La ministre De Block a mis fin à un débat vieux de 20 ans
« Le projet de la ministre De Block a mis fin à un débat vieux de 20 ans », estime Koen Lowet, de la Fédération Belge des Psychologues.
Le 23 mai dernier, le texte du projet de loi réglementant l’accès à la psychothérapie a été déposé par la Ministre de la Santé, Maggie De Block. Dorénavant, seuls les médecins, les psychologues et les orthopédagogues cliniciens pourront exercer. Pour Koen Lowet, de la Fédération Belge des Psychologues, c’est une bonne nouvelle car cela va permettre au secteur de la santé mentale, en crise depuis un moment, de se réinventer.
Une approche médicale de la psychothérapie ?
Certains critiquent le texte en affirmant qu’il ne prend en compte qu’une approche médicale de la psychothérapie. Pour K. Lowet, cela n’a aucun sens. « Je ne comprends pas les personnes qui soutiennent cette thèse, qu’est-ce que cela signifie, une approche médicale ? Pour nous, la psychothérapie est une spécialisation, avec ses propres recherches, une littérature scientifique qui lui appartient et qu’il faut maitriser pour pouvoir l’exercer. Le choix qu’ont fait la Ministre et le gouvernement, c’est d’assurer que seules les personnes formées scientifiquement puissent exercer. La psychologie clinique et la psychothérapie sont deux sciences encore jeunes, elles évoluent très vite et il faut être capable de suivre, de se tenir au courant. »
Deux axes principaux
La réforme de la psychothérapie comporte deux axes principaux :
1) Établir de nouveau critères pour les jeunes qui souhaitent entamer une formation dans le futur
2) Donner des mesures transitoires pour permettre aux personnes qui pratiquent déjà la psychothérapie de continuer à la pratiquer, quelle qu’ait été leur formation
« Le souci actuel est que la profession de psychothérapeute en tant que telle n’existe pas. C’est une spécialisation accessible à tout le monde. N’importe qui peut suivre une formation et se revendiquer psychothérapeute. Il fallait réglementer. Maggie De Block sait que le secteur est divisé, mais en tant que ministre, elle a pris ses responsabilités en décidant. A long terme, cela permettre au secteur de se réunir et d’avancer », précise K. Lowet.
Quid des formations actuelles ?
Actuellement, la formation de psychothérapie dure 3 à 4 ans, une fois le diplôme de Master obtenu. « Avec les psychiatres, les psychothérapeutes sont les professionnels de la santé mentale les mieux formés », explique K. Lowet. Cependant, pour les personnes n’ayant pas de diplôme de Master, des formations sont disponibles dans divers organismes privés, à raison d’une ou deux soirées par semaine, voire plusieurs week-ends par an. « C’est ce genre d’organismes qui pose problème. Les formations coûtent souvent très cher et la qualité de l’enseignement n’est pas reconnue. Bien entendu, tous ces organismes ne sont pas à mettre dans le même sac, certains dispensent de très bonnes formations, mais il n’est pas toujours facile de faire le tri ».
Que dit la loi ?
Avant que Maggie De Block ne modifie le texte de loi, c’était au Conseil Fédéral que revenait la charge d’agréer les instituts de formation en psychothérapie. Cependant, en pratique, la matière relevait des Communautés (depuis le 6ème réforme de l’Etat et la séparation des pouvoirs) et le Conseil Fédéral ne pouvait donc exercer cette compétence. La ministre De Block a dès lors accordé la pleine compétence aux Communautés d’agréer elles-mêmes les instituts de formation en psychothérapie. « Pour l’instant, ce n’est pas encore la priorité des Communautés… On peut donc imaginer que dans le futur, certains instituts se lieront aux universités pour dispenser leur enseignement », explique K. Lowet. Le SPF Santé Publique devrait aussi établir une liste des psychothérapeutes reconnus et agréés par le gouvernement.
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