Les éducateurs face à la médication, la source d'un malaise professionnel
La limite entre les responsabilités respectives des professionnels de la santé et des professionnels travaillant dans le secteur de l’aide aux personnes, en situation de handicap ou non, est source de tensions et est, depuis longtemps, l’objet d’interrogations et d’interprétations variables, parfois erronées.
Si l’on s’en tient au strict respect de la législation, « peut poser un acte médical, toute personne ayant accès à la profession technique de l’art infirmier ». Aussi, les éducateurs ne sont pas habilités à donner un traitement et, le cas échéant, ils risquent de mettre à mal leur sécurité juridique. Tel un caillou dans la chaussure des travailleurs sociaux, cette lecture très légaliste de la réalité est confrontée aux différentes situations sur le terrain rencontrées par le personnel éducatif. Celui-ci se voit parfois contraint de gérer la médication de certains patients afin d’assurer le bon déroulement d’une activité.
Une définition floue du travail de l’éducateur
La mission principale des prestataires de soin et d’accompagnement est qu’ils offrent un ensemble intégré d’activités, allant de l’organisation ou de l’accompagnement à la réalisation des activités de la vie quotidienne et au soutien psychosocial et pédagogique. Ses interventions ont pour finalité de permettre aux personnes en situation de handicap de s’insérer effectivement dans la vie sociale, culturelle, voire économique.
L’activité professionnelle de l’éducateur-accompagnateur relève d’une forme de mandat que la société lui confie, et qui touche par nature au travail au cas par cas, impliquant une approche singulière. Il est donc difficile de dresser une liste exhaustive de ses compétences tant les missions de cette profession sont floues et discutables. Cependant, dans la problématique qui nous concerne, certains rappellent qu’ils sont porteurs de la dimension psycho-socio-éducative et non médicale du patient.
Sur le terrain, un leitmotiv : le manque d’infirmiers
Un discours qui concorde avec celui des professionnels de la santé pour qui l’acte médical relève de l’art de soigner et doit être réalisé par du personnel qualifié. L’Arrêté Royal n°78 et ses arrêtés d’application précisent d’ailleurs ce qui est réservé aux différents professionnels du secteur.
Si la compréhension de ces textes n’est pas toujours aisée, d’aucuns préfèrent parfois les ignorer. Les situations rencontrées dans les institutions de soins pour personnes handicapées sont variables : certaines s’organisent pour confier les soins de santé aux professionnels autorisés, d’autres expriment avoir des difficultés : la disponibilité insuffisante des infirmiers est présentée comme la cause principale de ces entraves. Mais il faut aussi savoir que certaines directions obligent leurs éducateurs à exécuter des actes infirmiers : la recherche active de solutions conformes à la législation ne semble pas toujours prioritaire.
Une lecture plus souple de la législation
Une clarification du rôle des uns et des autres était donc nécessaire. Ce qui est devenue chose faite le 24 février 2014 suite à la signature par les ministres compétents en matière d’aide aux personnes (Onkelinx, Tillieux, Vandeurzen, Mollers, Laanan, Vanhengel, Fremault, Huytebroeck, Grouwels) d’un protocole d’accord relatif au secteur des institutions pour personnes en situation de handicap.
Delphine Hotua
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