Les psychologues cliniciens, que des charlatans ?
La loi du 10 juillet 2016 définit l’exercice de la psychologie clinique, de l’orthopédagogie et de la psychothérapie. Il en résulte notamment que ces exercices sont insérés dans les professions de la santé et que, dorénavant, pour exercer un acte de psychothérapie, il faudra avoir préalablement effectué des études de médecine ou de psychologie clinique, et ensuite suivre une formation agréée en psychothérapie.
Des recours ont été introduits dont un a abouti en 2017 : les mesures transitoires sont à revoir car elles empêcheraient certains psychothérapeutes sans formation universitaire de poursuivre leur activité en toute autonomie. En d’autres termes, pour l’heure, ces derniers peuvent poursuivre la psychothérapie. Nous nous en réjouissons pour eux !
D’autres recours à la Cour constitutionnelle demandaient l’annulation pure et simple de cette loi. L’Union professionnelle des Psychologues Cliniciens Francophones s’est opposée, avec d’autres, à ces recours en annulation. Annuler cette loi équivalait à annuler cette reconnaissance des psychologues cliniciens. Le 1er mars 2018, ces recours ont été déclarés non-fondés. Nous en sommes satisfaits : il était temps que la psychologie clinique soit légalisée et offre des garanties de qualité au citoyen.
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Sur les ondes d’une radio belge, une psychologue a récemment déclaré que cette loi permet aux psychologues cliniciens d’être des charlatans qui exercent en toute liberté. Ce point de vue nous a interloqués. Avec recul, nous pouvons comprendre si elle pense au psychologue venant d’obtenir son master, qui réalise des consultations sans supervision. C’est regrettable, certes, mais quoi qu’il en soit, un psychologue est déjà conscient du besoin de supervisions et formations complémentaires. Le code de déontologie du psychologue l’y oblige.
Tout psychologue inscrit à la Commission des psychologues s’engage au respect de ce code de déontologie. C’est un garde-fou important, mais insuffisant. Raison pour laquelle le Conseil Fédéral des professions de soins de santé mentale, institué par cette loi de juillet 2016, travaille à donner des avis pour les arrêtés d’exécution de la loi. Au terme des cinq années d’études, l’exercice de la psychologie clinique supposera une année supplémentaire sous forme d’un stage professionnel : encore une barrière contre le charlatanisme. D’autres suivront : ainsi est en projet un ordre des psychologues cliniciens, comme l’ont fait les médecins.
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La comparaison à la médecine s’arrête là. Or, certains font croire que cette loi va médicaliser la psychologie clinique en l’insérant dans les professions de santé. Il n’en est rien. L’évolution de ces dernières années montre clairement que la médecine n’est qu’une branche de l’arbre. Les professions de santé se développent et par l’interdisciplinarité entre elles, la médecine perd sa position haute et se retrouve de plus en plus dans une transversalité collaborative aux côtés des autres professions de santé. Ces dernières, et particulièrement en santé mentale, doivent lutter ensemble pour se prémunir du danger de l’« evidence based medecine ».
Cette loi précise aussi que si un psychologue clinicien veut se former à la psychothérapie, il doit se former à l’université ou en haute école. C’est un gage de sérieux, mais c’est limitatif et dommageable pour les écoles privées de formation en psychothérapie qui ne pourront pas être reconnues. L’UPPCF espère que ces instituts privés pourront collaborer ou s’y insérer. Tout psychothérapeute sérieux assure sa formation continue et nous sommes convaincus qu’il poursuivra aussi celle-ci dans ces écoles privées. Elles proposent souvent des approches psychothérapeutiques novatrices, fruits d’une créativité et d’une ouverture moins contraintes par la rigueur scientifique.
Les psychologues cliniciens sont-ils des charlatans ?
Pour nous, à l’inverse, cette loi propose un cadre pour l’éviter. A l’avenir, ces professions décrites dans la loi seront les seules à offrir des garanties suffisantes de qualité. Nos instances politiques en sont conscientes : ce n’est que dans ces conditions strictes de protection du concitoyen qu’elles proposeront un remboursement des consultations chez le psychologue clinicien. Dans un avenir plus lointain, nous espérons que cette intervention sera étendue à l’exercice reconnu de la psychothérapie.
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Toute l’équipe du Conseil d’Administration continuera à œuvrer à la défense des intérêts du psychologue clinicien et de celui qui le consulte.
Pour l’équipe UPPCF,
Catherine Choque, Présidente UPPCF,
Thierry Lottin et Bernard Dehan, Vice-Présidents UPPCF.
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