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La Haute Ecole Vinci forme au métier de technologue en imagerie médicale

La Haute Ecole Vinci forme au métier de technologue en imagerie médicale

A la Haute Ecole Léonard de Vinci, à Bruxelles, la formation au métier de technologue en imagerie médicale allie les sciences, les relations humaines et la technologie de pointe dans le secteur médical. Pour en savoir plus sur cette formation et le métier de technologue, Le Guide Social s’est entretenu avec Régine Pirlot, cheffe de département technologue en imagerie médicale au sein de l’école.

Depuis 1999, la Haute École Léonard de Vinci forme des technologues en imagerie médicale. « Si vous avez passé une radio dans votre vie, vous en avez déjà rencontré  », explique Régine Pirlot, physicienne et cheffe du département technologue en imagerie médicale au sein de l’école au campus Woluwe, à Bruxelles.

Dans une interview accordée au Guide Social, la professeure revient sur ce métier paramédical et la formation qui permet de l’exercer.

Le Guide Social : Pourriez-vous expliquer ce qu’est le métier de technologue en imagerie médicale ?
Régine Pirlot : Il s’agit d’un métier paramédical. Les technologues pilotent des machines complexes - comme des IRM, des scanners ou des appareillages de médecine nucléaire - et réalisent les images adaptées pour chaque examen, en fonction de la pathologie recherchée ou suivie, afin de les soumettre au médecin radiologue.

Pour cela, il faut d’abord accueillir le/la patient.e, lire la prescription médicale et faire une brève anamnèse [le récit des antécédents du/de la malade, NDLR] pour vérifier s’il n’y a pas de contre-indication à la réalisation de l’examen ou à l’injection d’un produit de contraste, par exemple.

Ensuite, le/la technologue positionne le/la patient.e dans la machine et réalise l’examen.
Une fois ce dernier réalisé, il faudra éventuellement reconstruire des images ou les gérer. En aucun cas le/la technologue ne peut faire de diagnostic mais doit être capable de voir si son image répond aux critères de qualité demandés. Par exemple, au CT-scanner, on obtient une imagerie en coupe qu’il faut reconstruire dans les plans demandés par le/la radiologue afin de lui proposer des images de qualité permettant de faire un diagnostic.

Enfin, le/la technologue doit savoir également réaliser des actes de soin.

Le Guide Social : C’est-à-dire ?
Régine Pirlot : Il y a beaucoup d’actes de soin en lien avec ce métier. Par exemple, les technologues doivent injecter des produits de contraste, donc doivent placer des voies d’accès périphériques, doivent pouvoir faire des prélèvements, prendre les paramètres vitaux des patient.e.s et doivent pouvoir les réanimer s’il y a un problème.

Le Guide Social : Est-ce que les technologues travaillent seul.e.s ?
Régine Pirlot : En général, c’est un travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Certains actes peuvent être réalisés en parfaite autonomie, comme l’accueil du/de la patient.e, mais il y a aussi des actes qui sont confiés par le/la médecin radiologue.
Comme il faut mobiliser des patient.e.s, les transporter, les installer sur les machines, etc. il y a souvent deux personnes pour cela. C’est un métier qui nécessite des cours d’ergonomie parce que le technologue peut être amené à déplacer des patients corpulents.

La plupart du temps, le/la radiologue, des infirmier-ères et des physicien.ne.s d’hôpitaux sont présent.e.s.

Le Guide Social : Où peuvent travailler les technologues en imagerie médicale ?
Régine Pirlot : Ils/elles peuvent travailler en radiologie pour faire ce qu’on appelle le radiodiagnostic conventionnel, ou le CT-scanner et l’IRM. Il est possible de travailler en médecine nucléaire, où on utilise des produits radioactifs pour réaliser le diagnostic du/de la patient.e.

Les technologues peuvent aussi réaliser des images échographiques pour l’échographie cardiaque. Ils/elles peuvent travailler en mammographie, réaliser des examens de tomodensitométrie pour vérifier la qualité osseuse. Il leur est également possible de travailler en interventionnel et en radiothérapie.

Ce sont tous les volets que les technologues peuvent couvrir à l’hôpital ou dans des petits centres d’imagerie médicale, par exemple.

En outre, du fait de leur formation relativement polyvalente, les technologues sont très apprécié.e.s par des firmes qui fournissent du matériel d’imagerie médicale. Dans ce cas, les technologues vont participer à l’installation des machines, à la formation du personnel à leur utilisation, au réglage des paramètres de ces appareils pour fournir aux radiologues la meilleure qualité d’image possible.

"Il est possible de travailler dans un autre pays d’Europe"

Le Guide Social : Les opportunités sont très variées.
Régine Pirlot : Oui. Ce qui est aussi intéressant, c’est qu’il est possible de demander un agrément professionnel pour travailler dans un autre pays en Europe. Il faut remplir quelques documents mais notre formation est généralement reconnue.

Non seulement la formation est intéressante mais il y a moyen aussi de rendre son métier très intéressant, par exemple en prenant des responsabilités dans le service où l’on est employé.

Le Guide Social : Justement, en parlant de la formation, quels sont les prérequis pour y accéder ?
Régine Pirlot : Il faut seulement un certificat d’enseignement secondaire (CESS) qui donne l’accès à l’enseignement supérieur.

Le Guide Social : Combien de temps dure la formation ?
Régine Pirlot : C’est une formation de type bachelier donc ce sont trois ans : 180 crédits, 60 crédits par an. Il y a cinq écoles de formation de technologues en Belgique : la Haute Ecole Léonard de Vinci ; la Haute Ecole de la Province de Liège (HEPL) ; la Haute Ecole de Charleroi (HELHa) ; la Haute Ecole Odisee, à Bruxelles mais qui est flamande ; puis, la Haute Ecole Prigogine à Bruxelles, qui organise une formation en horaires décalés.

Le Guide Social : Quel est le contenu des cours au sein de la Haute Ecole Léonard de Vinci ?
Régine Pirlot : Il y a cinq axes dans la formation. Le premier, ce sont les sciences fondamentales. Comme nous avons un public d’horizons très variés, nous devons asseoir les bases scientifiques et amener tou.te.s les étudiant.e.s à un niveau de connaissances et de compréhension suffisant.

Puis, il y a les sciences professionnelles. Par exemple, les techniques de soins, l’anatomie, l’anatomie radiologique, la pathologie ou encore la description des appareils d’imagerie et l’informatique pour le traitement des images. Les cours sont donnés par des professionnel.les du secteur.

Ensuite, il y a le volet sciences humaines et sociales. C’est-à-dire la relation, la communication avec les patient.e.s ; la psychologie ; la philosophie ; le droit ; la déontologie, etc.

Il y a également le volet initiation et formation à la recherche, via le travail de fin d’étude.

Enfin, il y a ce qu’on appelle les activités d’intégration professionnelle. C’est-à-dire les stages.

Le Guide Social : Combien de stages sont prévus au total ?
Régine Pirlot : Les élèves font environ 1200 heures de stage. Deux semaines de stage sont au programme de la première année avec pour objectifs l’observation et l’intégration dans une équipe médicale.

En deuxième année, les étudiant.e.s abordent quatre grosses branches de stage : CT-scanner, IRM, médecine nucléaire et radio conventionnelle. Au total, ce sont douze semaines de stage de quatre jours par semaine. Nous les récupérons à l’école un jour par semaine. Il y a aussi deux semaines de stage de techniques de soins infirmiers.

En troisième année, les étudiant.e.s reprennent et perfectionnent CT-scanner, IRM et médecine nucléaire. Ils/elles abordent également des stages d’interventionnel, d’échographie, de radiothérapie.

Enfin, les élèves ont trois semaines de stage associées au volet recherche, c’est-à-dire au travail de fin d’étude.

Stages : "L’école organise tout, en concertation avec les étudiant.e.s"

Le Guide Social : Ce sont les élèves qui trouvent les stages ?
Régine Pirlot : Non, l’école organise tout. Toujours en concertation avec les étudiant.e.s, bien sûr. Mais nous voulons absolument qu’ils/elles fréquentent à la fois des centres universitaires et des centres plus périphériques parce que la façon de travailler n’y est pas la même.

En troisième année, il y a aussi la possibilité de faire des stages Erasmus.

Le Guide Social : Au bout de ces trois ans de formation, les étudiant.e.s sont totalement prêt.e.s à travailler ?
Régine Pirlot : Ils ne sont jamais totalement prêts. Ce métier nécessite ce qu’on appelle du long live learning, donc il faudra apprendre tout au long sa vie professionnelle. Dans l’arrêté royal qui définit le profil professionnel, il y a d’ailleurs une obligation légale de 15 heures de formation continue annuelle dans des disciplines en lien avec l’imagerie médicale.

Au terme des études, les technologues sont prêt.e.s à travailler mais il leur faut un visa de la Belgique et un agrément de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) pour pouvoir exercer.

Pour les personnes belges, c’est une formalité administrative. L’école envoie à la FWB la demande d’agrément avec la liste des dossiers. L’agrément et le visa sont envoyés aux candidat.e.s. Ceux et celles qui n’ont pas de numéro de registre national doivent faire eux-mêmes la démarche.

"Le métier est en grave pénurie"

Le Guide Social : Est-ce que les technologues trouvent rapidement un emploi à l’issu de leurs études ?
Régine Pirlot : Actuellement, le métier est en grave pénurie donc oui. Et ils/elles arrivent même à négocier avec les hôpitaux.

Le Guide Social : Qu’est-ce qui explique cette pénurie ?
Régine Pirlot : Comme certains métiers de la santé, celui de technologue n’est pas assez valorisé financièrement. On observe qu’après avoir fait quelques années dans le métier, les technologues ont un peu une impression de répétition et cherchent ailleurs, reprennent des études ou bien sont recruté.e.s par les firmes qui les paient mieux.

Le Guide Social : Est-ce que la formation de technologue peut ouvrir à d’autres opportunités ?
Régine Pirlot : Oui. Il est possible de faire un master en sciences biomédicales, en sciences du travail, en sciences hospitalières ou en santé publique.

Notre école est en contact avec la Haute École Bruxelles-Brabant (HE2B). Les étudiant.e.s peuvent faire un master en ingénieur industriel, orientation nucléaire et médicale.

En Belgique, il n’y a pas de master spécifique en imagerie médicale.

Le Guide Social : Est-ce qu’il y a des choses qu’on ne soupçonne pas avant de faire ce métier ?
Régine Pirlot : Il faut oser toucher les patient.e.s. Ce n’est pas si évident.
Nous donnons des cours d’anatomie palpatoire : les étudiant.e.s doivent pouvoir identifier les structures anatomiques les un.e.s sur les autres pour ensuite pouvoir faire un bon positionnement des patient.e.s dans la machine. Donc il faut un peu démystifier le toucher.

Il y a beaucoup de volets positifs dans le relationnel avec les patient.e.s, mais parfois il y a des aspects moins positifs auxquels on ne s’attend peut-être pas quand on est jeune. Comme la confrontation à des personnes agressives, par exemple.

Aussi, les étudiant.e.s ne s’attendent peut-être pas à devoir étudier autant le volet technique. Nous voulons des gens bien formés qui travaillent en connaissance de cause, c’est indispensable pour la santé publique.

Enfin, il y a une grande variété des modalités et une certaine indépendance dans la réalisation des examens : c’est bien le/la technologue qui réalise la plupart des examens d’Imagerie et non plus le/la radiologue, comme le grand public le pense encore.

"Au sein de la Haute Ecole Vinci, nous avons du matériel de pointe"

Le Guide Social : Que diriez-vous à un.e étudiant.e qui aimerait s’inscrire à la formation ?
Régine Pirlot : C’est une formation polyvalente, passionnante qui allie des sciences fondamentales, professionnelles et humaines et sociales.

Il y a un volet théorique mais qui est concrétisé très fortement par un volet pratique. Des exercices et travaux pratiques sont réalisés à l’école. Entre les stages dans les services d’imagerie et les séances à l’école, c’est à peu près 50/50.

Au sein de l’école, on a du matériel de pointe : un tube à rayons X, des échographes, des simulateurs pour l’IRM, des stations de reconstructions d’image scanner, de nombreux postes informatiques. Ce matériel permet d’offrir une formation de qualité aux étudiant.e.s. On peut aussi disposer occasionnellement des salles de radiologie et de radiothérapie des cliniques universitaires Saint Luc ainsi que des laboratoires pour la préparation de produits radioactifs et enfin nous louons du matériel de pointe à la HE néerlandophone.

Dans cette formation, nous visons la réussite de tout le monde. C’est-à-dire que ce ne sont pas des études dans lesquelles on va entrer en compétition car il y a des emplois pour tout le monde. Il y a une bonne ambiance à l’école. Nous connaissons les étudiant.e.s, nous organisons des voyages scolaires, un jobday, nous faisons la promotion de la mobilité internationale.

"Tout le monde aura besoin d’un examen spécialisé un jour dans sa vie"

Le Guide Social : Pourquoi ce métier est important dans le secteur ?
Régine Pirlot : Les technologues sont des professionnel.le.s capables de prendre en charge les patient.e.s et de piloter des appareils complexes en connaissance de cause, pour produire des images de qualité.

Bien sûr, avec l’intelligence artificielle qu’il y a autour des machines, on peut toujours régler les paramètres et dire je pousse le bouton et il y aura une image. Mais il n’en reste pas moins vrai que si on veut optimiser la qualité d’examen, il faut quelqu’un qui connaisse vraiment la machine et prenne soin des patient.e.s.

Tout le monde aura besoin d’un examen spécialisé un jour ou l’autre et comme futur.e patient.e potentiel.le, je veux que mon examen soit réalisé par une personne bien formée qui travaille en connaissance de cause.

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