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Colère du secteur de l’enfance : quel avenir pour les réformes MILAC et ATL ?

29/04/21
Colère du secteur de l'enfance : quel avenir pour les réformes MILAC et ATL ?

Depuis plusieurs semaines, le secteur de l’enfance exprime son désarroi et sa colère. « Déjà fortement impacté financièrement par la crise sanitaire, nous apprenons aujourd’hui que les réformes tant attendues par le secteur tomberaient à l’eau », déplore Cécile Van Honsté, directrice de la Fédération des Initiatives locales pour l’Enfance. Pour visibiliser leur situation et leurs revendications, la FILE a lancé une pétition ainsi qu’une campagne de sensibilisation à destination des parents.

« Les travailleuses et les travailleurs du secteur ont été fortement malmenés par la crise sanitaire. Depuis le début de la pandémie, ils n’ont jamais arrêté d’accueillir les enfants et ce malgré le manque de matériel, la peur du virus. Aujourd’hui, c’est un secteur fragilisé, surchargé par une lourde charge administrative. Il s’essouffle... Et l’avenir ne s’annonce pas rose », alerte Cécile Van Honsté, directrice de la FILE, grande fédération des milieux d’accueil petite enfance et ATL. Elle rajoute : « Nous déplorons l’absence de perspectives ambitieuses pour le secteur. Les réformes tant attendues seraient sérieusement rabotées. Sans compter que nous n’avons pas été concertés dans l’élaboration du nouveau contrat de gestion ONE. »

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Wallonie mène en ce moment un conclave budgétaire qui englobe le contrat de gestion de l’ONE. Ce dernier dresse les grandes lignes conductrices du secteur pour les cinq années à venir. Souci et de taille : les principaux concernés n’ont pas été concertés. L’inquiétude est palpable avec une question centrale : « A quelle sauce allons-nous être mangés ? » L’avenir de deux grosses réformes interpelle particulièrement les acteurs de terrain.

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MILAC : les accueillantes conventionnées abandonnées

La première est la fameuse réforme de la petite enfance, connue aussi sous le nom de MILAC. Les milieux d’accueil espéraient des mesures fortes : un renforcement en personnel d’accueil, le financement de postes de directions ou encore l’accès à un contrat de travail pour sortir les accueillantes conventionnées de la précarité, …

« Actuellement, les milieux subventionnés bénéficient d’un soutien financier pour une puéricultrice pour sept enfants. La réforme nous promettait une ETP et demi pour le même nombre d’enfants. Cette mesure essentielle est-elle toujours d’actualité ? Nous avons besoin de clarifications concernant les budgets », explique Cécile Van Honsté.

Le passage au statut salarié pour les accueillantes d’enfants à domicile conventionnées est aussi au cœur des inquiétudes. « Aujourd’hui toutes les nouvelles professionnelles jouissent de ce statut mais la situation est beaucoup plus délicate pour 1.200 anciennes accueillantes qui sont toujours conventionnées. Elles attendent toujours de pouvoir bénéficier de ce statut bien plus confortable. Selon nos informations, d’après le programme des autorités politiques, 30 anciennes accueillantes bénéficieraient, par an, du passage vers le statut de salarié ! C’est trop peu. On maintient 1.200 personnes sous un statut précaire. Essentiellement des femmes ! Nous estimons que c’est un enjeu politique fondamental de soutenir ces accueillantes. » Sans compter qu’en les abandonnant à leur triste sort, on risque de perdre de précieuses places d’accueil !

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Réforme ATL : des financements dérisoires

La réforme Accueil Temps Libre est aussi au cœur des revendications du secteur. « Elle doit normalement voir le jour prochainement mais d’après ce qu’on voit il y aura des financements dérisoires », poursuit la directrice de la FILE.

C’est la douche froide. « Pour l’ATL, nous espérions une réforme ambitieuse, avec notamment la valorisation et la reconnaissance du secteur, des conditions de travail correctes, des moyens pour offrir aux enfants un accueil de qualité. Et là, on se retrouve face à une réformette. Ce n’est pas entendable. L’Accueil extrascolaire est toujours resté ouvert, même au plus fort de la crise sanitaire. Ce secteur a suppléé à l’école. Et pourtant on l’appelle encore et toujours injustement garderie. Or, c’est réellement un secteur essentiel et pourtant sous-financé. »

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Campagne de sensibilisation et pétition

Suite aux interpellations du secteur de l’enfance du 1er avril, vu l’absence de réponse politique à la mobilisation et au dépôt du préavis de grève des syndicats pour le 5 mai, le secteur de l’enfance continue de se mobiliser. La FILE a lancé une campagne de mobilisation auprès des parents ainsi qu’une pétition. Le but ? Visibiliser leur situation et sensibiliser le grand public mais aussi les autorités politiques à leurs revendications :

  • Un accueil de qualité et accessible pour tous les enfants ;
  • Des professionnel·le·s en suffisance pour les accueillir ;
  • Du personnel formé, avec des conditions de travail correctes et des statuts stables ;
  • La poursuite et le financement des réformes de l’accueil petite enfance et de l’accueil temps libre.

E.V.



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