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Crèches inclusives : les professionnels se forment à la langue des signes

27/11/19
Crèches inclusives: les professionnels se forment à la langue des signes

De plus en plus de professionnels du secteur de la petite enfance apprennent la langue des signes pour permettre une prise en charge des enfants sourds dès leur plus jeune Í¢ge. Différentes formations sont proposées à ces professionnels travaillant au sein de crèches inclusives.

Depuis plusieurs années maintenant, des crèches inclusives ouvrent leurs portes en Belgique. Certaines accueillent un public composé d’enfants entendants et d’enfants atteints de déficience auditive. Afin de prendre correctement en charge ces bambins porteurs d’un handicap, les professionnels du secteur de la petite enfance sont de plus en plus nombreux à suivre des formations spécialisées. Certains décident notamment d’apprendre la langue des signes afin de rendre possible cette prise en charge. Le point sur la situation avec Cécilia Ntelo La Wa Leko, directrice de la crèche inclusive Zarafa asbl, et avec Valérie Deville, directrice du service « déficience auditive » au sein de l’association Triangle Wallonie.

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Une formation et un environnement adaptés

Créé en 2014, Zarafa asbl est une crèche privée bruxelloise qui accueille des enfants sourds et malentendants. Sa directrice, Cécilia Ntelo La Wa Leko, explique avoir créé cette crèche suite à une prise de conscience du manque de structures pour enfants atteints d’une surdité : « J’ai réalisé qu’il y a trop peu de structures inclusives, que le personnel n’est pas forcément formé pour et que les espaces d’accueil ne sont pas adaptés pour les personnes porteuses d’un handicap. » L’éducatrice spécialisée dans l’accompagnement psycho-éducatif a suivi une formation pour pouvoir accueillir des personnes porteuses d’un handicap. Avant d’ouvrir sa crèche, elle a travaillé pendant un an avec des enfants autistes.

Zafara asbl est spécialisée dans la prise en charge d’enfants sourds et malentendants. « Travailler avec des personnes qui ont une déficience auditive demande tout un travail de préparation important à la fois au niveau des professionnels et de la structure d’accueil. Par exemple, nous avons préféré un parquet en bois puisqu’il permet aux enfants de ressentir les vibrations », déclare Cécilia Ntelo La Wa Leko pour qui le bien-être des enfants au sein de ses locaux est primordial. Elle rajoute : « L’espace au sein duquel nous travaillons est aussi très lumineux et espacé. Il est nécessaire de créer un espace aéré car les personnes atteintes de surdité vont avoir une perception différente de leur environnement et il ne faut pas qu’elles se sentent enfermées. Ainsi, il y a pleins de petits détails auxquels il faut penser, par exemple l’utilisation d’une sonnerie lumineuse ou le fait de ne pas approcher un enfant sourd par derrière. »

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Une intégration complète

Cette crèche inclusive est composée d’une équipe pluridisciplinaire de cinq professionnels à la spécialité distincte. « Je travaille avec une autre éducatrice spécialisée (aussi formée à travailler avec une personne en situation de handicap), un logopède, une assistante sociale et une psychomotricienne. Cette dernière permet de prendre en charge l’enfant plus sous l’angle de la thérapie psycho-sociale. Travailler avec une équipe pluridisciplinaire signifie avoir plusieurs avis de spécialistes différents et donc une prise en charge plus complète de l’enfant. »

La crèche privée a une capacité d’accueil de 16 enfants : un tiers sont sourds ou malentendants. « Il est important qu’ils interagissent avec ceux entendants car il faut leur rappeler qu’ils sont tous sur le même pied d’égalité », souligne la directrice avant de préciser avec énergie : « Si nous utilisons seulement la langue des signes avec les enfants sourds et malentendants, nous pratiquons aussi la communication gestuelle avec tous les enfants car cette pratique leur permet de développer une meilleure communication de leurs émotions. »

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Des formations variées

Directrice du service « déficience auditive » au sein de Triangle Wallonie, Valérie Deville nous présente les services mis en avant par cette association : « Notre établissement propose des formations spécifiques (selon les besoins de chaque enfant) à la famille et aux professionnels référents. Les enfants sont souvent dirigés chez nous suite à l’initiative d’une structure hospitalière. Lorsque son suivi est mis en place, les professionnels qui le prennent en charge nous sollicitent. Nous offrons des services mobiles, c’est à dire que nous nous déplaçons en Wallonie dans les crèches ou écoles pour y former les praticiens. En Wallonie, nous travaillons avec un réseau de professionnels indépendants, c’est-à-dire que nous cherchons ceux qui exercent à côté du domicile de l’enfant pour augmenter le confort de la famille. Cependant à Bruxelles le fonctionnement est complètement différent. »

« Il n’en reste pas moins que sur l’ensemble du territoire belge, il existe des asbl et structures universitaires qui dispensent des cours de langue des signes pour toute personne intéressée (famille, professionnel mais aussi étudiant) », conclut cependant Valérie Deville. Ainsi à Bruxelles, l’Institut Fernand Cocq offre une formation en langue des signes de 5 mois de septembre à février. L’Université Catholique de Louvain la Neuve propose pour ces étudiants un programme en un 1 an avec 2 heures de formation par semaine. Les structures associatives telles que Signatout asbl et Comprendre et Parler asbl mettent aussi en place des modules spécifiques pour les professionnels.

Alors, si vous êtes un professionnel du secteur de la petite enfance et que vous désirez travailler avec des enfants sourds ou malentendants, faites le pas et formez-vous à la langue des signes !

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A.T.



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