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Chronique d’un psy : "Un psychologue face au tracing"

25/06/20
Chronique d'un psy:

Avant d’entamer joyeusement les vacances d’été, il semblerait juste de rappeler les règles en vigueur concernant le « tracing » des psychologues cliniciens.

Le soleil, le sable chaud, les cocotiers, le bruit des vagues, le vent léger qui se faufile entre nos doigts de pied en éventail... Tout va bien, il est 6h30 du matin, une heure louable pour sortir de sa douce rêverie. Il n’y aura pas de vacances pour les psychologues. Non, le mois de juillet est le temps de la reprise, on sort de la crise. Alors on remonte ses manches, on appuie deux fois sur le doseur du gel-hydroalcoolique, on se lave les mains consciencieusement, on met son masque chirurgical, on garde ses distances et on consulte sans discontinuer, feignasses !

Avec le retour de l’activité en face à face, de nouvelles questions émergent. Que fait-on si l’un de nos patients revient vers nous et - tel un amour éphémère d’un samedi soir - nous annonce avoir chopé une crasse ? Vous voyez ? LA crasse : celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Ce virus maudit qui laisse planer une nouvelle fermeture des cabinets s’il revient en force à l’automne.

Globalement, la position de notre Gouvernement est claire. Pour Maggie, il faut parler. Le secret professionnel ? Que nenni ! La santé avant tout ! Oui, mais la santé, ce n’est pas également l’assurance de pouvoir aller chez le psy sans qu’il puisse arbitrairement divulguer des informations qui nous concernent ? Ah ! Certes, mais, tel le Messi du Fédéral, notre Ministre jongle avec l’article 458 du Code Pénal, elle renvoie la balle aux communautés qui, automatiquement, la lui repassent, elle tacle l’article 34 du code de déontologie, elle arme un tir et au dernier moment, elle botte en touche !

Parler ou ne pas parler, telle est la question

Alors du coup, on se retourne vers la Commission des psychologues. Pour eux, clairement, il ne faut pas parler. La santé avant tout ! Oui, mais la santé, ce n’est pas non plus la garantie que les professionnels ne vont pas vous laisser contaminer l’ensemble de vos proches, s’il y a un risque ? Ah… Bah oui. Une diversion, vite ! Et si on envoyait des enveloppes vides aux psychologues cliniciens pour leur rappeler où part leur cotisation ?

Bref, parler ou ne pas parler, telle est la question… Faut-il rappeler chaque patient ? Lui donner un numéro de dossier de tracing afin de ne pas briser le secret professionnel ? Oui, mais on lui a quand même donné une information, là, non ? Puis, avant que l’on se prenne la tête, comme seuls les psychologues savent le faire, c’est vraiment opérationnel cette histoire de tracing ?

Soit, amis psychologues cliniciens, dépatouillez-vous. Éventuellement, on pourrait se dire qu’en considérant l’article 14 de notre code de déontologie, le psychologue n’est que le dépositaire du secret professionnel, le patient en reste le maître. D’usage, si vous obtenez son consentement, il ne devrait pas y avoir de souci… Je vous vois déjà sourciller, à vous plaindre de la charge que cela implique, et je le comprends sincèrement, mais malgré tout, il est de bon ton d’être optimiste : pas de patients, pas de traçage ! Alors, on les prend ces vacances ?

T. Persons

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