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Stop à la déshumanisation des soins

19/12/17
Stop à la déshumanisation des soins

Le Copel-Cobes, ainsi que plusieurs professionnels du secteur, ont souhaité réagir en faveur de leur profession, mais également pour mettre en garde contre les dérives engendrées par des soins qui se veulent de plus en plus "evidence-based". Opinion.

Le ministère de la Santé est à l’initiative d’un faisceau convergent de mesures qui détruisent et vont détruire toujours davantage un art du soin et de l’écoute que beaucoup nous envient.

Que ce soit pour les psychothérapies, pour l’organisation des soins en santé mentale, pour la réformes des hôpitaux, pour l’implantation d’un plan Evidence Based Practice et pour d’autres mesures encore, l’esprit et la méthode de travail du ministère sont toujours les mêmes.

De nombreux médecins généralistes, psychiatres, pédiatres, pédopsychiatres, infirmiers, travailleurs sociaux, psychologues, kinésithérapeutes, logopèdes, psychomotriciens, de nombreux services et institutions découvrent dans la manière dont la ministre les traite, la manière dont ils devraient dorénavant traiter leurs patients : d’une manière autoritaire, mécanique et déshumanisante qui désespère tout lien humain par une ingénierie réductrice.

On nous répondra que telles ne sont pas les intentions, soit, mais telles en seront bien les conséquences. Sauf à dormir sur ses deux oreilles, ce qui n’est possible que la tête dans le sable, il n’est pas difficile de le savoir déjà.

C’est la conséquence inévitable de la réduction de ces métiers à l’application de guides de pratiques standardisées dites « bonnes pratiques » et de l’application infondée de ce modèle médical au traitement du malaise, de la souffrance psychique et de tout ce qui touche finalement au lien social. Cette application ne peut se faire qu’au mépris de tout ce que l’on sait quand on travaille au chevet de cette souffrance.

Voici comme cela se passe : la ministre a décidé de tout remplacer par du soi-disant nouveau et du soi-disant moins cher tout en ne voulant rien savoir de l’impasse dans laquelle elle engage usagers et praticiens.
Le Centre d’expertise fédéral (KCE) et ses sous-traitants, eux, fournissent à la demande une caution ‘scientifique’ à cet agenda de tendance néo-libérale. Une consultation pseudo-démocratique des travailleurs de terrain doit dissimuler l’arbitraire des reformes imposées. Pour ceux qui ne se soumettront pas à « l’évidence » , le KCE dispose déjà d’un plan, conçu par des managers, pour « modifier les comportements » de ceux qui n’auraient pas eu le bon goût d’être convaincus.

Pensée unique, formation unique, pratique unique, appauvrissement des savoirs, sciences réduites à un scientisme autoritaire, domination d’un modèle idéologique implanté sous couvert de rationalisation et de diminution des dépenses ; et tout cela sans un vrai débat politique, ni un réel échange avec les acteurs du terrain.

Ces mesures constituent une atteinte grave à la liberté de choix des praticiens et des patients. L’exclusion programmée de pratiques impliquant l’art de l’écoute et de la parole au profit de protocoles schématiques ne permettra pas une amélioration des soins. Il en résultera la mise en place d’un système rampant d’exclusion des soins. Voilà ce qui nous attend, de manière sûre si nous ne nous révoltons pas.

Le Collectif des praticiens de la parole- Collectief voor het Behoud van het Spreken rassemble des deux côtés de la frontière linguistiques des praticiens de tous bords qui refusent la mainmise du néo-hygiénisme managérial sur leur métier. Ils sont décidés à se regrouper et à s’organiser pour contrer cette mise en place insidieuse vendue au nom de notre bien.

Un meeting intitulé « Stop à la déshumanisation des soins » aura lieu le jeudi 21 décembre entre 10 et 14h à la Maison des Associations Internationales, rue de Washington 40, 1050 Bruxelles.

Signataires :

Philippe Bouillot, psychologue, Marie Brémond, psychologue, Hélène Coppens, psychologue, Nathalie Crame, psychologue, Tom Debois, orthopédagogue , Liesbet Dekock, psychologue, docteur en philosophie
Joost Demuynck, professeur psychopathologie, psychiatre, Sara De Vos, psychiatre, Cis Dewaele, travailleur social, Geert Hoornaert, psychologue
Nathalie Hublet, pédopsychiatre, Nathalie Laceur, psychologue, Emmanuelle Reich, psychiatre, Alexandre Stevens, psychiatre, Yves Vanderveken, psychologue, Thomas Van Rumst, psychologue



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