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Grande manifestation de la Santé : "Le soignant doit libérer sa parole !"

02/09/20
Grande manifestation de la Santé:

Le traditionnel mois de septembre marque symboliquement la rentrée des mouvements sociaux portant les revendications des travailleurs. Cette année ne dérogera pas à cette règle, et ce, malgré la crainte du coronavirus. Le 13 septembre aura lieu une grande manifestation des travailleurs de la santé organisée par le collectif « la santé en lutte » dans le but de continuer les actions entreprises depuis de longs mois et de rappeler encore et toujours leurs revendications !

Initialement prévue pour le 29 mars 2020 à Bruxelles, la grande manifestation a été repoussée au 13 septembre 2020 à cause de la pandémie de coronavirus. À l’initiative de cette journée de mobilisation, le regroupement de travailleurs de la santé organisée sous le nom de « la santé en lutte ». Cette structure, qui se veut un collectif démocratique regroupant l’essentiel des travailleurs du domaine des soins et de la santé existe depuis un peu plus d’un an.

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Une journée de mobilisation, une série de revendications

Cette journée du 13 septembre représente pour les travailleurs et travailleuses de la santé, une catharsis, une libération de la parole après des mois de sacrifice pour lutter contre la pandémie. Les revendications sont claires et simples, ce sont les mêmes qui traversent le secteur de la santé depuis des années, ces mêmes revendications qui, mois après mois, ont forgé le socle de l’unification du secteur. A savoir, le refinancement des soins de santé qui doit passer par une refonte de la logique marchande de la santé et de la course à la privatisation. La question du manque de personnel et de comment celui-ci est traité est aussi l’une des grandes préoccupations des acteurs du mouvement au même cas que la visibilité auprès des plus jeunes des métiers de la santé. Car le secteur souffre également du manque de politique attractive des métiers de soins et de la santé, surtout pour le domaine public. Et, la crise du coronavirus a eu l’effet de montrer la nécessité d’avoir des services de santé de qualité accessibles à tous et les dangers de faire de la santé une marchandise.

« La crise sanitaire, le coronavirus, a mis en lumière les difficultés de notre travail. La santé est primordiale, c’est un bien commun, et en ce sens il faut en prendre soin collectivement. On va tous être patient un jour , et un proche le sera également par nécessité, et ce jour, on espère avoir le meilleur des services possibles. Les gens se rendent enfin compte de nos conditions de travail, ils se rendent compte vraiment de cette marchandisation du secteur, et ce soutien, il est important pour nous. On a besoin de cette légitimité que la population nous accorde en nous applaudissant, en reconnaissant nos conditions et en comprenant nos luttes. Maintenant, on attend que la population vienne avec nous dans la rue le 13 septembre. Cette journée doit être une convergence des luttes citoyennes, on a déjà d’autres groupes appartenant à d’autres secteurs que celui de la santé, il y a aura un groupe féministe, des écologistes… Donc autant les travailleurs que les citoyens seront présents », déclare Adèle Fege, sage-femme dans un hôpital public et membre active de « La santé en lutte »

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Des petites victoires comme moteur

Depuis la création du collectif « santé en lutte » et de celui des « blouses blanches », il y a eu « un fond des blouses blanches » accordé grâce aux discussions syndicales avec le gouvernement fédéral. Ce fond, à la hauteur de 402 millions d’euros, est accordé pour les hôpitaux et centres psychiatriques. Il s’agit d’une petite victoire pour le secteur, mais elle montre néanmoins que le débat est ouvert.
« 402 millions pour un hôpital ça représente seulement 25 temps pleins. Il y a beaucoup de domaines écartés de ce fond comme les maisons de repos, les soins de première ligne ainsi que les autres travailleurs hors santé dans un hôpital. Bien que cela soit une avancée positive, c’est loin d’être suffisant et il ne faut pas se glorifier de si peu. Si un secteur est oublié cela déséquilibre les autres par effet domino », précise Adèle Fege.

Ce fond accordé en juin 2020 représente l’un des premiers objectifs que souhaitait atteindre le secteur en conjuguant les revendications du milieu. Le collectif « la santé en lutte » veut maintenant, par le biais de la journée du 13 septembre, mettre un coup de pression supplémentaire au gouvernement Wilmès. En effet, ce dernier annonce un projet pour le secteur des soins de santé à hauteur d’une enveloppe de 600 millions d’euros. Dans cette enveloppe, 500 millions d’euros seront destinés à la revalorisation salariale et 100 millions à l’amélioration des conditions de travail. Cette annonce faite en juillet 2020 va dans le sens des revendications du secteur, mais les travailleurs ne souhaitent pas pour autant baisser la garde et lâcher le rapport de force.

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Maintenir la pression

Le collectif souhaite faire de la journée du 13 septembre un point d’ancrage marquant le retour de ses luttes sociales après la période de pandémie. La problématique de la sûreté sanitaire va être un des éléments-clés au bon fonctionnement de la manifestation. Car la crainte, surtout pour la population souhaitant se joindre à la manifestation, est de voir l’émergence d’un cluster de coronavirus. Cette angoisse légitime et réelle, corroborée par la recrudescence des infections, le collectif en a pleinement conscience et souhaite être intraitable sur ce point.

« La manifestation partira de la gare centrale, le parcours n’est pas encore totalement terminé, car on doit prendre en compte les mesures sanitaires. Bien sûr, le masque sera obligatoire et le respect de la distanciation sociale sera respecté dans la mesure du possible. Il faut faire une marche massive, et pour que cela soit possible en cette période, il faut nécessairement respecter et prendre en compte les mesures sociales. Dans ce sens, il y a aura des bénévoles qui veilleront à faire respecter les règles sanitaires. »

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Et les syndicats, dans tout ça ?

Cette rentrée sociale, marquée par la journée du 13 septembre, n’est pas à l’initiative des syndicats qui soutiennent néanmoins l’action. « Nous soutenons nos membres qui souhaiteraient participer à la manifestation, car les revendications pour un refinancement des soins de santé sont indispensables », déclare, par exemple, la CNE.

Même si le mouvement se veut convergeant et non-excluant, il est palpable qu’il ne fait pas l’unanimité au sein des syndicats qui y voient une défiance. « Il est vrai que certains syndicats nous disent que les réponses du gouvernement sont bonnes et qu’il faut écouter. Pour nous, il est essentiel de maintenir ce rapport de force pour continuer à gagner ce genre de petites victoires. Il y a peut-être une peur des syndicats, du moins pour la tête, de voir un remplacement par nos actions. Mais nous, on est là pour dire aux gens que le syndicat est crucial et qu’il faut se syndiquer. On est le lien entre le syndicat et les travailleurs bien souvent méfiants. La CGSP a compris cela et elle sera officiellement avec nous le 13 septembre », note Adèle Fege.

Et de conclure : « Le soignant a du mal à se mobiliser, mais il faut qu’il libère sa parole, qu’il marche dans la rue pour instaurer un vrai rapport de force qui conduira à des négociations fédérales efficaces. Tous dans la rue, c’est le mot d’ordre. »

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B.T.



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