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Lancement d’une nouvelle formation interdisciplinaire en soins palliatifs

07/09/23
Lancement d'une nouvelle formation interdisciplinaire en soins palliatifs

En juin 2022, le Guide Social avait interviewé Simon Elst au sujet de la plateforme de sensibilisation « Palliapro » qui propose un ensemble de ressources et témoignages spécialisés en soins palliatifs. Nous le retrouvons aujourd’hui accompagné d’Anne-Pascale Lejeune, avec qui il propose une nouvelle formation interdisciplinaire en soins palliatifs à destination des infirmières, infirmiers et professionnels paramédicaux. Elle débute le 28 septembre sur le campus Erasme.

Simon Elst, infirmier spécialisé en soins palliatifs et en algologie et Anne-Pascale Lejeune également infirmière de profession et enseignante depuis 25 ans à la haute école Prigogine proposent, à Erasme, une nouvelle formation d’un an autour des soins palliatifs. Le profil « terrain » de l’un et l’expérience « enseignement » de l’autre composent un duo complémentaire à la création d’une formation réunissant enseignements généraux et pratique. L’interdisciplinarité et le progressisme sont au cœur du programme porté par une quarantaine d’intervenant.es dont un sociologue, un spécialiste des religions, de nombreux.ses infirmier.ères mais aussi une entrepreneuse de pompes funèbres et une sexologue. Si vous vous sentez piqué.e d’intérêt, la formation débute le 28 septembre et il reste des places.

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Lire aussi : Infos et inscription à la formation sur ce lien

« Une qualification reconnue pour les infirmières et infirmiers ! »

Le Guide Social : Alors qu’il n’y a pas d’obligation à former les étudiants en art infirmier aux soins palliatifs dans le cadre de leur parcours d’études initial, peu de formations spécifiques à ces soins composent le paysage des formations continues bruxelloises. Votre nouvelle proposition s’ajoute donc au certificat inter-universitaire et au CEPSI : CPSI. En quoi votre formation est différente ?

Simon Elst : Le domaine des soins palliatifs est un domaine récent qui évolue rapidement. Il nous a semblé intéressant et essentiel de proposer une offre de formation qui permettrait d’intégrer à la fois les bases en soins palliatifs et des notions progressistes. En cela, nous avons cherché à proposer une forme et un contenu originaux. L’idée est qu’une personne qui sort de la formation soit à même de pratiquer des soins palliatifs dans son contexte de soins.

Anne-Pascale Lejeune : C’est une formation de 188 périodes (50 minutes). Au cours de ces périodes, nous proposons un éventail varié de domaines de connaissances. Le plus de cette formation est son aspect pluridisciplinaire car les soins palliatifs s’effectuent en interdisciplinarité sur le terrain.

Simon Elst : 100 périodes sur 188 sont ouvertes à tous et à toutes. Les 88 restantes sont spécifiques au public infirmier car la formation permet d’obtenir une qualification reconnue pour ce corps de métier : une qualification professionnelle particulière valorisée sur le terrain.

Le Guide Social : L’idée du tronc commun a été développé dans un souci de représentation de l’ensemble des échelons de la pyramide des soins.

Simon Elst : Il permet de parler un langage commun à propos des situations auxquelles nous faisons face en tant que professionnel.les. Cette interdisciplinarité se traduit à travers le panel varié d’intervenant.es avec notamment des infirmiers mais aussi des psychologues, une assistante sociale, une ergothérapeute et une kiné, toutes spécialisées dans les soins palliatifs.

Nous avons aussi des infirmières qui exercent dans différents espaces de soins : unité de soins palliatifs, en équipe mobile de soins palliatifs mais aussi en maison de repos et en équipe de deuxième ligne. Cela permet de brosser des réalités différentes, d’avoir une meilleure identification des personnes ou structures vers qui se tourner mais aussi de mieux se comprendre les uns, les autres.

Nous avons fait appel à un réseau principalement bruxellois comme Brusano, CEFEM (Centre de Formation à l’Ecoute du Malade), CPO (Centre de Psycho-Oncologie), la Fédération bruxelloise des soins palliatifs mais aussi le GIFD (Groupe Infirmier.ères Francophone Douleur). Nous avons été vigilant à ne pas faire appel à un seul réseau de soins mais bien à le diversifier avec des intervenant.es de l’ULB, de Bordet, de Brugmann etc mais aussi de l’UCL ainsi que des équipes de deuxième ligne pour garantir une vision pluraliste.

« Couvrir toute la ligne des soins palliatifs »

Le Guide Social : Parmi les intervenant.es, on compte notamment un bénévole du service de soins palliatifs de Longchamp Molière, le Lotus. Pourquoi faire intervenir un bénévole ? Quelle place occupe-t-il dans le processus des soins palliatifs ?

Anne-Pascale Lejeune : La présence des bénévoles est une spécificité des soins palliatifs. Ils.elles sont les représentant.es de la société civile auprès de personnes en fin de vie. Ce statut, cette intervention sont historiques. Ce sont des personnes formées que l’on retrouve tout au long du chemin des soins palliatifs. Leur présence n’est jamais imposée, elle se propose auprès des patients. Du fait de leur place particulière, ils et elles recueillent un certain nombre d’informations auxquelles nous n’avons pas forcément accès en tant que professionnel.les. Ainsi, ces personnes sont inclues au moment des rapports. Il nous semblait donc indispensable, dans cette vision interdisciplinaire, d’y intégrer la participation d’un bénévole.

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Le Guide Social : Quelles sont les thématiques qui seront abordées lors de cette nouvelle formation interdisciplinaire ?

Anne-Pascale Lejeune : Il y a une partie classique qui aborde la pharmacologie, l’algologie, la gestion des symptômes et les spécificités des soins palliatifs en fonction des pathologies car il n’y a pas que l’oncologie concernée par les soins palliatifs.

De manière plus originale, nous aborderons l’accessibilité aux soins palliatifs dans un contexte de justice sociale. Aborder cela permet aux soignant.es d’identifier les professionnel.les vers qui ils et elles peuvent renvoyer leurs patient.es en fonction de leur place dans la pyramide des soins. Nous aborderons également la vie familiale et les aidant.es-proches. En effet, il est important de s’intéresser aux personnes qui gravitent autour du patient.

La vie affective et sexuelle en fin de vie est également au programme ainsi que les grandes religions et les notions de spiritualité, d’éthique dans les soins.

Un point important sera également développé : la législation et les pratiques concernant l’euthanasie et la sédation palliative. Il est primordial que les professionnel.les soient au clair avec cela car c’est une spécificité belge et les deux pratiques sont tout à fait différentes.

Enfin, nous approcherons les moments après la mort, avec notamment la visite d’une morgue mais aussi la santé des soignant.es et des équipes.

L’ensemble de ces thématique permet de couvrir toute la ligne des soins palliatifs.

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Simon Elst : Nous avons développé deux axes de réflexions : généraliste, d’un côté et idées et pratiques émergentes, de l’autre. Le cours d’éthique, qui est conséquent, est un bel exemple d’une grosse base théorique mise au service de la réflexion des problématiques courantes liées aux soins palliatifs. Pour les nouveautés, nous avons fait appel à des professionnels particuliers qui sont à la pointe de ce qu’ils font.

Il était important pour nous de prendre en compte les évolutions de la formation des infirmiers. Pour cela, nous avons fait appel à un intervenant en sciences infirmières, particulièrement en lien avec l’émergence des sciences infirmières et l’apparition du nouveau master. L’idée est de pouvoir faire profiter des théories présentes en sciences infirmières appliquées aux soins palliatifs, notamment concernant l’approche spirituelle. Par exemple, nous faisons appel au Coma Science Group de l’université de Liège qui étudie les états d’inconsciences et de comas.

Nous collaborons donc avec des gens très pointus sur des sujets très actualisés en lien avec notre volonté de développer cette formation sur la nouvelle définition des soins palliatifs qui représente un changement de culture et pose des questions. Toute notre réflexion se base sur une intégration précoce des soins palliatifs et non pas en rupture en toute fin de vie.

Anne Pascale Lejeune : Ce qui est malheureusement encore la vision de nombreux.ses soignant.es et ce quel que soit leur parcours. Ainsi, nous espérons qu’un professionnel bien formé va pouvoir apporter des soins et un regard réflexif et adapté à la personne mais aussi être un vecteur de bonne communication dans son entourage. Il est fondamental que les citoyen.nes puissent aussi avoir cette conscience de l’évolution des soins palliatifs.

Pour développer cette formation, nous nous sommes appuyé.es sur des études qui montrent que l’anticipation des soins palliatifs amène une meilleure prise en soin du patient avec une confiance augmentée entre le patient et son soignant ainsi qu’une meilleure résolution des symptômes. On espère vraiment que les connaissances acquises lors de cette formation puissent faire tache d’huile.

Les conditions d’accès à la formation !

Le Guide Social : Pour finir, quelles sont les conditions d’accès à la formation ?

Simon Elst : Il faut être infirmier.ère brevetée ou bachelier.ères. En dehors des infirmier.ères, les médecins, tous les professionnel.les du paramédical et les assistant.es sociaux.ales peuvent également participer à la formation. Il est bon de noter que la formation est éligible au congé éducation payé.

Anne-Pascale Lejeune : Nous regrettons de ne pas pouvoir accueillir les aides-soignant.es. C’est un biais pour toutes les maisons de repos et de soins car au chevet des résident.es âgé.es, ce sont souvent les aide-soignant.es. C’est malheureusement un frein au travail interdisciplinaire. Nous comptons donc sur les infirmières qui viendront se former pour développer la culture des soins palliatifs au sein de leurs services et équipes.

A.Teyssandier

Pour en savoir plus sur cette formation en soins palliatifs, rendez-vous sur ce lien !

Savoir plus :

Illustration de l’Homme étoilé, infirmier spécialisé en soins palliatifs qui a publié deux BD et qui va publier sa troisième BD.




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