CPAS : le contrôle des chômeurs provoquera un "tsunami social"

D’ici 2015, les exclusions de chômage pourraient coûter 97 millions d’euros en plus aux CPAS. C’est le signal d’alerte qu’a lancé hier le Président de la Fédération des CPAS de Wallonie, Claude Emonts. Une situation qui mettrait les CPAS de Wallonie dans une situation bien embarrassante.
La nouvelle stratégie de suivi et contrôle des chômeurs de Wallonie prévoit 50.000 emploi exclus d’ici le 1er janvier 2015. Voilà, en grandes lignes, ce qui ressort de l’étude FGTB sur les exclusions de chômage :
– 32.105 personnes verraient leur allocation d’insertion supprimée en Wallonie ;
– dont 2.409 à Liège ;
– les femmes seraient les plus touchées : 64% au total
Un tsunami social
Dans le pire des cas, si tous les exclus du chômage venaient à demander de l’aide aux CPAS d’ici le 1er janvier 2015, cela coûterait 97 millions d’euros en plus aux CPAS de Wallonie. Dans le plus « probable » des cas, comme le souligne Claude Emonts, si une personne exclue des allocations d’insertion sur trois viendrait à ne pas se présenter au CPAS de sa commune, « le coût supplémentaire pour les CPAS serait de plus de 73 millions d’euros pour faire face à cette première vague de nouveaux demandeurs ! »
« Ces charges viendraient en cascade impacter les finances des communes, déjà lourdement touchées ces dernières années par d’autres mesures fédérales : réforme des pensions, de la Police, etc. », ajoute le Président de la Fédération des CPAS de Wallonie.
Survivre au Tsunami social
Si le Gouvernent fédéral s’était engagé à financer ce transfert de charges, les moyens débloqués sont insuffisants. Des moyens supplémentaires et du personnel seront indispensables au bon fonctionnement du secteur.
« A titre d’exemple, en 2014, le CPAS de Liège recevra 500.049 € censés couvrir les sanctions chômage temporaires et définitives qui ont déjà été opérées en 2012. On estime à environ 10% de nos dossiers qui viennent d’exclusions chômage. C’est bien mais pas encore assez car à Liège, il faudrait 5.491.146€ de plus comme moyens supplémentaires. »
Concertation-action
Claude Emonts plaide pour une concertation entre les CPAS, les syndicats et le secteur non-marchand afin de développer un « Plan Marshall social ». Un plan qui viserait entre autres « la diminution du nombre de bénéficiaires des CPAS, notamment via l’augmentation de l’insertion professionnelle » et la création « de la plus-value sur le plan de l’activité économique sociale de proximité ».
« Défendre l’essentiel »
Parmi les mesures qu’il défend au niveau fédéral, Claude Emonts demande de « défendre l’essentiel, à savoir soutenir les CPAS pour leur permettre de poursuivre leurs missions fondamentales ». En ce sens, il recommande d’arrêter tout transfert de charges, d’assurer un financement intégral des missions imposées, d’augmenter les moyens relatifs au personnel et d’octroyer des moyens complémentaires avant le 1er janvier 2015.
Au niveau régional, il préconise de garantir le maintien des moyens d’actions dans le cadre de la régionalisation des compétences (et budgets) et d’augmenter le financement de l’insertion sociale et socioprofessionnelle des personnes bénéficiant le revenu d’intégration.
Et d’ajouter, « en conclusion, j’invite toutes et tous à sortir des seules préoccupations comptables car il ne suffit pas de nous mettre d’accord sur qui paiera la facture ».
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