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Quand même le logement fait défaut…

30/06/17
Quand même le logement fait défaut...

Le problème du logement en CPAS est lié à de nombreuses situations : insalubrité, violences conjugales, sans-abrisme. Pour y faire face, logement d’urgence, adresses de références sont une réponse partielle possible. Aussi, force est de constater que le travail réellement effectué est parfois fort loin du travail social d’accompagnement.

Chaque semaine, les CPAS accueillent des demandes de familles en difficultés de logement. Beaucoup de ces personnes rencontrent des problèmes dans le fait de pouvoir disposer d’un habitat sain et abordable. Par manque d’accès à la propriété, la plupart sont contraints de se tourner vers la location. Les plus fragilisés sont alors confrontés au manque de logements sociaux ainsi qu’à un marché locatif privé, de mauvaise qualité. Pour les assistants sociaux, un travail de courtier en immobilier auquel il n’est pas formé commence. Si certains outils sont à sa disposition, l’absence de solutions durables à proposer et de partenariats fiables mettent le travailleur social dans une position difficile.

Répertoire des aides possibles ?

Les aides à la disposition des assistants sociaux de CPAS pour accompagner les usagers sont multiples et diverses. Que ce soient les logements de transit, d’insertion, l’octroi de garanties locatives, les primes d’installation pour les sans-abri ou les adresses de références, le travailleur social dispose à priori de multiples outils pour solutionner la question du logement. Malheureusement, ces derniers restent insuffisants au vu du nombre de personnes qui restent précarisées face à leur habitat. L’expert du social doit alors orienter ses recherches vers les AIS , les abris de nuit… In fine, il endosse sa tenue d’agent immobilier à la recherche du logement adapté pour le bénéficiaire.

Le cas des expulsions

Lorsque des personnes sont expulsées, il appartient à la commune de les « reloger ». Cependant, cette compétence a priori communale est souvent, voire presque toujours, déléguée au CPAS. Dans ce cadre, les justices de paix informent les CPAS des audiences d’expulsions. Mais ces dernières ne sont cependant transmises à l’institution que quelques jours avant l’audience Ainsi, aucun travail de fond ne peut être envisagé. La famille et le travailleur social se retrouvent alors systématiquement avec un jugement d’expulsion.

Les difficultés énergétiques

Même lorsque les bénéficiaires ont un logement, le travailleur social doit gérer toute une série de problèmes énergétiques. Une mauvaise isolation du bâtiment ou un immeuble non entretenu entraînent une augmentation des factures de chauffage et d’électricité. Le CPAS est alors compétent pour intervenir et tenter de solutionner les soucis. Des aides, comme le Fond énergie, le droit de tirage, le PAPE existent et sont régulièrement activées. Ces dernières demeurent malheureusement lacunaires ou insuffisantes au vu de la dégradation du parc locatif en Belgique.

Les qualités de l’assistant social

Le travailleur doit, dans sa recherche de logement, développer des compétences particulières. Celles-ci sont parfois fort éloignées du travail social. Ainsi, au-delà d’une bonne connaissance du marché locatif local, l’expert du social doit pouvoir en maîtriser les aspects juridiques (baux, etc.). De plus, l’assistant social doit également acquérir des compétences techniques, comme les règles d’urbanisme ou autres notions d’architecture. Mais surtout, être un bon négociateur, diplomate et convaincant, doivent faire partie de ses qualités indispensables. Il faut souvent persuader l’éventuel propriétaire frileux de louer un appartement à cette maman seule au chômage avec ses 5 enfants ou à ce monsieur alcoolique et imbibé dès le matin…

La position de l’institution

La position politique de l’institution est parfois « ambiguë ». En effet, le souhait pour le CPAS d’éradiquer le problème du logement est clairement énoncé. Mais il existe aussi une véritable volonté d’éviter que ne s’implantent sur leur commune les plus marginalisés.Ce type de population ne génère aucune rentrée fiscale et peut, de plus attirer les problèmes. Des témoignages rapportent des refus d’inscription, comme la non-attribution d’une adresse de référence, car les personnes concernées n’ont pas été radiées dans la commune où elles résidaient (alors que le CPAS de la nouvelle commune peut s’en charger). Dans d’autres situations, il arrive également que la commune estime l’adresse « contestable », notamment dans le cas des résidents permanents en campings.

Quelles perspectives ?

Développer les AIS, objectiver les loyers, mettre en pratique le fond central des garanties locatives, appliquer la législation sur les logements, mais surtout rendre ses compétences à chacun est important. L’ensemble de ces mesures permettrait ainsi d’éviter que le travailleur social ne devienne le dernier et unique filet de sécurité en matière de garantie de logement.

I.I., assistante sociale.

[A Lire]

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Commentaires - 2 messages
  • Le Fonds énergie = "Fonds" prend un "s"!!!

    Bien que les allocataires sociaux touchent fréquemment le fond, ils savent encore faire la différence entre les discours hypocrites et la réalité de leur vécu...
    Les cpas n'interviennent pratiquement jamais...ils rejettent systématiquement les dossiers en la matière!

    Beaucoup de blabla mais en fin de compte que du vent!

    Orthofillon vendredi 30 juin 2017 12:34
  • Une solution? Augmenter fortement le nombre de logements publics. Cela permettrait de diversifier les profils de leurs locataires et de mettre la pression sur les loyers du parc locatif privé. Ca se fait ailleurs (en Autriche par exemple) et ça marche, alors pourquoi pas chez nous?

    Une autre AS

    C la pastèque jeudi 6 juillet 2017 09:00

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