Le vieillissement, véritable opportunité économique

Bien en tête dans le programme de privatisation générale des services publics en Belgique, les résidences pour seniors ont lancé la danse. Avec dans leur sillage, des initiatives de luxe qui risquent bien de créer une vieillesse à 2 vitesses.
– Soins de santé : de plus en plus de services aux mains de consortiums privés
– Les internés psychiatriques aux mains du privé
À cet égard, à Ghlin, près de Mons dans le Hainaut, un village entier va être construit pour les seniors. Le projet dénommé « les Jardins du Criquelion » comprend maisons, appartements, restaurant, parc, soins à domicile, gardiennage, nettoyage, blanchisserie, etc. L’initiative fait penser à un Club Med revisité pour personnes âgées et se situe à cheval entre la résidence et l’hôtel.
Le paradis pour vieux nantis
De premier abord, l’idée est plutôt séduisante et semble être une alternative efficace entre le domicile et la maison de repos, en désengorgeant par la même occasion les résidences publiques pour personnes âgées, toujours plus sollicitées. Certains parlent même d’un concept inédit, avec l’ambition de devenir le plus grand village pour seniors d’Europe.
Cependant, tout cela ne sera bien sûr pas gratuit. Les premières estimations tablent à un « 1800 euros par mois ». De quoi recaler à l’entrée une bonne partie des plus de 55 ans, public-cible du village.
Un projet qui sortira de terre en 2015
Les premières maisons sont attendues au mois de mars 2015. En tout, quelque 350 voire 400 logements seront créés. « Il y aura plusieurs phases dans la construction. Pour l’instant, nous avons fait une demande de permis de bâtir à la Ville de Mons. La première phase pourra démarrer si nous recevons une réponse favorable. Durant cette première phase, 104 logements seront construits, ils seront divisés en 60 appartements, 44 petites maisons et 8 pavillons », explique au groupe Sudpresse Didier Vanderbecken, l’initiateur du projet.
Par ailleurs, il est plus que probable que d’autres initiatives se développent ci et là. Car avec la progression de l’espérance de vie, l’amélioration des conditions de vie malgré le vieillissement et la demande croissante du bien-vieillir à domicile, le contexte est plutôt favorable à de tels investissements.
Vieillesse ne rime pas forcément avec richesse
Néanmoins, comme le rappelle Sylvain Etchegaray, coordinateur général de la Ligue libérale des Pensionnés, il est important qu’il y ait des limites au développement du privé dans les structures de soins pour seniors, car cela risque de gravement pénaliser les personnes âgées qui n’ont pas les moyens. « Il est évident que si le public commence à retirer ses billes des MR et MRS, le risque est grand de fragiliser encore plus des seniors déjà en difficulté », explique-t-il au Guide Social.
Et de tirer la sonnette d’alarme quant aux problèmes de solvabilité des personnes âgées.
C’est pourquoi le bouleversement démographique qu’est le papy-boom doit continuer à bénéficier d’un service public compétent, voire d’un partenariat public-privé, sans quoi cela créera inévitablement une vieillesse à deux vitesses...
Delphine Hotua
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