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Cours d'autodéfense par et pour des femmes en situation de handicap

03/10/19
Cours d'autodéfense par et pour des femmes en situation de handicap

Les femmes qui vivent avec un handicap sont beaucoup plus souvent confrontées à des violences que les femmes valides ou les hommes en situation de handicap. Un constat alarmant qui a poussé l’asbl Garance a passé à l’action. Depuis le mois de juillet, elle coordonne NO MEANS NO, un projet européen ambitieux. Le concept ? Des cours d’autodéfense donnés par et pour des citoyennes qui vivent avec différents types de handicap.

Des femmes en situation de handicap qui apprennent à d’autres femmes en situation de handicap à assurer leur sécurité et à se défendre. Voici la noble mission que s’est fixée l’asbl Garance, association qui lutte contre les violences basées sur le genre. Si le projet répondait à un vrai besoin, encore fallait-il pouvoir le financer… Pas une mince affaire. L’association a en effet dû se battre durant cinq ans pour décrocher des subsides européens permettant une mise en place de ces cours d’autodéfense. Et bonne nouvelle : les efforts de Garance ont payé ! Depuis le mois de juillet, elle chapeaute officiellement le projet NO MEANS NO qui réunit sept organisations partenaires dans quatre pays (Belgique, Allemagne, France et Pologne). Il fonctionnera sur deux ans à partir de janvier 2020 avec un budget global de 700.000 euros.

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« Nous espérons former plus de 300 femmes »

La première étape sera l’organisation d’une formation spécialisante pour les formatrices d’autodéfense féministe. Travailler avec des femmes en situation de handicap nécessite d’être flexible et inventive. Comment expliquer un mouvement à quelqu’une qui ne peut pas voir le corps de la formatrice ? Comment élaborer des stratégies utilisables avec des femmes qui vivent avec un handicap intellectuel ? Comment gérer l’interprétation simultanée en langue de signes dans l’animation ? Comment adapter des techniques de défense physique aux capacités diverses des femmes ? « Nous avons fait appel à Lydia La Rivière Zijdel, formatrice d’autodéfense féministe, 2e dan aïkido, 3e dan karaté et elle-même paraplégique. Elle est l’experte mondiale dans le domaine, et huit de nos formatrices pourront bénéficier de ses expériences », annonce l’asbl.

Sur base de cette formation, l’association animera des ateliers et des formations d’autodéfense féministe pour les femmes avec différents types de handicap. « Par une collaboration étroite avec l’AVIQ et des partenariats ponctuels avec les associations de terrain, nous irons là où les femmes en situation de handicap se trouvent : dans des groupes d’autoreprésentation, des associations de loisir, des centres d’hébergement ou de jour, des entreprises de l’économie sociale, des services d’assistance à l’autonomie... », dévoile-t-elle. Et de rajouter : « Nous tenterons aussi l’expérience d’organiser des formations pour des femmes vivant avec un handicap qui ne sont pas en contact avec ces organisations. En total, nous espérons former plus de 300 femmes à ce qu’elles prennent leur sécurité en leurs propres mains. »

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En collaboration avec les professionnels du secteur

Pour diffuser ces savoirs en prévention des violences plus largement, l’asbl compte également étoffer sa série de guides de sécurité avec un guide par et pour les femmes en situation de handicap. Il sera truffé de témoignages et histoires de succès pour montrer que les femmes qui vivent avec un handicap sont tout à fait capables d’assurer leur sécurité. L’accessibilité étant un enjeu majeur, ce guide paraîtra en trois formats. D’abord un guide imprimé pour toutes les femmes en situation de handicap, rédigé en Facile à lire et à comprendre avec des pictogrammes, des titres en braille et des liens vers une version en ligne accessible aux lecteurs d’écran. Une vidéo avec sous-titres et traduction en langue de signes s’adressera spécifiquement aux femmes malentendantes et une version en audiodescription aux femmes malvoyantes. Comme il s’agit d’un projet européen, ces trois formats paraîtront en français, allemand, anglais et polonais.

NO MEANS NO vise plus haut encore : pour prévenir les violences faites aux femmes qui vivent avec un handicap, il ne suffit pas de renforcer les femmes… Il faut aussi changer le contexte dans lequel elles vivent. « C’est pourquoi nous voulons sensibiliser le grand public au sexisme et validisme qui touchent les femmes en situation de handicap », annonce Garance. « Nous diffuserons aussi les résultats dans le secteur du handicap afin que les professionnel.le.s qui rencontrent les femmes en situation de handicap au quotidien reconnaissent la violence de genre comme telle et interviennent pour soutenir les femmes qui en sont victimes. »

Et de conclure : « De même, nous voudrions partager nos expériences avec les actrices et acteurs de la lutte contre les violences pour les encourager à rendre leurs services encore plus accessibles à toutes les femmes. Et nous voudrions aussi entamer une réflexion chez les décideuses.eurs politiques afin qu’elles et ils tiennent compte des droits des femmes vivant avec un handicap dans toutes les politiques publiques. »

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