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Fermeture de crèches dans le Brabant Wallon : le coup de gueule de parents !

07/03/23
Fermeture de crèches dans le Brabant Wallon : le coup de gueule de parents !

Nous avons appris avec consternation et indignation la dramatique nouvelle annonçant la fermeture de la crèche qui accueille nos enfants depuis 2018 à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Ce milieu d’accueil est privé, non-subventionné et apportait une solution réelle, flexible et efficace à environ 80 parents, soucieux d’apporter un cadre de vie propice à leur enfant tout en accomplissant leur devoir de travail.

Si nous pouvons comprendre les difficultés économiques que rencontrent les milieux d’accueils non-subventionnés, et ce malgré des tarifs grevant sérieusement le budget des ménages concernés, nous ne pouvons tolérer qu’aucune solution, soutien ou accompagnement n’ait été apporté par les instances en charge de la petite enfance afin de contribuer à la continuité d’un lieu indispensable au bon développement de nos enfants, malgré des sollicitations répétées depuis plusieurs semaines.

Ce sont aujourd’hui, et uniquement pour la crèche ABCHILD, 26 places d’accueil qui se perdent, soit :

  • 40 enfants qui nécessitent, pour assurer leur bon développement, d’ une stabilité, des repères, des habitudes, une vie sociale, des personnes de référence et qui, du jour au lendemain vont perdre chacun de ces éléments.
  • 80 parents qui vont être forcés de bouleverser leur vie professionnelle, au détriment de leur carrière, de leur salaire ou de la sécurité de leur emploi.
  • 6 employés – Au dévouement sans faille – qui vont perdre leur emploi.

En extrapolant ces données aux 122 places d’accueil perdues en Brabant Wallon en l’espace de (seulement !) trois mois et sans tenir compte des (très) nombreuses fermetures qui vont suivre dans les mois à venir ce sont :

  • Près de 200 enfants qui perdent leur milieu d’accueil
  • Près de 400 parents qui doivent prendre des mesures drastiques
  • Une trentaine d’employés qui perdent leur emploi

 Lire aussi : Pénurie de travailleurs dans la petite enfance : quelles causes et solutions ?

Nous avons, en tant que parent, immédiatement réagi et tenté de trouver des solutions, aussi diverses que créatives, qui se sont toutes soldées par des échecs ou, au mieux, des lourdes adaptations de notre quotidien. En voici quelques-unes :

  • L’inscription dans des crèches environnantes – Les listes d’attente sont (déjà) interminables et ne permettent pas d’envisager un accueil dans les mois à venir.
  • L’inscription dans des crèches situées à une distance plus importante – Certaines rares places sont disponibles (Elles se comptent sur les doigts d’une main), au détriment d’un temps de parcours quotidien d’environ une heure.
  • Le contact avec la Cellule Parents-Accueil de l’ONE – Celle-ci semble néanmoins quasi-inexistante et n’a, à notre connaissance et pour notre crèche, abouti sur aucune solution concrète de place en milieu d’accueil, malgré les informations diffusées dans les médias. En effet, seules 2 familles ont été contactées par la cellule, sans solution concrète.
  • La reprise de la crèche par un couple de parents repreneurs et qualifiés – Devant l’absence de coopération et d’accompagnement réel et personnalisé (et la perspective d’une reprise par une tierce personne) ces parents ont abandonné. Il est à souligner qu’ils ont fait l’exercice de la viabilité d’un tel projet et qu’il est particulièrement difficile, tant administrativement que financièrement d’aboutir à un succès compte tenu de la complexité administrative et le coût salarial excessivement important.
  • La reprise de la crèche par les parents, sous forme d’ASBL – Le projet a toutefois été abandonné pour des raisons similaires au point précédent, accentué par la difficulté d’engagement des parents sur une courte période de vie de leur enfant.

Le constat est évident et n’est pas nouveau :

D’une part, le système d’accueil de la petite enfance est en contradiction totale avec la demande réelle en places d’accueil et d’autre part, il s’agit d’un problème dont, ni le politique ni les instances publiques ne semblent réellement se soucier. Nous sommes, en d’autres termes, tout simplement abandonnés.

Nous avons, en effet, cette désagréable impression que :

  • Nos enfants, qui représentent la nouvelle génération, ne comptent pas au sein de notre société.
  • Qu’en tant que parents, travailleurs et respectueux de notre système économique et politique, nous sommes contraints d’abandonner tout ou une partie de notre vie professionnelle pour nous consacrer à la garde de nos enfants – Oui, nous avons besoin de deux salaires pour vivre dignement.
  • Les informations qui sont diffusées dans les médias ne reflètent pas la dramatique situation familiale que nous rencontrons ainsi que l’impact, en terme de développement et de socialisation, sur nos enfants
  • Les organismes censés être compétents – l’ONE, le CPAS, les autorités communales… - ne se sentent ni concernés ni responsabilisés quant à leur devoir de développement, subventionnement et disponibilité auprès des familles dans le besoin de place d’accueil.
  • La problématique n’est pas une priorité pour le politique. Or, elle dévaste depuis plusieurs années et particulièrement ces derniers mois, des centaines de familles bienveillantes et désireuses d’offrir un environnement serein à leurs enfants.
  • Une nouvelle fois, en Belgique, l’entreprenariat est freiné par une montagne administrative à gravir.

Dès lors, nous sollicitons des actions tant immédiates qu’à plus long terme.

L’urgence absolue est :

  • D’accompagner et de renforcer les cellules de l’ONE et leurs effectifs et de s’assurer qu’ils disposent des moyens et des compétences requises pour faire face à cette situation de crise.
  • D’offrir une écoute et un accompagnement aux parents afin de les aider dans leur recherche de nouveau milieu d’accueil.
  • De déroger, de façon temporaire et immédiate à certaines capacités d’accueil qui ont été bridées sans motif fondé.
  • D’ouvrir, de façon urgente et immédiate, des milieux d’accueil temporaires destinés à accueillir les enfants dont la crèche a ou va fermer ses portes – Ces mêmes milieux d’accueil disposent du matériel et de l’équipement nécessaire, ainsi que d’employés compétents et immédiatement disponibles.

A plus long-terme, il est nécessaire de :

  • Définir avec exactitude et en tenant compte des projections et réalités démographiques et géographiques, le nombre de places d’accueil nécessaires dans les mois et années à venir – Le Plan Équilibre n’y répondant pas de façon équitable (Aucune nouvelle place a un temps de trajet inférieur à 30min et un nombre dérisoire pour le Brabant Wallon)
  • Créer le nombre de places nécessaires via des milieux d’accueil subventionnés au niveau communal.
  • Favoriser, inciter et encourager les initiatives privées d’ouverture de milieux d’accueil via des subventions, un allégement fiscal et une simplification législative.

Ces actions doivent être entreprises de façon constructive et en concertation avec les différents niveaux de pouvoirs. C’est un enjeu global qui affecte de nombreux aspects sociaux de nos vies et sur plusieurs générations. Il est impensable qu’il soit simplement balayé car jugé trop compliqué, trop coûteux ou ne présentant qu’un intérêt électoral limité.

Les parents des enfants de la crèche ABCHILD
Sans doute un sentiment et une revendication partagés par des centaines d’autres parents



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