Violences sexuelles infantiles : former les puéricultrices pour une meilleure prise en charge

Les violences sexuelles sur les enfants atteignent des taux alarmants. Pour endiguer ce phénomène, le député Christophe Magdalijns a soumis au Parlement de la Communauté française la possibilité d’intégrer une formation des puéricultrices à cette triste réalité et a insisté sur la nécessité d’améliorer la situation actuelle.
En commission, le député Christophe Madgalijns a d’abord rappelé des chiffres faisant écho à cette pénible réalité : près de 80 % des professionnels de santé en Belgique ne font pas le lien entre les symptômes et les violences subies par les victimes de violences sexuelles infantiles. Ces manquements sont fortement préjudiciables à court et à long terme pour les enfants et laissent des séquelles sur leur intégrité mentale et physique.
Au niveau mondial, les chiffres ne sont pas plus rassurants : l’OMS estime que 20 % à 24 % des petites filles et 5 % à 11 % des petits garçons sont victimes d’inceste. L’Association Mémoire traumatique et victimologie enfonce le clou : 81 % des violences sexuelles débuteraient avant l’âge de 18 ans. Alors, pour le député DéFI, il n’y a plus de temps à perdre : “La prévention et la détection systématique sont à réaliser dès le plus jeune âge, en commençant par le personnel de nos crèches. Car c’est une réalité : il existe des bébés violés. La formation des puériculteurs et puéricultrices à cette réalité est essentielle et peut sauver des vies”.
Une problématique insuffisamment traitée malgré des mesures déjà existantes
La réponse de la ministre de l’Enfance Bénédicte Linard a abondé dans ce sens, même si elle a d’abord tenu à citer les mesures déjà en place visant à prévenir et contrer les abus, qui apparaissent néanmoins insuffisantes au vu des chiffres précédemment cités. Elle a soutenu que toutes les formations des professionnels de l’enfance (initiale et continue) contiennent des obligations de sensibilisation à la maltraitance infantile, violences sexuelles inclues.
Et de rajouter : ”Des supports informatifs existent également et sont produits par toutes les institutions concernées, le Service de l’administration de l’aide à la jeunesse, l’ONE, les équipes SOS enfants, le Service public de Wallonie et le Service public fédéral de la Justice. Les équipes SOS enfants, pionnières en matière de prise en charge des situations de maltraitance sexuelle à l’égard des enfants, publient régulièrement leurs travaux dans des revues scientifiques comme le “Carnet de notes sur les maltraitances infantiles”, largement diffusées aux services de première ligne de la Fédération Wallonie Bruxelles”.
Des campagnes de sensibilisation et d’information sur le sujet sont également à l’œuvre. L’ONE, ainsi que le programme de prévention de la maltraitance “Yapaka”, s’adressent déjà aux responsables et aux professionnels des structures d’accueil de l’enfance. “Ces communications permettent notamment aux accueillants d’identifier le réseau existant pour aider les professionnels et les familles en cas situation de maltraitance, soupçonnée ou avérée”, a précisé la ministre. “Il n’existe pas de processus formellement défini régissant les échanges entre les crèches et les équipes SOS enfants”, a-t-elle cependant regretté.
– Lire aussi : Stop it now : une ligne d’écoute pour contrer les fantasmes sexuels violents
Les violences sexuelles infantiles ne sont pas détectées à temps...
La ministre a ensuite expliqué le déroulement du processus suivi par les professionnels de santé pour détecter un potentiel inceste à l’heure actuelle : “Les dénonciations sont souvent liées à des constats, plutôt physiques, observés sur les zones sexuelles des enfants, ou à la suite de l’observation de symptômes d’une maladie liée à des infections sexuellement transmissibles (IST), qui amènent naturellement le professionnel à se questionner sur l’origine de ce type de maladie. Sans donner le nom d’inceste ou de maltraitances sexuelles et sans établir la situation, les professionnels agissent alors en interpellant le médecin du milieu d’accueil, l’ONE ou encore SOS enfants”. On constate dès lors qu’il ne relève pas des compétences des professionnels de santé concernés d’établir la nature des violences subies.
Le Plan “Droits des femmes”, chargé de rapprocher l’ONE et le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS) en vue d’une collaboration, organise “la transmission des faits vers les équipes SOS enfants”, a noté Bénédicte Liard. “Les équipes SOS enfants prennent en charge environ 400 cas de maltraitance sexuelle par an dont près de deux tiers ont lieu dans la sphère intrafamiliale. Cependant, cette information n’est disponible qu’au terme d’un diagnostic pluridisciplinaire qui dure plusieurs mois, et l’ONE n’a pas, à ce jour, le recul nécessaire pour évaluer l’impact de la crise sur les cas avérés d’inceste”.
… ce qui implique la nécessité de formations spéciales
Et Christophe Magdalijns de déclarer en retour : “Dans l’absolu, nous constatons une insatisfaction générale de la détection prématurée en amont. Au-delà des signes physiques, il faudrait que l’ensemble des personnes qui sont en contact avec des enfants aient la capacité de détecter les signes psychologiques des drames qu’ils vivent”.
Si le député a salué les efforts entrepris, il a préconisé un suivi des chiffres beaucoup plus poussé et une réponse adaptée à cette évolution avant de conclure : “Les signalements augmentent, mais, surtout, ils sont faits beaucoup plus tôt. Certes, des actions sont entreprises, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle”.
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