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La neutralité du psy, une gageure ?

18/10/18
La neutralité du psy, une gageure ?

On le sait : le psychologue doit être prudent et ne jamais afficher ses choix personnels, au risque de biaiser la relation thérapeutique. Mais aujourd’hui, à l’heure d’internet, est-ce encore possible ? Dans quelles limites ?

En théorie, tout est toujours limpide. L’idéal est de ne rencontrer le patient que dans le cadre de nos cabinets et de lui offrir alors l’espace de travail complètement neutre qu’il est en droit d’attendre. Le transfert sera ainsi débarrassé de toute possible scorie émanant du thérapeute, de ses choix personnels, avis, opinions et attitudes. Mais en pratique, c’est parfois plus compliqué. Nous n’avons pas prise sur tout. Mais nous pouvons par contre gérer ce qui peut l’être…

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Les limites de la vie

Le problème, c’es que rien n’est neutre et que la vie nous rattrape souvent de manière inattendue. Nos enfants peuvent fréquenter la même école que ceux d’une patiente, ou nous-même pouvons croiser notre patientèle à notre club de sport, à la braderie de notre quartier, etc. Oui, nous aussi nous vivons. Donc nous faisons partie d’un tissu social, collectif, familial (entre autres choses) qui nous donne une certaine « visibilité publique » quand le hasard s’en mêle.

Les indiscrétions d’internet

Autre fait indéniable : internet sait tout, retient tout, dévoile tout. Avant d’être psychologue, vous étiez chanteuse, actrice, ingénieur ou comptable ? Alors les patients curieux pourront tracer votre parcours, voir des photos, lire des articles ou même écouter des morceaux de vos productions artistiques qui, bien sûr, racontent inévitablement quelque chose de vous.

La relation thérapeutique avant tout

Bref, la neutralité parfaite est une gageure. Nous ne pouvons pas, et aujourd’hui plus que jamais, garantir l’imperméabilité du cadre et la certitude que la vie réelle ne viendra en rien interférer dans la relation avec notre patientèle. Mais nous pouvons par contre gérer ces petits frottements pour les vider au maximum d’une éventuelle portée nuisible dans le travail thérapeutique. Pour cela, de la mesure avant tout chose : retenue pour ce qui peut être tu et acceptation discrète pour le reste.

Du bon sens, sans excès

L’excès nuit en tout. On ne peut pas garantir qu’aucune rencontre n’aura lieu dans la vie réelle du patient. Mais on peut, et on doit, tout faire pour que ces rencontres se limitent à ce qui est inévitable. Autrement dit, bien sûr, il n’est jamais question de nouer des contacts en dehors des séances, de profiter d’un éventuel ascendant pour obtenir quelque chose dans la vraie vie, ni même d’instaurer une familiarité qui biaise l’échange au cours des séances.

C’est l’intention qui compte…

Finalement, c’est bien l’intention qui compte. C’est-à-dire qu’il n’est pas question de chercher les occasions de rencontre dans la vie réelle. Et que si elles se produisent, on s’en tient au strict nécessaire de cette interaction soudaine hors cadre. De même, on ne raconte pas ses vacances, mais on peut puiser dans sa propre expérience un élément qui viendra éclairer ce qui se joue en séance. Un psychologue m’a offert un souvenir de son expérience de papa qui m’a beaucoup aidée dans mon questionnement d’alors. Le but n’était pas de se raconter mais de m’offrir un point de réflexion. C’était donc un cadeau et je l’ai reçu comme tel. Car l’intention était thérapeutique.



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