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Zoothérapie en Belgique : qu’est-ce que c’est et comment l’utiliser ?

13/12/23
Zoothérapie en Belgique : qu'est-ce que c'est et comment l'utiliser ?

La zoothérapie, une discipline en plein essor, gagne du terrain en Belgique en tant qu’approche thérapeutique alternative. Pour les professionnels travaillant dans le social, comprendre la zoothérapie et ses domaines d’application peut ouvrir de nouvelles perspectives dans les domaines de la santé et du bien-être.

Dans cet article, nous explorons les bénéfices et limites de la zoothérapie. Nous vous partageons également un état des lieux de la zoothérapie en Belgique. Enfin, nous donnons aux professionnels les clés pour intégrer l’animal à ses activités thérapeutiques.

Zoothérapie : définition

La zoothérapie, également connue sous le nom de thérapie assistée par l’animal (TAA), est une forme de thérapie qui implique l’utilisation d’animaux dans le cadre d’un processus thérapeutique. Ce type de médiation prend donc la forme d’"une relation d’aide, une interrelation entre un animal et un humain, une interaction dans un cadre et des bénéfices réciproques." (1)

L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des individus en favorisant le développement émotionnel, social, cognitif et physique.

Les disciplines de la zoothérapie se distinguent en deux catégories : la thérapie assistée par l’animal (TAA) et les activités assistées par l’animal (AAA). Dans le cadre de la thérapie assistée par l’animal, ce dernier est utilisé comme un médiateur entre le thérapeute et son patient. En intégrant la relation à l’animal au processus thérapeutique, l’ont permet au patient de s’ouvrir plus facilement, de catalyser plus facilement ses émotions et de s’ancrer dans le présent.

Dans le cadre des activités assistées par l’animal (AAA), il s’agit d’intégrer l’animal à une activité plus récréative, ludique ou pédagogique, au sein de laquelle la présence de l’animal facilite les interactions. Il ne s’agit donc pas d’une pratique thérapeutique à proprement parler, mais d’activités telles que les visites de bénévoles avec des animaux chez des personnes âgées, ou des enfants placés en institutions, par exemple.

Lire aussi : Hippothérapeute : "L’attitude du cheval nous aide à comprendre notre bénéficiaire"

L’histoire de la Zoothérapie

C’est au 20ème siècle que la zoothérapie a émergé en tant que discipline structurée, intégrée dans divers domaines de la santé.

Dès la Première Guerre mondiale, la Pawling Army Air Force convalescent Hospital de New York met en lumière les bienfaits thérapeutiques des animaux pour les soldats traumatisés en utilisant des chiens comme supports de thérapie, afin de réconforter et de réhabiliter les vétérans souffrant de stress post-traumatique.

Dans les décennies qui ont suivi, la zoothérapie s’est étendue à d’autres domaines : santé mentale, réadaptation physique, soutien émotionnel, ... Des pionniers tels que le psychiatre Boris Levinson ont joué un rôle majeur dans la reconnaissance de la zoothérapie comme une modalité thérapeutique sérieuse.

La zoothérapie en Belgique

En Belgique, l’intérêt croissant pour la zoothérapie s’est accéléré au cours des dernières décennies et de plus en plus de professionnels y font appel.

"La présence d’animaux dans les centres de soins n’est qu’une manifestation des activités de plus en plus répandues en Belgique dans lesquelles l’animal joue un rôle social et thérapeutique important. Maisons de repos, centres de psychothérapie ou de zoothérapie, équithérapie, consultations individuelles, chiens-guides ou chiens policiers, les animaux font partie d’un secteur pluridimensionnel en expansion qui crée des emplois et génère des revenus." (2)

Des initiatives locales ont été lancées dans des établissements de soins de santé mentale, des écoles et des centres de réadaptation pour intégrer la zoothérapie dans le processus de traitement. Les résultats positifs observés dans ces projets pilotes ont contribué à renforcer la légitimité de la zoothérapie en tant qu’approche complémentaire et efficace.

L’UZ de Bruxelles a lancé la Villa Samson, qui permet aux patients suivis en thérapie d’emménager avec leur animal de compagnie. Le Scheutbos, une structure prenant en charge des patients atteints de démence, accueille chaque semaine 3 chiens chargés de divertir et d’apaiser ses pensionnaires. L’on trouve aussi, à la prison pour femmes de Berkendael (Forest-Bruxelles), quatre chats qui circulent librement et peuvent être apprivoisés par les détenues sans pour autant accéder à leurs cellules, tout en étant nourris par les fonctionnaires qui ont la responsabilité des animaux au nom de l’établissement pénitentiaire.

Que dit la loi sur la zoothérapie ?

En Belgique, il n’existe pas aujourd’hui de cadre législatif entourant la pratique de la zoothérapie ou protégeant le titre de zoothérapeute. Autrement dit, n’importe qui peut s’autoproclamer zoothérapeute et recourir à n’importe quel animal pour réaliser ses prestations.

"Il n’existe en effet aucun cadre législatif encadrant cette pratique", confirme Michel Koscielniak, formateur de médiateurs en thérapie assistée par l’animal. "Le vide juridique actuel permet à beaucoup de gens de s’autoproclamer zoothérapeutes, alors qu’ils se font avant tout du bien à eux-mêmes via leur pratique. L’animal ne doit rentrer dans le champ thérapeutique que s’il fait du bien au patient, non au zoothérapeute. Il s’agit d’une pratique professionnelle qui doit être encadrée pour être bénéfique au patient avant tout."

Si vous souhaitez vous former, soyez également attentif à choisir un organisme de formation sérieux et reconnu par ses pairs. Généralement, un bon programme de formation contiendra par ailleurs un volet consacré au code de déontologie.

Comment reconnaître un zoothérapeute qualifié ?

"C’est un zoothérapeute qui a une distance thérapeutique avec son animal. Celui qui a un attachement fort avec son animal va se soucier plus du bien-être de son animal que de celui du patient. Quand je choisis un collaborateur pour un suivi thérapeutique, je le choisis en fonction de ses compétences. C’est la même chose pour un animal. En zoothérapie, le chien est un animal de travail. Il doit être bien éduqué, en fonction de ce qu’on attend de lui", précise Michel Koscielniak.

Quels sont les bénéfices de la zoothérapie ?

La zoothérapie, en tant qu’approche thérapeutique, vise à atteindre une variété d’objectifs visant l’amélioration du bien-être physique, mental et émotionnel des individus. Les interactions homme-animal, soigneusement encadrées, sont conçues pour répondre à des besoins spécifiques, souvent dans le contexte de la santé mentale et du développement personnel. Notez cependant qu’il existe actuellement peu d’études démontrant les bienfaits effectifs de la zoothérapie. Les bénéfices décrits ci-dessous sont donc, pour la plupart, avant tout issus des résultats expérientiels de professionnels et d’initiatives isolées.

Une relation thérapeute-patient est toujours teintée de neutralité. L’utilisation d’un animal permet de susciter un attachement et un investissement émotionnel lors d’une séance, sans pour autant nécessiter une perte de neutralité dans le lien professionnel-patient/bénéficiaires. (3)

Amélioration de la communication

La zoothérapie offre un cadre unique pour améliorer les compétences en communication. Les patients, en interagissant avec l’animal, développent souvent des compétences verbales et non verbales, renforçant ainsi leur capacité à exprimer leurs émotions et à interagir plus efficacement avec leur environnement.

Stimulation cognitivo-émotionnelle

Les activités liées à la zoothérapie stimulent les fonctions cognitives telles que la mémoire, l’attention et la résolution de problèmes. En encourageant les participants à interagir avec l’animal de manière réfléchie, la zoothérapie peut contribuer à renforcer les connexions neuronales et à améliorer la fonction cognitive globale.

Favorisation du bien-être émotionnel

La présence d’animaux, souvent sans jugement, crée un environnement propice à l’expression des émotions. La zoothérapie est particulièrement efficace pour atténuer le stress, l’anxiété et la dépression, offrant aux participants un moyen naturel de gérer leurs émotions.

Développement de l’empathie et des relations sociales

Interagir avec un animal encourage le développement de l’empathie. Les patients apprennent à reconnaître et à répondre aux besoins de l’animal, ce qui peut ensuite se traduire par une amélioration des compétences sociales et relationnelles dans leurs interactions avec d’autres personnes.

Stimulation physique et motrice

Certains programmes de zoothérapie intègrent des activités physiques, telles que la marche avec un chien ou le brossage d’un cheval. Ces activités contribuent à la stimulation physique, favorisant la mobilité, la coordination et la motricité.

Amélioration de l’estime de soi

L’interaction réussie avec un animal, la création d’une relation positive, et la réalisation d’activités liées à la zoothérapie tendent à renforcer la confiance en soi des participants.

Soutien dans les traitements médicaux

En complément des traitements médicaux traditionnels, la zoothérapie peut jouer un rôle de soutien. Elle peut aider à atténuer les effets secondaires des traitements médicaux, à améliorer la qualité de vie des patients et à favoriser une récupération plus rapide.

Quels animaux sont utilisés en zoothérapie ?

Les animaux les plus couramment utilisés en zoothérapie sont les chiens, les chats, les chevaux, et les lapins. Le choix de l’animal dépend des besoins spécifiques du patient et des objectifs thérapeutiques.

Recourir à la zoothérapie en tant que professionnel

Vous l’aurez compris, la zoothérapie est susceptible d’être rencontrée dans de nombreux domaines. En psychologie, psychiatrie, ergothérapie, psychomotricité ou encore en kinésithérapie, la relation à l’animal peut tout à fait être intégrée au processus thérapeutique.

Les domaines éducatifs ne sont pas en reste. Les fermes pédagogiques ne sont qu’un exemple parmi d’autres de la façon dont les animaux peuvent être intégrés aux activités d’une large variété de publics.

Attention cependant : la thérapie par l’animal a aussi ses limitations, comme le rappelle Michel Koscielniak.

  1. "Les animaux peuvent entrer n’importe où mais pas n’importe comment."

"Le chien n’est pas toujours le meilleur des médiateurs lors d’un suivi, c’est quelque chose de tout à fait individuel. Une personne qui n’a pas demandé à être en contact avec un chien ne doit pas l’être. Ce sera quelque chose dont un zoothérapeute devra se soucier si, par exemple, il visite un établissement avec son animal."

Qui peut-être zoothérapeute ?

En Belgique, la profession n’est pas protégée. Il est cependant fortement conseillé d’être un professionnel travaillant avec le public visé. En outre, il est indispensable de suivre une formation spécifique et de démontrer des compétences tant dans le domaine de la thérapie que de l’interaction avec les animaux.

"Il ne faut pas forcément de background médical en psychologie pour devenir zoothérapeute. Cependant, la formation devra donner un maximum d’outils aux étudiants. Certains d’entre eux seront invités à compléter leurs connaissances par une formation en psychothérapie complémentaire", explique Michel Koscielniak.

Vous souhaitez vous lancer en tant que zoothérapeute ?

Des programmes de certification et de formation en zoothérapie sont disponibles pour les professionnels souhaitant se spécialiser dans ce domaine. Même s’il ne s’agit pas de formations reconnues par l’État, il est primordial d’apprendre à connaître les animaux et leurs limites, de savoir s’adapter à leurs comportements et de les utiliser en thérapie dans le respect de leur bien-être et de la sécurité des bénéficiaires.

Michel Koscielniak nous donne quelques critères pour choisir une formation de bonne qualité.

"Les formateurs doivent avoir des connaissances complètes à la fois en zoothérapie et en chiens - ou dans l’animal choisi. Le formateur doit avoir plusieurs années d’expérience ; on ne devient pas zoothérapeute en quelques jours et la formation prend donc du temps, il ne s’agit pas d’un stage de quelques semaines. Il faudra aussi vérifier que l’organisme possède un panel d’animaux adaptés à chacun."

Zoothérapeute : un métier qui paie ?

La zoothérapie comprend de plus en plus d’adeptes, mais n’en reste pas moins une activité peu lucrative. Il est ainsi difficile de vivre uniquement de ce métier, mais cette activité peut néanmoins complémenter une autre activité professionnelle.

Zoothérapie en Belgique : une activité naissante aux nombreux bénéfices

Si la zoothérapie gagne en popularité en Belgique, elle n’en reste pas moins aux balbutiements de son histoire. Des cadres légaux sont requis pour contribuer à son évolution positive. Cependant, les projets pilotes ont montré des résultats encourageants, ouvrant la voie à une adoption plus généralisée.

Cette pratique représente certainement une opportunité prometteuse pour les professionnels travaillant dans le domaine social en Belgique. En comprendre les bases, l’histoire, et l’évolution peut ouvrir des portes vers une approche thérapeutique novatrice et bénéfique pour un large éventail de patients.

Quelles ressources pour les professionnels souhaitant recourir à la zoothérapie en Belgique ?

Les professionnels intéressés par la zoothérapie en Belgique peuvent accéder à des ressources telles que des formations spécialisées, des associations professionnelles, et des réseaux de praticiens. Des organismes comme la Fédération des Professionnels intervenant en médiation animale (AMAT) et l’Institut Belge de Zoothérapie proposent des informations et des opportunités de réseautage.

Mathilde Majois

Savoir plus :

1 : "Brève étude juridique du rôle social et thérapeutique de l’animal", colloque franco-belge dédié au droit animalier de la domestication à la protection – 28/09/2021, p.237
2 : "Brève étude juridique du rôle social et thérapeutique de l’animal", colloque franco-belge dédié au droit animalier de la domestication à la protection – 28/09/2021, p.234
3 : "La therapie assistée par l’animal - Quand les effets bénéfiques que peut avoir la relation Homme/ Animal sont utilisés de façon thérapeutique" - Livia Nocerini, psychologue




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