G4S et travail social, un mariage contre nature
La marchandisation du social est bien en marche. G4S poursuit son avancée en prenant des parts de marché dans le champ social : sans-abris, demandeurs d’asile, détenus, qui seront les suivants ? Le CVTS s’inquiète de ce dévoiement des finalités du travail social vers toujours plus de sécuritaire et des risques potentiels de déprofessionalisation dans ces secteurs de l’action publique, désormais délégués au privé marchand.
[DOSSIER]
– La privatisation du social est en marche
– Maison de transition : accompagner les détenus jusqu’à leur sortie
Depuis quelques années, les attributions d’une mission de travail social à l’entreprise de gardiennage G4S, via sa filiale G4Scare, se multiplient :
- En octobre 2016, le conseil du CPAS d’Anvers a confié une mission d’accueil des sans-abri à la société G4S. Et ce, après qu’une mission similaire vis-à-vis de demandeurs d’asile, ait été attribuée à la même société, à Gand.
- Le site de FEDASIL, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, annonce en octobre 2020 que deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile, gérés par un partenaire privé (G4S), sont en préparation à Kalmthout et à Liège (après celui d’Etterbeek ainsi que d’autres centres gérés par G4S dès 2015).
- En février 2020, on apprend par la presse que c’est au tour des Maisons de Transition en Wallonie.
- En janvier 2021, les choses se précisent dans la presse liégeoise : FEDASIL a chargé la société G4S d’organiser l’accueil des personnes réfugiées, pour une période de 12 à 18 mois maximum sur le site de l’ancien hôpital St Joseph à Liège.
Lire aussi : L’après Covid-19 : "Le travail social va devoir se réinventer"
Une simple question de sécurité ?
D’où les questions de fond que nous sommes en droit de nous poser :
La protection des biens et le contrôle des personnes sont-ils en train de prendre la place de l’aide sociale, du travail social, de l’accompagnement ? L’accueil et l’accompagnement des personnes qui demandent la protection internationale se résumeraient-ils à une simple question de sécurité ?
Sommes-nous en train de rentrer de plein pied dans le cauchemar du livre « 1984 » de Georges Orwell ?
Heureusement, l’article 64 de la loi cadre relative aux sociétés de sécurité prévoit que le profil du personnel et les responsables de celle-ci, sont "caractérisés par le respect des valeurs démocratiques".
Ouf, on a eu peur …
Une autre façon de court-circuiter le débat sur le sens du travail social
Le CVTS s’interroge sur le fait que certains travailleurs sociaux pourraient considérer cette offre comme une opportunité professionnelle, mais qu’en est-il de leur déontologie professionnelle lorsque les finalités de travail sont à ce point dévoyées ?
Par ailleurs, les écoles sociales et les écoles pour éducateurs/rices spécialisé.es ont du souci à se faire : les travailleurs sociaux qu’ils forment vont-ils être progressivement remplacés par des travailleurs/euses issu·e·s de centres de formation pour le gardiennage et la sécurité ? C’est moins long et donc moins cher : tout bénéfice pour les finances publiques. De plus, le privé s’en occupe tout seul. Une autre façon de court-circuiter le débat sur le sens du travail social et sa nécessaire analyse critique.
Une façon de réagir collectivement ? Signer et faire vivre le Manifeste du travail social partout où nous le pouvons, en cliquant sur ce lien.
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