciliter cette réinsertion ?

    Le Petit Gavroche mercredi 16 novembre 2022 17:15

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