Le Groupe de concertation sur la psychothérapie affirme son soutien à Maggie De Block
A l’heure où 250 signataires transmettent une lettre ouverte à Charles Michel pour lui demander de suspendre le vote de la loi de Maggie De Block sur la psychothérapie, le Groupe de concertation sur la psychothérapie réaffirme son soutien.
Regroupant des associations et des acteurs francophones de la santé mentale, le Groupe de concertation sur la psychothérapie (GCP) soutient le projet de réparation de la loi du 4 avril 2014 relative à la règlementation légale de la psychologie clinique, de l’orthopédagogie clinique et de la psychothérapie proposé par la ministre, M. De Block. Celle-ci a assumé pleinement la responsabilité de réparer les lacunes et les insuffisances de la loi initiale en lui assurant des fondements juridiques solides validés par le Conseil d’État.
Une loi qui rencontre plusieurs exigences
Le GCP adhère aux dispositions portant sur la psychothérapie parce qu’elles contribueront à protéger réellement le patient en promouvant un exercice de qualité étayé par une formation exigeante, des méthodes rigoureusement évaluées et les apports constants de la recherche. Ces exigences rencontrent les demandes des milieux scientifiques et académiques, mais aussi les attentes des usagers et de leurs associations représentatives. Enfin, ces dispositions sont similaires à celles adoptées depuis longtemps par la plupart des pays européens ayant légiféré en la matière.
Interventions de l’Assurance maladie : un premier pas
La loi initiale du 4 avril 2014 ne règlementait pas l’exercice de la psychothérapie au sein de l’Arrêté royal 78, mais lui accordait un statut spécifique. Celui-ci constituait un obstacle juridique majeur aux interventions financières de l’Assurance maladie invalidité. En insérant l’exercice de la psychothérapie au sein de la loi du 15 mai 2015 (ex AR 78), la ministre De Block a levé cet obstacle et elle a ainsi ouvert la voie à ces interventions. Les patients qui suivent un traitement psychothérapeutique ou qui en bénéficieront ne pourront que s’en réjouir. Cette ouverture a suscité d’emblée des inquiétudes, des interrogations et des supputations quant aux critères et aux modalités qui seront privilégiées dans un contexte de contrôle budgétaire strict. Le projet de loi actuel n’a pas pour objectif d’y répondre. Ces critères et ces modalités seront fixés ultérieurement au terme d’un débat au sein de l’INAMI entre toutes les parties concernées. Les affirmations péremptoires sont prématurées et les interprétations demeurent hypothétiques.
Conseil fédéral des professions de la santé mentale
L’insertion dans la loi du 10 mai 2015 se traduit en premier lieu par la création d’un Conseil fédéral des professions de la santé mentale composé paritairement de représentants des milieux professionnels et académiques. Ce Conseil aura pour mission de formuler des avis à la ministre afin de concrétiser cette loi-cadre par de nombreux arrêtés d’exécution. Il pourra bénéficier de la contribution d’experts externes. Le GCP souhaite que ces experts émanent non seulement des différentes approches théoriques et méthodologiques en psychothérapie, mais aussi des associations d’usagers. Cet apport s’inscrirait dans les recommandations du « Guide vers de meilleurs soins en santé mentale » signé lors de la Conférence interministérielle Santé publique du 26 avril 2010.
Élargissement à d’autres professions de base
Actuellement, seuls les médecins psychiatres exercent la psychothérapie dans un cadre légal. Le projet ministériel étend cet exercice aux psychologues cliniciens et aux orthopédagogues cliniciens après une formation spécialisée. Le GCP se félicite de cette démédicalisation de la psychothérapie proposée par la ministre De Block et de son intention de l’élargir à d’autres professions de base. En outre, elle est favorable à des dispositions transitoires très larges prenant en compte les droits acquis des nombreux praticiens de la psychothérapie issus de diverses professions. Ceux-ci pourront poursuivre légalement leurs activités en s’inscrivant dans une démarche multidisciplinaire et en conformité avec les règles déontologiques (principe de précaution, obligation de moyens, ne pas nuire).
Le GCP, ouvert au débat
Dès sa publication, le projet ministériel a suscité de nombreuses réactions et les critiques véhémentes de certains milieux professionnels relayées par les partis de l’opposition. Le GCP comprend que des conceptions divergentes de la règlementation légale de la psychothérapie se manifestent. Il est ouvert à un débat démocratique serein, rationnel et respectueux des opinions de chacun. Ce positionnement relationnel est d’autant plus justifié que les protagonistes concernés s’affirment comme des psychothérapeutes, des spécialistes de la relation, ne défendant pas des intérêts personnels ou corporatistes, mais exclusivement ceux des patients et des usagers.
Une conception qui ne reflète pas la réalité
Le GCP s’interroge sur les motivations d’un discours cherchant à communautariser la pratique de la psychothérapie. Les praticiens néerlandophones s’appuieraient sur une démarche scientifique prédominante dans le monde dit anglo-saxon tandis qu’à l’inverse les praticiens francophones privilégieraient une approche uniquement relationnelle en vigueur dans le monde dit latin. Cette lecture dichotomique relève d’une rhétorique abstraite qui ne reflète en rien les réalités du terrain clinique. Toute intervention psychothérapeutique s’opère toujours au travers d’une rencontre, d’une relation avec un sujet singulier, un couple, une famille ou un groupe. Les caractéristiques de cette relation et les moyens mis en œuvre varient selon les modèles théoriques et méthodologiques adoptés par le thérapeute. Ces modèles sont nombreux et diversifiés puisqu’on en recenserait actuellement plus de 250 ! En fonction des problèmes traités, les praticiens ne se cantonnent plus dans la pratique standardisée d’un modèle unique. Un nombre croissant d’entre eux font preuve de flexibilité en étant éclectiques ou intégratifs.
Un avenir prometteur des deux côtés
D’autres se questionnent sur les méthodes appliquées, sur leur efficacité réelle et sur les facteurs cruciaux du processus thérapeutique. Pour trouver des réponses, ils s’appuient sur des techniques rigoureuses permettant de contrôler les hypothèses posées et de vérifier les données relevées. Cette démarche scientifique est prometteuse pour l’avenir des psychothérapies et de leurs effets thérapeutiques. La variété des modèles théoriques, la flexibilité des psychothérapeutes et le souci d’une amélioration des méthodes sont heureusement présents de manière équivalente de chaque côté de la frontière linguistique.
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