Enfants et jeunes confinés : les lignes d’écoute leur tendent la main
Parlez-en ! Cela semble si simple. Mais de nos jours, même en cette période de déconfinement partiel et progressif, beaucoup d’enfants et de jeunes n’ont personne autour d’eux avec qui ils se sentent suffisamment en sécurité pour parler. A l’aide d’un spot diffusé à partir de ce 18 mai sur les différentes chaînes de radio et de télévision de la RTBF et sur les réseaux sociaux, les services d’aide s’adressent aux enfants et aux jeunes : "Parlez-en ! Appelez la ligne 103, ils sont là pour vous écouter. C’est entièrement gratuit et anonyme."
"La crise du Covid-19 nous a tous profondément affectés. Mais dans le secteur, nous sommes particulièrement inquiets pour les enfants et les jeunes touchés par le confinement", alertent une série d’acteurs de l’aide à la jeunesse. "Bon nombre d’entre eux se trouvent en situation fragilisée et ne trouvent pas le moyen de parler de leurs problèmes ou de faire appel à l’aide indispensable. Plus cette période se prolonge, plus leur situation devient difficile." Malgré les premiers assouplissements, ils ont peu de perspectives. C’est pourquoi les organisations Ecoute-Enfants*, Child Focus et SOS-Enfants lancent une campagne commune, avec un point de contact central, à savoir la LIGNE 103.
Ceci permet de communiquer clairement et de faciliter la démarche pour les jeunes. Cette campagne est soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles avec l’appui des Ministres Valérie Glatigny et Bénédicte Linard.
"Pour certains enfants (et certaines femmes), le foyer n’est pas un lieu sûr et le confinement rend cette période encore plus délicate qu’habituellement. Les violences intrafamiliales et conjugales sont en augmentation. Nous devons toutes et tous être vigilant·e·s et cette initiative lancée par Child Focus permettra, nous l’espérons, de rappeler qu’une ligne d’écoute et de chat est à leur disposition, afin que chacune et chacun puisse recevoir l’aide dont elle ou il a besoin", dit Bénédicte Linard, la Ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles.
"En cette période de confinement, les violences intrafamiliales peuvent augmenter. Les enfants et les jeunes peuvent être plus exposés au danger. Le numéro 103 offre aux enfants, aux adolescents et aux parents une écoute bienveillante. Je me réjouis qu’il puisse, grâce à cette campagne, être mieux connu de tous", souligne Valérie Glatigny, la Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Les plus vulnérables, coupés de l’aide extérieure
Il y a tout d’abord le groupe des enfants et des jeunes vulnérables qui sont victimes de violence, de négligence et d’abus sexuels à la maison. La maltraitance des enfants, y compris les abus sexuels, a généralement lieu au sein de la famille. A titre indicatif, le nombre d’appels pour violence intrafamiliale auprès d’Awel, le service d’aide en ligne et téléphonique pour les enfants et les jeunes en Flandre, a doublé depuis le début de la crise du coronavirus. Les mesures prises pour lutter contre le coronavirus isolent encore plus ces jeunes, et renforcent le climat d’insécurité. Ils sont coupés de leurs professeurs et des professionnels qui les accompagnent habituellement, à même de détecter les signaux d’alerte et à qui ils peuvent se confier et parler de leurs problèmes.
Les lignes d’aide téléphonique telles que la ligne 103 de Ecoute-Enfants, SOS-Enfants (avec le chat "Maintenant j’en parle") ou la ligne d’urgence de Child Focus 116000 font actuellement tout leur possible pour aider ces jeunes à distance. Le besoin est grand. "Mais même si le nombre d’appels a augmenté, nous sentons que beaucoup de jeunes ne savent pas comment ou n’osent pas faire appel à cette aide", signale Sylvie Courtoy, directrice pédagogique de Ecoute-Enfants.
Les jeunes, face aux risques d’Internet
Pendant cette crise, les jeunes passent également beaucoup plus de temps en ligne. Heureusement, l’Internet et les médias sociaux offrent la possibilité de rester en contact avec leurs amis et avec l’école. Mais ils sont aussi plus exposés aux risques de l’Internet. "Chez Child Focus, nous constatons que le nombre de signalements de sextortion a quasi triplé. Heureusement les jeunes nous contactent de plus en plus spontanément pour ce genre de problèmes. Nous constatons également un doublement du nombre de signalements d’images d’abus sexuels d’enfants sur notre ligne d’assistance stopchildporno.be", confie Miguel Torres Garcia, vice-directeur général de Child Focus.
Une réponse commune
En amont de cette campagne, il existe une coordination entre les lignes d’aide et d’urgence téléphonique. Cela permet d’orienter immédiatement les enfants et les jeunes vers une aide spécialisée si nécessaire. A partir d’un seul et même endroit, soit l’écoutant de Ecoute-Enfants est à même d’aider immédiatement le jeune, soit il va le guider vers le conseiller spécialisé approprié au sein d’une autre organisation partenaire. Les enfants et les jeunes sont ainsi guidés vers l’aide la plus adéquate.
Vous pouvez découvrir le spot ici :
[Sur le même sujet] :
– Visites autorisées et encadrées dans les centres d’aide à la jeunesse
– Confinement : le quotidien chamboulé des enfants placés
– Aide à la Jeunesse : le confinement renforce les inégalités
– Coronavirus : le dilemme pesant des AMO pendant le confinement
– Aide à la jeunesse : "Nous sommes les parents pauvres de la crise"
– Aide à la jeunesse : recrutement de personnel dans les services d’hébergement
– Béatrice, éducatrice dans la petite enfance, lance un coup de gueule
Ajouter un commentaire à l'article