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Plus de contrôle pour les infirmiers indépendants ?

19/09/17
Plus de contrôle pour les infirmiers indépendants?

A partir du 1er octobre, les infirmiers se rendant à domicile pour prodiguer des soins devront impérativement contrôler la carte d’identité de leur patient. Cette mesure, émanant de la ministre de la Santé, Maggie De Block, sert à éviter la fraude. Pourtant, les statistiques pointent un taux de fraude effectif de 2% seulement. La profession ne comprend pas.

Un grand changement est en train de s’opérer pour les infirmiers travaillant à domicile chez les patients, en cette rentrée. A partir du 1er octobre, les professionnels devront obligatoirement contrôler la carte d’identité des patients chez qui ils se rendent. Et ce, même s’ils s’y rendent plusieurs fois dans la même journée. Au sein de la profession, la mesure étonne : si, au départ, la ministre de la Santé l’a mise en place pour éviter la fraude, cette dernière s’élève à seulement 2%. Dès lors, les infirmiers indépendants s’interrogent et voient plutôt le dispositif comme un certain contrôle. Pire, aucune communication ni vers les patients ni vers les services d’administration, n’a été réalisée. Karine Dethye, secrétaire à la Fédération Indépendante des Infirmiers de Belgique, partage son avis.

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Un manque de communication total

Si la mesure date d’un certain temps, l’Arrêté Royal réglementant officiellement les actions concrètes des infirmiers qui se rendent à domicile n’a lui, été passé qu’en juillet 2017. En pleine période de vacances, ce qui n’a pas permis à beaucoup de professionnels d’en prendre connaissance. Ces derniers se rattrapent donc depuis le 1er septembre, afin d’être au point le 1er octobre, date d’entrée en vigueur de l’Arrêté. Cependant, Karine Dethye déplore un manque de communication entre toutes les instances. « Non seulement, les passages de carte dans nos lecteurs prennent du temps, les dispositifs ne sont pas au point, mais en plus, nous devons expliquer la mesure aux patients, qui n’ont pas du tout été informés. Et certains ne comprennent pas, ils estiment que c’est une intrusion à leur vie privée ».

Ni les administrations ni les patients n’ont été informés de la mesure. Quant à la profession, si elle est au courant, elle ne comprend pas bien son utilité.

Lutter contre la fraude

Un des arguments avancés par Maggie De Block est la lutte contre la fraude. « On entend par fraude, un professionnel qui ne s’est pas rendu au domicile d’une personne, mais qui a néanmoins facturé une intervention. Or, dans le secteur, les dernières statistiques pointent un taux de fraude à 2%. Cela jette un énorme discrédit sur la profession, lorsque nous devons expliquer aux patients pourquoi nous sommes obligés de passer leurs cartes dans notre lecteur », explique K. Dethye. Les professionnels ne comprennent pas que la ministre leur parle de fraude, quand le taux avéré est si peu conséquent.

 [A lire] : Les infirmiers indépendants interpellent la ministre de la santé

Un pourcentage de lecture de 90%

Les infirmiers pensent que la mesure sert plus comme un moyen de coercition. De plus, un certains ‘résultat’ est attendu par Maggie De Block. « La ministre veut un pourcentage de lecture quotidien de 90%. Les autres 10% peuvent regrouper des cas particuliers, c’est-à-dire des personnes qui ont perdu leur carte d’identité (et on doit scanner le document le prouvant) ou des vignettes de mutuelles, etc. C’est un pourcentage énorme », souligne K. Dethye. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur la qualité des soins apportés au patient, si le professionnel entre dans une logique de rentabilité…

Des logiciels non au point

Pratiquement, la mesure demande aux professionnels de se doter d’un lecteur de carte et d’envoyer les données grâce à un logiciel. Or, le matériel n’est pas du tout au point. « Ça représente un coût énorme en plus pour le professionnel. Louer le logiciel revient à 25€ par mois. Le lecteur de carte, suivant ses fonctionnalités (un lecteur Bluetooth s’élevant à une centaine d’euros), constitue également une dépense en plus pour le praticien. Dépenses auxquelles il faut ajouter la connexion. Quant aux smartphones qui permettent de lire les infos, soit ils sont obsolètes et le praticien doit en changer, soit, cela est arrivé, à cause de la surchauffe, il grille la carte. Ça représente donc quelque 400€ de coût en plus par an pour l’infirmier, c’est beaucoup. De plus, les logiciels ’buggent’ constamment », explique K. Dethye.

 [A lire] : Infirmiers à domicile : quelles sont les spécificités

Qu’en dit la ministre ?

Maggie De Block a été consultée par la profession concernant cette nouvelle mesure. Mais sans succès. « Plusieurs courriers ont été envoyés, mais nous n’avons, à ce jour, reçu aucune réponse », déplore K. Dethye. « Si nous n’étions pas contre le principe, que nous jugeons tout à fait correct, le manque de communication totale, tant vis-à-vis des patients que des administrations nous fait perdre beaucoup de temps. De plus, contrôler une personne 3 fois parce qu’elle est diabétique et qu’elle a besoin d’insuline, est-ce réellement bien nécessaire ? Nous ne pensons pas… Ce sont souvent des personnes que nous suivons sur le long terme, les probabilités que nous ayons le mauvais patient sont infimes. »

La rédaction



Commentaires - 2 messages
  • et un contrôle ADN?
    la betise de nos dirigeant n a aucune limite (ou le manque de bon sens)

    alfafa mercredi 20 septembre 2017 13:27
  • Maggie Deblock n'a que deux moteurs qui la mobilisent : 1° contrôle, contrôle, contrôle
    2° les finances: diminuer le coût de la santé, par n'importe quel moyen et quel que soit l'impact sur la population (travailleurs du secteur de la santé ou patients). (j'oublie le 3° la bouffe, visiblement)
    La médecine, elle ne sait plus ce que c'est, la vulnérabilité des gens , elle s'en fout.
    Et elle aura toujours suffisamment de moyens financiers dans son escarcelle pour payer du personnel infirmier en abondance quand elle en aura besoin.
    Au vu de ses multiples décisions toutes plus méprisantes les unes que les autres pour le reste de la population, je n'ai qu'une réaction : le dégoût!
    Et je déconseille désormais vigoureusement autour de moins de se lancer dans des études d'infirmièr(es), un métier que j'adorais mais dans lequel notre espace de liberté est aujourd'hui réduit comme peau de chagrin. Aussi bien dans le secteur hospitalier qu'Í  domicile comme je le comprends avec effroi en lisant cet article.

    infiréac jeudi 21 septembre 2017 11:07

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