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Mes mentors, ces héros !

30/10/17
Mes mentors, ces héros !

Qu’on les rencontre sur les bancs d’écoles, dans le privé ou sur le terrain, les mentors sont des héros. Ils partagent, transmettent, mobilisent. Le secteur social ne nous épargne fort heureusement pas de ces rencontres hors du commun. Hommage à ces individus de l’ombre, ou pas tant que ça.

Nous sommes nombreux à avoir connu quelqu’un de si important sur notre parcours qu’il en a déterminé la suite. Ce quelqu’un, c’est souvent un ancien de l’institution qu’on occupe, son directeur, un professeur ou un collègue dont on admire l’engagement professionnel.Les valeurs de transmissions sont précieuses dans nos institutions sociales, et elles le sont d’autant plus qu’elles permettent non seulement de faire évoluer sa propre pratique, mais aussi le service en lui-même.Hommage aux mentors, conscients ou non du don inestimable qu’ils font aux « petits nouveaux » du secteur.

Très honnêtement, je crois qu’il n’y a pas un jour sans que je pense à eux. Avant de devenir des amis pour certains, ils ont été de véritables lumières sur mon chemin professionnel (un chemin encore fort obscur, bien que dessiné par une ferme envie de participer au mouvement). Les études m’ont donné un cadre, des repères pour décrypter le milieu social et de l’assurance pour pouvoir m’adapter dans différents contextes. Elles m’ont « appris à apprendre », à rester curieuse face au monde et à la variété de pratiques qui font la richesse du secteur.

Alors c’est avec cet enthousiasme balisé que j’ai poussé pour la première fois la porte d’une institution de l’Aide à la Jeunesse, sans savoir que j’y passerais 4 ans de ma vie et y forgerais mon identité professionnelle. C’est d’éthique qu’il est question lorsqu’on parle d’identité. L’éthique, elle se fonde sur les valeurs que l’on garde de son éducation, mais aussi sur celles qui s’ajoutent au gré du temps et des rencontres qui le rythment.

C’est de ces rencontres dont il s’agit quand je parle de « mentors » : de la directrice à la prestance d’un roc (prêt à en découdre avec des montagnes), en passant par une coordinatrice au sens relationnel hors pair ou encore une psychologue dont les pitreries en entretien ont débloqué plus de situation que toutes les théories scientifiques réunies, il n’y a pas un jour qui passe sans que je ne me réfère à ce qu’ils m’ont appris.

Les mentors, ce sont ces personnes, d’apparence ordinaire, qui en ont plus sous le capot qu’une voiture de compétition. Ils sont riches d’une expérience souvent longue (mais pas toujours) mais surtout forts d’un « savoir existentiel » sans égal. Le savoir existentiel, ça pourrait être un synonyme de l’éthique. Mais les termes soulignent ici que l’on peut être mentor dès lors qu’on a acquis une certaine expérience de vie, qu’on l’analyse avec recul pour pouvoir critiquer le système en présence avec la justesse nécessaire.

Dans un contexte où les politiques censés nous représenter se débattent surtout contre leur égo et leur avidité du pouvoir, les mentors eux, sont généralement humbles et ne peuvent se targuer que de transmettre aux cerveaux naïfs des façons de faire, et de voir les choses, avec la particularité que jamais, jamais ils ne formatent l’esprit. Ils suggèrent, mettent à disposition des boîtes à outils aussi denses que précieuses. Ils inspirent.

Mes mentors à moi, ils m’ont appris qu’un jeune vient d’une famille, que cette famille est compétente même si ce qu’on voit d’elle semble défaillant. Ils m’ont appris que tenir dans le lien, c’est déjà un acte thérapeutique. Qu’oser « s’utiliser » comme outil dans la relation thérapeutique n’a rien de dangereux tant qu’on le fait en âme et conscience professionnelle. Qu’il n’y a rien de moins constructif que de se soumettre passivement aux normes en vigueurs. Que la « norme » est toute relative. Que si d’apparence, le secteur psycho-médico-social paraît terni et bouché par le despote « Evidence Based », l’initiative d’acteurs de terrain, le combat pour la justesse des travailleurs et la justice des bénéficiaires seront toujours possibles tant qu’il y aura des mentors pour rappeler combien chaque combat est noble et légitime.

Cet été, un de mes mentors s’est éteint. Qu’il sache que son combat n’est pas vain, qu’il alimente les débats, qu’il dessine des routes, avec des rocs et des montagnes, mais aussi et surtout, des tas de moyens pour les gravir.

LT, assistante en psychologie

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