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Psychomotricien, garde le plaisir de parler généreusement de ton métier

17/02/20
Psychomotricien, garde le plaisir de parler généreusement de ton métier

Anne Taymans vient de démissionner de son poste de Présidente de l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones. A cette occasion, nous vous proposons de (re) découvrir son édito paru dans la revue de l’UPBPF de novembre 2016. Dans ce texte, elle livrait un puissant hommage à sa profession. C’était quelques mois seulement après que Maggie De Block ait refusé de reconnaître la psychomotricité comme profession paramédicale... Une décision toujours d’actualité.

[DOSSIER]
 Reconnaissance de la psychomotricité : Maggie De Block dit encore non
 Reconnaissance de la psychomotricité : une bataille de perdue...

Quel est ce métier, incompressible à toute tentative réductionniste ?

Métier qui prend source en paradis perdu de la petite enfance, et surgissant du silence, te nourrit patiemment de toute perception, quel es-tu ?

C’est prouvé, c’est acté y compris dans une médecine basée sur l’évidence et les neurosciences, que la sensibilité de tout être est infiniment réceptive et adaptative. Chaque goutte gonfle le fleuve. L’être humain absorbe toute information (qu’on nommera aujourd’hui afférence), luminosité, onde, atome, et les joint, bienfaisants ou mortifères, les lie, les renforce et se construit en intégrant et transformant, en emportant avec lui quelques traces de ses parcours.

Notre métier lui aussi se nourrit sans cesse des avancées des sciences et des philosophies.

Métier fluide, rebondissant, qui s’emplit, s’interroge, tourneboule, plonge ou se faufile, mais toujours poursuit sa propre voie et déboule dans des champs variés, parfois là où on ne l’attendait pas, qui s’en découvrent enrichis.

Quel est ce métier, qui rencontre, et se cognant à l’obstacle rocailleux peut par sa consistance généreuse jouer les éclats de rire, les mouvements de surprise, les chocs des colères, les vides étourdissants, les espaces momentanément extrêmes ?

Quel est ce métier qui toujours avance, clapote, déboule ou gronde sourdement, et tolère chenaux et canaux pour éviter les débordements ?

Quel est ce métier dont la vitalité me traverse, m’enthousiasme, m’accompagne ?

Métier de l’infinie condition humaine, des aventures et émotions quotidiennes ou traumatiques, tu mènes et emmènes ma vie et j’en reste éblouie.
Nous traversons ton histoire, un moment je partage ta route.

Comme celle des gouttes d’eau, ton aventure sans cesse est relancée. Jamais tu ne pourras être effacé tant tu offres reflets et résonnances à chacun de nous.
Qu’on se le dise.

Et qu’on le répète à ceux qui pensent et s’exalteraient du seul pouvoir du mental, oubliant que la genèse de la pensée est corporelle ; à ceux qui contrôlent jusqu’à l’assèchement et effaceraient dans leur rigueur leur
propre force créatrice ; à ceux qui bousculent, détruisent, écrasent et se privent de l’émerveillement des reflets multiples de perceptions partagées.

Où vas-tu aboutir, métier de notre patience ?

Non, la vie de notre profession n’est pas un long fleuve tranquille. Chaque étape de son parcours, fût-elle sombre et tumultueuse, la confronte à ses forces de cohésion et son ajustement.

Psychomotricien, garde le plaisir de parler généreusement de ton métier.

Anne TAYMANS, Présidente de l’Union

Message de ceux qui ont croisé la route d’Anne Taymans : "Merci Anne de nous avoir si souvent parlé généreusement de notre métier."



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