Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

La fondation Roi Baudouin organise un deuxième dénombrement des sans-abris

22/10/21
La fondation Roi Baudouin organise un deuxième dénombrement des sans-abris

D’année en année, les chiffres du sans-abrisme ne cessent d’augmenter en Europe. Mais qu’en est-il en Belgique ? L’étude Mehobel menée de 2015 à 2018 a mis en exergue un manque flagrant de réponse chiffrée en Wallonie et en Flandre. La fondation du Roi Baudoin a donc mis en place un premier dénombrement en 2020 afin d’obtenir des chiffres concrets. Les résultats sont alarmants ! Elle renouvelle donc l’étude ce 29 octobre 2021.

Réduire le sans-abrisme est une des priorités dans la lutte belge et européenne contre la pauvreté. La Commission européenne appelle les États membres à lutter contre le sans-abrisme à l’aide de stratégies globales basées sur la prévention, l’approche centrée sur le logement et l’étude des réglementations et des pratiques en matière d’expulsions. Mais pour mener une lutte à bien, faut-il encore savoir comment organiser le combat. C’est-ce que cherche à faire la fondation Roi Baudouin à travers le deuxième dénombrement des personnes sans-abris et sans chez-soi prévu ce 29 octobre.

Le but de cette étude est d’obtenir un regard le plus global possible des différentes situations de sans-abrisme avec la collaboration des premier.ère.s concerné.e.s et des services en lien avec le secteur. Cathy Verbyst, coordinatrice de projets au sein du programme “Pauvreté et justice sociale” de la fondation, nous offre un panorama de la situation.

Aucuns chiffres structurels en Flandre et en Wallonie

Cathy Verbyst débute avec un retour dans les années 2010 : “Pour l’historique, en 2014, a eu lieu un accord de coopération sur le sans-abrisme et l’absence de chez soi. Dans ce cadre, une étude MEHOBEL a été réalisée avec l’objectif de mettre en place une stratégie nationale de monitoring du sans-abrisme et du sans chez-soi.”.

En 2005, la FEANTSA (Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri) a développé la typologie de l’exclusion ETHOS liée au logement. En 2007, ETHOS Light a été développé en tant qu’outil pour les chercheu.se.s en matière de sans-abrisme.

Il permet de rendre compte d’un sans-abrisme “caché”. Cathy Verbyst précise : “La typologie fait la distinction entre 7 catégories : l’espace public, l’hébergement d’urgence, les foyers d’hébergement, les sorties d’institution, les logements non-conventionnels, les séjours chez les amis et/ou la famille et les menaces d’expulsion.

Ces catégories permettent de faire la distinction entre le sans-abrisme et le sans chez chez-soi : “Le “sans-abrisme” vise les personnes qui dorment dans l’espace public ou dans un centre d’hébergements et “sans chez-soi” concerne les individus qui dorment chez des amis ou la famille.” Les logements non conventionnels regroupent deux types de logements : les instables définis par des logements précaires et les logements insuffisants regroupent les structures non conventionnelles et les logements indignes.

Sur base de cette typologie, des questionnaires ont été distribués aux premier.ère.s concerné.e.s. ainsi qu’aux services compétents.

L’issue de l’étude MEHOBEL a démontré un besoin urgent de coordination des collectes des données sur l’ensemble du territoire belge. En effet, la mise en place d’une telle stratégie permet d’entreprendre des actions plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté.

La réponse de la Fondation Roi Baudouin

Deux ans plus tard, la fondation Roi Baudouin a mis en place un dénombrement des personnes sans-abris et sans chez-soi. Cathy Verbyst se souvient : “ On recherche avec la Fondation du roi Baudouin à voir où on peut avoir le plus d’impact. On travaille sur le logement et on s’est rendu compte qu’on ne savait rien sur le sans-abrisme en Wallonie et en Flandre. A Bruxelles, une étude est réalisée tous les deux ans depuis 2008.

L’objectif est d’”avoir un impact sur la définition de ce que sont les sans-abrismes et on voit que les pouvoirs locaux sont intéressés aussi pour avoir ces données. Surtout qu’on observe une augmentation des chiffres du sans-abrisme partout en Europe. Le comptage à Bruxelles montre que d’année en année, les chiffres s’aggravent.

Ainsi, la fondation a demandé aux professeurs Koen Hermans (à l’origine de la recherche MEHOBEL) et Patrick Italiano de réaliser une cartographie du phénomène. Comme le recommandait l’étude de 2015 à 2018, le but est de donner une impulsion à l’organisation de dénombrements récurrents et uniformisés en Belgique.

Le premier dénombrement : une phase d’expérimentation

Cathy Verbyst raconte : “ L’année passée, le premier dénombrement s’est réalisé sur deux grosses villes (Gand et Liège) et deux petites (Arlon et la province du Limbourg). Le chiffre le plus frappant qui est ressorti, est celui du pourcentage de jeunes entre 18 – 25 ans, en situation de sans-abrisme ou de sans chez-soi.

Ils représentent environ 20 à 25% de la population totale avec une exception à Liège dont le pourcentage est de 9.2. Le facteur déclencheur est souvent dû à un conflit avec les parents ou la famille.

Les données récoltées confirment que les personnes qui vivent dans la rue ne constituent que la partie visible de l’iceberg. A Arlon par exemple, 67 adultes sur les 149 étudié.e.s vivaient dans des lieux non conventionnels ou chez des parents/amis. A Gand, ils.elles étaient 829 sur 1472.

On voit aussi que le sans-abrisme concerne les enfants directement lors du partage de la même situation de vie que leurs parents ou indirectement avec un des deux parents en situation de sans-abrisme ou d’absence de chez-soi.

Le passé institutionnel est également étudié. De cette caractéristique en revient qu’il existe une part importante de sans-abris avec un passé en institution. La forme la plus importante relève de la psychiatrie, suivi de la prison et de l’aide à la jeunesse.

L’importance des services de terrain

Pour la coordinatrice, la structure du dénombrement revient à “prendre une photo le 29 octobre, où on va examiner la situation de logement de la nuit précédente sur un territoire spécifique. L’objectif est également de créer des liens entre les observations des différents services qui interviennent sur la problématique du sans-abrisme. Ces services sont par exemple ; les services de première ligne comme les CPAS, les relais sociaux, les services de mutualité, les maisons médicales, les institutions hospitalières, la SNCB et la Police qui ont des visions assez claires des gens qui dorment dans la rue. Les acteurs du logement interviennent également par l’intermédiaire des sociétés de logement social qui ont un regard objectif sur les cas de menaces d’expulsion.

Et leur rôle est primordial. La réussite du dénombrement dépend de la densité et diversité du réseau d’organisations. Cathy Verbyst insiste : “Ce dénombrement ne peut pas se faire sans les services de terrain. L’année passée, 160 services étaient impliqués. Ainsi, la motivation des acteurs est très importante car cette étude demande beaucoup de travail pour les acteurs de terrain.

Cette année, l’étude se déroulera sur les territoires de Charleroi, Namur, du Sud de la Flandre occidentale et de Vilvorde.

Réponse politique

Les effets du premier dénombrement se font déjà ressentir sur le terrain. La coordinatrice soulève : “Au niveau très local, on voit des nouvelles dynamiques entre services et des actions. Par exemple, à Liège, ils développent un projet autour des jeunes en errance. Maintenant, on espère qu’une conférence interministérielle sur le secteur du sans-abrisme et du sans chez-soi sera bientôt organisée.

A. Teyssandier



Commentaires - 1 message
  • Notons qu'il s'agit, également, d un dénombrement sur le sans chez soi. Nommé dans le texte, mais lorsque l on voit des chiffres du cités de gand, par exemple le sans chez sois apparaît bien plus important que le sans abrisme. Rappelons également, que cette iniguative est soutenue par de nombreux services qui ne s occupent pas du sans abrisme directement mais qui ont des bénéficiaires qui le subissent en plus d'autres problématiques

    ludovicdahlem vendredi 22 octobre 2021 10:42

Ajouter un commentaire à l'article





« Retour