Quand l'enfant est toute la demande d'un suivi de couple
Certains couples consultent uniquement pour leur(s) enfant(s). Que faire de cette demande qui laisse de côté un homme, une femme et un couple ?
L’enfant, s’il existe, est souvent au cœur d’une thérapie de couple. Que ce soit comme enjeu affectif, comme source de conflit, comme échappatoire magique face à un passé douloureux ou encore comme catalyseur de divergences qui ne le concernent finalement pas, il reste un élément central souvent abordé en séance. C’est la clarification de la place qu’il occupe dans le jeu relationnel du couple qui permettra au thérapeute de saisir ce qui se livre à son endroit.
[DOSSIER]
– Thérapie de couple et demande unilatérale
– La sexualité et sa place dans la thérapie « classique »
Un enfant, et tout change
Lorsque le premier enfant arrive, le couple en est bouleversé ou, à tout le moins, profondément remanié. Déjà, il vient rompre le duo, il introduit du tiers et parfois, l’un des deux partenaires se sent plutôt exclu, ou mis sur le côté. La vie doit se réorganiser autour du bébé, ce qui peut susciter des conflits (partage de nouvelles tâches, principes éducatifs divergents). Parfois, l’enfant était attendu comme une solution magique pour des problèmes antérieurs à sa venue. Mais dans tout les cas, l’arrivée d’un enfant peut susciter des difficultés qui poussent le couple à consulter.
Une femme, un homme, un père, une mère, un couple à quatre ?
En séance, nous sommes donc face à quatre personnes finalement : un homme, une femme, un père et une mère. Beaucoup de monde dans la pièce. L’image de l’autre est profondément changée par son nouveau statut, tout comme la sienne. Ce qui séduisait un homme, une femme, chez son/sa partenaire peut par contre effrayer ou profondément agacer le parent. Il est crucial de faire la part des choses entre le couple conjugal et le couple parental. C’est parfois dans l’écart, la possible contradiction, entre les deux, tant de soi à soi que de soi à l’autre, que se niche le mal-être.
Une éducation qui pose question
L’éducation peut également être source de tensions. Dans une société où les rôles ne sont plus clairement définis, où l’éducation est à construire en « sur mesure » et où l’épanouissement est prôné comme un maître mot pour chacun, il est bien difficile pour le couple de s’entendre dans un domaine où tout semble faire débat. Il s’agit de rappeler que les parents « idéaux » n’existent pas, et qu’il sera riche pour l’enfant de lui proposer deux modèles, deux points de vue pourvu que les parents l’acceptent aussi.
L’enfant catalyseur
En cas de profondes divergences, l’enfant devient alors le catalyseur de tout ce dont on ne veut pas chez l’autre, ses valeurs et ses choix. Si l’enfant n’est qu’une occasion de pointer ce qui dérange chez l’autre, s’il n’est que l’instrument d’un conflit qui le dépasse, il faut alors revenir vers des situations émotionnellement similaires mais qui ne concernent pas l’enfant, afin de ramener le travail sur son juste terrain, celui du couple conjugal et du sens premier de ces divergences.
Et en cas de séparation ?
La séparation concerne le couple conjugal. Le couple parental est obligé d’y survivre. La communication est dès lors obligatoire, dans des moments où les partenaires préféreraient un éloignement salutaire. Faire la part des choses, soutenir les narcissismes malmenés, permettre que, malgré le deuil du couple homme-femme, père et mère puissent continuer leur chemin dans le respect de l’autre et de l’enfant, faire confiance au père ou à la mère quand l’homme ou la femme peut avoir perdu tout crédit, voilà le difficile chemin à accomplir. Là, le thérapeute prendra un rôle de tiers souvent primordial pour baliser l’itinéraire.
DB, psychologue
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