Sexe et handicap : " Les personnes handicapées deviennent des êtres asexués."

La vie sexuelle et affective des handicapés est encore un tabou au sein du secteur psycho-médical. Christian Nile, référent de la vie affective et sexuelle au sein de l’AWIPH, a répondu à nos questions.
– Sexualité des personnes handicapées : il y a du travail
– Ouverture d’une maison close pour personnes handicapées à Tournai
– Création d’un centre de ressources "Handicap et Sexualité" en Wallonie
"Le sujet reste sensible bien sûr. Le problème en soi n’est pas la personne handicapée mais le rapport sexuel." explique-t-il.
En 2013 a été présenté auprès des parlementaires wallons une étude sur tout ce qui touche la vie sexuelle des personnes handicapées. Un plan d’action a été dégagé : assurer une formation pour tous les membres du personnel des institutions accueillant des personnes handicapées s’est avérée essentielle.
Une multitude d’actions menées
Une brochure éditée par l’agence wallonne et la COCOF avait été publiée au début des années 2000 : cette brochure sera bientôt réécrite car les choses ont beaucoup évolué.
Un centre de ressource verrait le jour au début de l’année 2015, avec pour but d’organiser les formations et diffuser l’information afin de sensibiliser le grand public.
Les bureaux seront situés à Namur et ce centre ferait office de référence pour toute la région wallonne.
Au sein des institutions, promouvoir des chambres individuelles s ou de couple est une idée phare : il faut garantir l’intimité des personnes et éviter ainsi les dortoirs communs.
Une mise en place d’un salon spécialisé
La volonté des administrations bruxelloises et wallonnes serait de mettre en place un salon qui aborderait la vie sexuelle et affective des handicapés sous tous ses angles. Aussi bien à destination des personnes handicapées que de leurs familles, un salon du même type avait déjà séduit à Bruxelles. On pouvait même parler de réel succès : les organisateurs durent refuser 2.000 personnes !
"Les personnes handicapées étaient heureuses : il ne s’agissait pas d’un colloque mais d’un véritable salon pratico-pratique. Différents ateliers étaient montés avec plusieurs thèmes comme des rencontres avec des associations, des services proposant une assistance sexuelle...", explique Christian Nile.
Sensibiliser les familles
Si au sein du secteur psycho-social, des actions et formations sont menées pour aténuer ce tabou, celui-ci est surtout présent au niveau des familles : les sensibiliser reste donc le plus important.
La sexualité commence à l’adolescence et avant 18 ans, elle est "comme gommée" dans les services. La formation doit donc être effectuée sur un public mineur. Les formations répondent à des questions simples : quelle est la bonne attitude à avoir ? Comment réagir face à une personne handicapée exprimant un besoin ? Comment réagir face à la naissance de couples au sein d’institutions ?
Les éducateurs ne sont pas spécialement formés lors de leurs études à ces sujets : ils apprennent ainsi soit sur le terrain soit au cours de formations.
Ces dernières sont accessibles à tous les éducateurs, les personnes s’inscrivent aux formations qu’elles désirent.
L’ouverture de la maison close de Dodo la Saumure
Certaines personnes handicapées peuvent avoir un comportement violent et agressif car elles ne savent pas comment se toucher ni se masturber. L’accès à la vie sexuelle est un facteur d’épanouissement. "Ce monsieur crie tout haut ce qui se fait déjà", explique Christian Nile.
Christian Nile conclut : "A l’identique des personnes âgées, les personnes handicapées deviennent des êtes asexués. Les parents en sont les premiers acteurs : "J’ai un garçon. J’ai une fille. J’ai un enfant handicapé."
Sans oublier les fameuses toilettes séparées : celles pour hommes, celles pour femmes et celles pour handicapés. Il faut reconnaître à la personne handicapée un droit à avoir le droit à une vie relationnelle et affective en tant qu’homme ou femme.".
Valentine Laval
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