Abus sexuels sur des jeunes : "Professionnels, croyez-les !"
« Promouvoir la santé à l’école », e-Journal destiné aux professionnels de la promotion de la santé à l’école, a réalisé l’interview de la sexologue canadienne Jocelyne Robert. Son livre « Te laisse pas faire ! Les agressions et les abus sexuels expliqués aux enfants » offre aux professionnels de la santé et de l’enfance, notamment des services PSE, de précieux conseils pour faire face correctement à ces situations sensibles. Selon l’autrice, croire les jeunes est la première attitude à aborder.
Comment entendre, écouter et surtout aider les enfants et les adolescents victimes d’agressions et d’abus sexuels ? Quels sont les signes, les symptômes de ces maltraitances ? Quelles sont les attitudes à adopter dans pareilles situations ? Ces questions, bon nombre de travailleurs du secteur psycho-médico-social peuvent se les poser au cours de leur carrière. Confrontés à des inquiétudes par rapport à un enfant, les professionnels de première ligne du secteur de la santé ou du secteur de l’enfance se sentent souvent désarmés… L’ouvrage que vient de publier la sexologue canadienne Jocelyne Robert pourra leur apporter une série de réponses. En effet, ce guide, destiné aux petits mais également aux grands, fourmille de bons conseils pour les aider à réagir correctement et à adopter les bons réflexes.
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Des signes qui doivent alerter
Dans son dernier numéro, « Promouvoir la santé à l’école », e-Journal destiné aux professionnels de la promotion de la santé à l’école, a réalisé l’interview de l’autrice de « Te laisse pas faire ! Les agressions et les abus sexuels expliqués aux enfants ». Dans cet entretien, elle dévoile tout d’abord les signes évocateurs d’abus sexuels sur un jeune.
Pour elle, les professionnels de l’enfance et de la santé doivent notamment être « attentifs à des signes spécifiques comme par exemple le fait, pour un enfant, d’avoir un comportement très sexualisé ou d’employer un langage sexuel plus cru et inusité », explique-t-elle au journal « Promouvoir la santé à l’école ». Et de rajouter : « On rencontre aussi des jeunes qui refusent soudain d’entendre parler de sujets liés à la sexualité ou qui, après avoir eu un comportement très amical avec un adulte, ne veulent plus le voir... Il y a également les dessins, leur évolution ou les messages que l’on peut repérer dans ceux-ci. Face à un enfant qui s’emmure et s’entoure de couches superposées de vêtements ou, au contraire, qui se montre très dévêtu, sans doute y a-t-il aussi des questions à se poser... Bien sûr, ce serait une erreur de sauter directement à une conclusion mais ces signes ou une combinaison de certains d’entre eux doivent inciter à être pour le moins attentifs. »
Que faire face à un enfant qui libère la parole et qui se confie sur les sévices qu’il a subi ? Pour la sexologue, l’élément clé est de le croire et de ne pas remettre en cause ses propos. « Nous devons nous arrêter et entendre l’enfant, l’écouter, s’asseoir à ses côtés, aller plus loin. Et lui montrer qu’on est là pour l’aider, qu’on fait équipe avec lui et non contre lui ou elle », pointe-t-elle à l’e-journal.
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L’éducation à la sexualité et l’affectivité, un parent pauvre
Finalement, Jocelyne Robert évoque les moyens insuffisants dédiés à l’éducation à la sexualité et à l’affectivité. Selon elle, cette dernière a toujours été un parent pauvre en matière d’éducation. « En fait, de nombreux adultes ne sont pas à l’aise pour aborder ce thème, ils ont intériorisé un certain nombre de tabous et/ou ils ne savent pas comment s’y prendre pour en parler », observe-telle. « Pourtant, il est évident que les gains d’une éducation à la vie sexuelle et affective, tout comme à la notion de consentement, seraient importants, y compris pour faire face au porno, à l’augmentation des IST, aux IVG, à la violence sexuelle... De plus, une meilleure prévention via une éducation sexuelle globale est vraiment une piste à suivre pour donner aux enfants des clés afin qu’ils aient conscience de ce qu’est une situation d’abus. »
Face à ce constat, elle préconise « d’investir dans une éducation qui inclut la sexualité en tant que dimension faisant partie intégrante du développement de l’enfant et à convaincre nos décideurs de le faire. »
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E.V.
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