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Soins de santé malades : "Madame la ministre, comment osez-vous ?"

28/10/19
Soins de santé malades:

Ce jeudi 24 octobre, en parallèle de la journée nationale d’action et de grève dans le secteur des soins de santé, la Chambre a été le théâtre de débats pour le moins enflammés entre une série de députés et Maggie De Block. La ligne de défense de la ministre fédérale de la Santé dans le dossier de la crise des Blouses Blanches n’a pas convaincu les élus. Explications.

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La situation du secteur des soins de santé a fait l’objet de débats houleux en séance plénière de la Chambre, ce jeudi. Une des thématiques longuement abordées a été la non-approbation du budget 2020 des soins de santé par le gouvernement au Conseil général de l’INAMI.

« À quoi jouez-vous ? », a lancé Catherine Fonck (cdH), à Maggie De Block. Et de fulminer : « Vous justifiez votre vote en arguant que la proposition de budget soumise par les acteurs de la santé serait censément destinée aux structures, et non aux patients. Madame la ministre, comment osez-vous ? Comment pouvez-vous prétendre que vous défendez les patients, alors même que, pendant toutes ces années, vous n’avez eu de cesse d’opérer des coupes claires dans le budget des soins de santé ? Comment osez-vous affirmer que les moyens dévolus aux structures de soins et aux soignants n’apporteraient rien aux patients ? »

La principale intéressée a essayé tant bien que mal de défendre la décision de l’exécutif fédéral. Elle a ainsi notamment pointé que « Si nous regardons ce que propose le comité d’assurance en termes de nouvelles politiques et d’investissements dans nos soins de santé, ceux-ci iraient principalement aux structures et aux établissements. » Une ligne de défense qui a fait sortir de ses gonds plusieurs députés, comme Eliane Tillieux. La socialiste a déclaré qu’elle n’avait pas du tout été convaincue par les justifications émises par la ministre. « En rejetant ce budget 2020, vous bafouez, une fois de plus, la concertation », s’est-elle insurgée. « C’est une habitude de votre gouvernement. En rejetant ce budget 2020, vous faites à nouveau la sourde oreille au cri d’alarme lancé par tous les acteurs - mutualités, prestataires de soins, représentants des établissements de soins. Tous disent "stop" et les blouses blanches sont aujourd’hui encore dans la rue pour le dénoncer. »

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"100 millions ne suffisent pas"

Les débats menés dans l’hémicycle ont ensuite porté sur la grève menée dans le secteur fédéral des soins de santé, ce jeudi 24 octobre. « Le personnel soignant fait les frais d’une politique d’austérité budgétaire qui a été pratiquée par votre gouvernement auprès de tous les services publics, en ce compris les soins de santé », a pointé Sophie Rohonyi (DéFI). Le député socialiste Hervé Rigot a, pour sa part, regretté l’immobilisme ainsi que l’aveuglement de Maggie De Block face au vaste mouvement de grogne des Blouses Blanches qui a envahi les quatre coins de la Belgique. Il a ainsi martelé : « Les revendications sont connues. Vous les connaissez et elles sont légitimes. Visiblement, vous ne les entendez pas. Si vous n’entendez pas, j’espère au moins que vous pouvez voir. Dans ce cas, je vous invite à aller ce week-end dans un hôpital. »

Il a conclu son intervention avec ces mots : « Madame la ministre, vous allez me dire que vous ne m’avez pas attendu pour prendre des mesures fortes et qu’il y a deux ans, vous avez fait passer un pacte social fort notamment sur la stabilité des horaires, les congés mais également sur la formation. Vous me direz également : "Monsieur Rigot, je ne vous ai pas attendu pour refinancer à concurrence de 100 millions d’euros le métier pour permettre l’augmentation salariale." Moi, je vous dirai, madame la ministre, que c’est très bien mais que deux ans plus tard, on ne voit toujours rien. Je vous dirai également que 100 millions ne suffisent pas et qu’il en faudrait au moins 400 pour revaloriser les salaires. »

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Elle renvoie la balle aux syndicats et aux employeurs

Face à ces nombreuses critiques, Maggie De Block s’est défendue en pointant du doigt… l’accord non-marchand du 25 octobre 2017 qui prend trop de temps à se concrétiser. « Nous voilà presque deux ans plus tard et malheureusement, je ne peux que constater, comme le front commun, qu’il n’y a toujours pas de proposition au sein de la commission paritaire 330. C’est cela le problème », a-t-elle déclaré. Concrètement, elle a renvoyé la balle aux partenaires sociaux et aux employeurs. Pour elle, le gouvernement a respecté ses engagements dans ce dossier en libérant notamment un budget pour pouvoir continuer à améliorer les conditions de travail du personnel. Elle a donc exhorté les partenaires à rapidement finaliser les accords nécessaires afin de pouvoir passer à la phase suivante.

Ici encore, la ligne de défense de la ministre de la Santé n’a pas vraiment convaincu les députés. « Vous renvoyez finalement la balle aux partenaires sociaux. C’est juste inacceptable. Vous avez la responsabilité d’agir de manière proactive dans ce dossier. En effet, la situation actuelle dépend de mesures que vous avez prises vous-même, notamment en réduisant la durée du séjour dans les hôpitaux », a réagi Sophie Rohonyi. Hervé Rigot a renchéri : « Ce que je pointe du doigt, c’est votre responsabilité, madame la ministre. En effet, en sous-finançant de façon structurelle les institutions de soins de santé, vous les privez de moyens de mettre en œuvre cet accord social qui existe depuis deux ans. Votre responsabilité est en jeu quand vous ne prenez pas de dispositions pour changer l’encadrement dans les hôpitaux et que vous ne permettez pas que les hôpitaux disposent des moyens nécessaires pour mettre suffisamment de personnel au chevet des patients. »

Après les paroles, il serait plus que temps de passer aux actes ! Il en va de l’avenir de nos soins de santé.

E.V.



Commentaires - 1 message
  • Elle est en train de foutre en l'air tout le système de la santé. Obliger Í  ce qu il n y ait plus que des grands hôpitaux où nos patients ne deviennent plus que des numéros et ne parlons pas de la considération pour le personnel soignant, on nous en demande toujours plus avec moins de moyens, les jeunes ne veulent plus devenir infirmiers et c est normal....Je travaille dans un petit hôpital où les gens y apprécient la convivialité et la proximité avec le personnel, un petit hôpital où il faisait bon vivre et être soigné, et bien on nous apprend récemment que ça va être fini, au on va être obligé de fusionner...quand vous aurez besoin de soins Mme vous comprendrez enfin...car ça m étonnerait que vous ayez des traitements de faveur...

    Iiiiisa jeudi 31 octobre 2019 10:02

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