Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Macadam : un nouveau centre d'accueil pour jeunes sans-abris

05/10/21
Macadam : un nouveau centre d'accueil pour jeunes sans-abris

Le 12 juillet 2021 a ouvert le nouveau centre d’accueil de jour “Macadam” à destination des jeunes sans-abris de moins de 26 ans. Inscrite dans une démarche intersectorielle, l’asbl regroupe plusieurs services. La directrice, Emilie Scheen nous en dit plus sur la philosophie de sa structure et de son équipe de professionnel.le.s.

Le nouveau centre d’accueil de jour Macadam est apparu à deux pas de la gare du Midi en juillet 2021. Aujourd’hui ouverte au public quatre demies journées par semaine, l’asbl espère élargir son planning d’ouverture dans les prochains mois. Inspirée du modèle canadien Homeaway, la directrice Emilie Scheen, nous a présenté la philosophie de l’association ainsi que les services qu’elle propose liés aux missions qu’elle s’est fixée.

Une structure intersectorielle

La première spécificité de Macadam est l’intersectorialité de ses services. En effet, le projet est né d’une mise en commun des connaissances de 7 asbl de différents secteurs : le sans-abrisme, l’aide à la jeunesse, la lutte contre la pauvreté et la santé mentale. Elles ont mené une réflexion, dans le cadre du projet “Jeunes en errance” au sein du forum Bruxelles contre les inégalités, quant à la meilleure manière de répondre à la problématique des jeunes sans-abris toujours plus nombreux.ses. La directrice précise “C’est aussi le constat que certains jeunes sont renvoyés d’un service à l’autre, sans trouver de solution, c’est un peu les patates chaudes donc ils ont voulu faire ce travail intersectoriel.” Et le projet Macadam est né.

Ce genre de modèle a été inspiré par ce qu’il se fait au Canada pour lutter contre le sans-abrisme juvénile comme à travers les coalitions A Way Home. Macadam est un membre actif de la coalition A Way Home Brussels, qui se veut bi-communautaire et qui rassemble différents acteurs afin de répondre aux problèmes du sans-abrisme des jeunes à Bruxelles. "L’objectif de Macadam c’est aussi d’avoir un réseau francophone opérationnel. On souhaite que d’autres asbl viennent dans nos locaux pour proposer des permanences comme c’est le cas aujourd’hui avec SOS jeunes, Abaka asbl et bientôt le Cémo.

L’intersectorialité prônée par la structure s’influe également dans le profil de l’équipe professionnelle. La thématique du sans-abrisme étant composée de nombreuses sous-thématiques comme la santé mentale et les assuétudes, le profil des intervenant.e.s se veut être à l’image de cette pluridisciplinarité pour une action globale et forte. “ On a 2 intervenants psychosociaux, un mi-temps de travail administratif et une chargée du travail social communautaire qui travaille sur la mise en réseau des acteurs et la participation des jeunes. Notre équipe sera bientôt rejointe par deux autres intervenants psycho-sociaux et un psychologues. Comme notre structure se veut intersectorielle, nos professionnels ont des parcours différents afin d’avoir des forces dans les différents secteurs."

 A lire  : ASBL Macadam : un nouveau centre d’accueil pour les jeunes SDF

Redonner confiance et être un “fil rouge”

L’une des problématiques du sans-abrisme a trait à la perte de confiance en soi et du goût d’entreprendre des projets. C’est contre cela que l‘asbl souhaite aussi lutter. “Macadam c’est surtout une équipe d’accueil, d’intervenants psycho-sociaux pour accueillir les jeunes, leur faire émerger des demandes, retrouver confiance en eux et aux institutions et avoir des partenaires présents quand ils ont envie de se remettre dans des démarches. Pour ceux qui n’ont pas de demandes, on essaye de réveiller quelque chose à travers des activités ludiques et plus tard pouvoir proposer d’autres activités pour les engager dans quelque chose, leur montrer qu’ils sont capables et les remettre en mouvement.

Si la situation s’arrange, l’asbl garde ses portes ouvertes afin d’être présente dans les moments difficiles. “On veut aussi être un endroit où le jeune peut revenir quand ça ne va pas, être un fil rouge, que le jeune puisse nous solliciter quand il le souhaite tel un corridor des services où ces derniers sont faciles d’accès.

Un dispositif à bas seuil d’exigences

La deuxième particularité de l’asbl est de ne définir que peu de conditions d’accès à ses services. “A terme, on souhaite que les personnes peuvent venir à leur guise, sans rendez-vous, sans besoin d’avoir un projet. Mais on réfléchit aux modalités d’accueil à propos de comment faire pour que tout le monde se sente bien. Par exemple, le collectif peut être compliqué pour les filles, le public LGBTQQIA+… On cherche donc à mettre en place un espace inclusif, sécure et ne reproduisant les discriminations au sein du centre.” précise Emilie Scheen.

Cependant, étant au démarrage de l’association, les jeunes que reçoit actuellement l’équipe proviennent de réorientation d’autres structures. “Pour le moment, on ouvre uniquement deux matinées par semaine, les mardis et jeudis de 8h30 à 13h et c’est sur orientation, car on souhaite que les jeunes qui viennent le fasse en connaissance de cause. Nous ne pouvons pas proposer de logement, nous sommes un centre d’accueil de jour et c’est important que ça soit compris afin qu’il n’y ait pas de faux espoirs.

Une fois l’identité de l’asbl identifiée, ses portes seront ouvertes tous les jours. “Le mot commence à passer à propos de l’existence de Macadam. On espère à partir de novembre, ouvrir beaucoup plus.

Les services

Les services que propose le centre d’accueil de jour sont nombreux allant de l’hygiène, à l’utilisation d’ordinateurs en passant par la possibilité de participer à des activités artistiques. “ On propose des services de bases, qu’on nomme prétextes à la relation : on propose une douche, le petit-déjeuner, le repas du midi. On a aussi une borne de recharge pour les téléphones, des ordinateurs en libre-service et une consigne, un espace de repos, une bibliothèque, des jeux, un atelier artistique...L’idée c’est d’attirer les jeunes par rapport à leurs besoins de douches et de repas. C’est un prétexte pour créer du lien. On ne veut pas être un centre de jour d’accueil des sans-abris où on ferait 50 douches par matinée et être dans la simple transmission de services. Ici, on veut créer du lien.

Une fois celui-ci créé, les professionnel.le.s peuvent intervenir “ Ensuite, l’équipe psychosociale est là pour écouter les jeunes et les aider dans les premières démarches.”

L’ensemble de ces services sont également accessibles à des jeunes qui ne sont pas à la rue mais qui rencontrent de grosses difficultés “Notre public cible sont les jeunes de moins de 26 ans, mineurs compris, sans abris ou à risque d’être sans abris. Par exemple des jeunes qui vont de squats en squats, des jeunes qui connaissent des violences familiales et qui sont très peu chez eux. Donc on ne cible pas que les jeunes dans la rue car on se rend compte que les jeunes ont beaucoup de plans B. On a des jeunes qui ont un appartement mais qui ont du mal à gérer.” Ainsi, la structure leur permet d’avoir accès à un lieu réconfortant. “Macadam leur permet d’avoir un repas chaud et gratuit, des sous-vêtements propres après la douche, des vêtements de dépannage fournis par les Petits Riens.

L’équipe de Macadam se rend également sur le terrain à l’occasion de maraudes autour de la gare du Midi avec l’asbl SOS jeunes les lundis et mercredis après-midi. C’est l’opportunité de se faire connaître, d’aller à leur rencontre et de casser des dynamiques de groupes qui ne sont pas toujours à l’avantage des jeunes dû aux consommations et tensions en leur proposant de venir dans les locaux de l’asbl.

Une démarche politique

Les actions menées par Macadam s’inscrivent dans une démarche politique afin de rendre compte du terrain, des besoins et demandes des jeunes pour obtenir des financements adéquats. “Une de nos missions est de réfléchir à des solutions structurelles et intersectorielles et de les porter devant les politiques dans une démarche de plaidoyer. Notre structure se veut aussi comme un petit observatoire des jeunes en errance pour pouvoir porter toutes nos connaissances au politique car ce qui est souvent dit c’est qu’il n’existe pas de chiffres ou de données.

 A lire : Structures d’hébergement : le point sur les dispositifs en place

T.A.



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour