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Remboursement des soins de santé mentale : Un progrès ?

29/05/18
Remboursement des soins de santé mentale : Un progrès ?

Notre association UPPSY-BUPSY constate que les remboursements qui se font par les mutuelles des consultants sur base de l’assurance complémentaire fonctionnent depuis de nombreuses années. Bien sûr, il y a des différences entre le montant, le nombre de séances et le type de séances…ainsi que la région où est située la mutuelle.

Selon que vous vous trouviez en Wallonie ou à Bruxelles, les mutualités socialistes fonctionnent différemment, mais le montant remboursé est de 20 euros pour une dizaine de séances. Si les mutualités libres et Partenamut ont été les premiers à proposer ce système, les mutualités chrétiennes ont finalement pratiqué les remboursements selon leurs critères propres, qui tiennent compte du type de pathologies et en fonction du dossier médical global ou non. Ces critères tiennent indéniablement compte de nos collègues médecins.

Depuis que la Ministre De Block a annoncé un remboursement possible via la Sécurité Sociale, on voit apparaître des doutes et des craintes dans les différentes associations de psychologues.

Nous apprenons par exemple qu’une mutuelle en Flandre demande aux psychologues une preuve qu’ils ont payé une cotisation à leur association professionnelle, ce qui nous semble déloyal par rapport au système actuel d’enregistrement à la Commission des Psychologues, organe officiel pour la reconnaissance des psychologues ; quatre secteurs confondus (psychologue en organisation et travail, psychologue scolaire, psychologue chercheur ou enseignant et enfin psychologue clinicien ou de santé). Une autre mutuelle va rembourser les psychothérapies alors que d’autres le font de la même manière pour la psychologie clinique. Ceci nous étonne car un psychologue clinicien universitaire qui n’a pas de formation en psychothérapie ne propose pas le même service à ses patients. Si ceux-ci sont remboursés uniquement pour quelques séances et qu’ils doivent ensuite aller consulter un psychologue ou un psychiatre spécialisé en psychothérapie pour la suite de son traitement, nous ne comprenons pas où est le progrès dans la qualité des soins. La relation de confiance est à recommencer à chaque fois.

Le système actuel connaît une grande diversité liée aux sensibilités et philosophies différentes de nos mutuelles, à l’image de notre pays. Le projet de Mme De Block est de vouloir faire appliquer un remboursement des prestations réalisées par des psychologues exerçant comme indépendants par l’INAMI. Il apparaît que l’on parle de 11 euros à charge du patient et de 4 euros pour les plus démunis. Cependant, seules 4 séances seraient remboursées dans un premier temps et par la suite sans doute encore 4. Les conditions de prescription par un médecin semblent inéluctables et de plus, le psychologue ne pourrait pas demander plus de 45 euros par séances (60 pour la première séance). Ce remboursement ne concernerait que des pathologies légères ou modérées. On parle dans la presse flamande d’une décision prise vendredi 18 mai. En revanche, aucun relais dans la presse francophone à ce sujet, pourquoi ?

UPPSY-BUPSY se veut attentive aux risques potentiels liés à ce changement en matière de remboursement des soins psychologiques : d’une part l’uniformité par le bas, c’est-à-dire moins de cinq séances pour commencer et ensuite peut être plus, selon les politiques. Ceci, indépendamment du montant plus élevé que précédemment (le psychologue pourra augmenter ses prix au détriment de l’intérêt de son patient). D’autre part le risque que les mutuelles se déchargent sur l’INAMI et n’offrent plus aucune compensation comme elles le faisaient précédemment. Enfin, la perte de la liberté thérapeutique du choix du patient qui ne doit se limiter qu’aux psychologues reconnus donc agréés avec ou sans formation complémentaire pour le même prix. N’est- ce pas ce qu’on appelle une offre au rabais ?

Un autre risque et non des moindres est que ces séances devraient être prescrites par un médecin qui peut exiger le partage des données confidentielles sur la health’box officielle proposée par le SPF Santé. Rien n’est, en effet, plus personnel et subjectif qu’un rapport psychologique, même s’il se résume à quelques faits observable,s mais que le patient ne désire pas partager avec d’autres professionnels que celui qu’il a choisi en toute confiance et qu’il peut consulter en toute liberté.

On peut donc légitimement s’interroger sur le progrès dans la qualité et l’accès aux soins de santé mentale proposé par notre ministre fédérale ? L’uniformisation devient surtout l’application d’un système qui paraît sans doute démocratique, mais qui ne respecte pas le droit des minorités généralement non consultées.

Martine Vermeylen, présidente de l’Union Professionnelle des Psychologues- Beroeps Unie voor Psychologen



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