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"Le métier d’aide-soignante ? Il peut être ingrat mais il procure tant d’émotions !"

Sabine Henry, 54 ans, est aide-soignante en milieu hospitalier. Avec le Guide Social, elle revient sur ses études, sur son expérience en maison de repos, sur ses moments de doutes mais aussi sur toutes les petites victoires, sur toutes les rencontres empruntes d’humanité qui contrebalancent la dureté de son quotidien. Cette professionnelle expérimentée porte son métier dans ses tripes. Dans son âme aussi.

Le Guide Social : Quelle définition donneriez-vous au métier d’aide-soignante ?

Sabine Henry : Pour moi, les missions principales sont de maintenir l’hygiène et le confort du patient mais aussi l’écouter et l’observer afin de rapporter des situations permettant de continuer et d’améliorer les soins. Pour les patients, les séjours à l’hôpital sont souvent un moment compliqué. Le rôle de l’aide-soignante est donc crucial à la fois pour le patient, mais dans la réussite aussi des soins. Mon métier il est dans les tripes et dans l’âme, c’est ce qui nous fait choisir, du moins pour mon cas.

Le Guide Social : Pourquoi avez-vous choisi de vous former à ce métier ? Ce fut un choix assumé ou bien un accident ?

Sabine Henry : À la base je voulais être assistante sociale. Finalement, je me suis tournée vers le métier d’aide-soignante. Ce n’est pas un métier évident au début, il peut même être assez rebutant. En fait, il est un peu ingrat, on va dire, au début. Mais, il apporte tellement !

"J’ai trouvé un endroit où m’installer professionnellement même si tous les jours ne sont pas faciles"

Le Guide Social : Et justement, comment avez-vous vécu votre première confrontation au terrain, à l’occasion de vos stages ?

Sabine Henry : Mes premiers stages, effectués à Dînant où j’ai suivi mes études, n’étaient pas terribles, je dois bien l’avouer. Mon rôle consistait, pour l’essentiel à nettoyer les thermomètres, les urinoirs ou encore les pannes où les patients y faisaient leurs besoins. Ces expériences ont été réellement compliquées mais j’ai l’impression que c’est un lieu commun pour beaucoup de professions de santé de passer par des stages ingrats et difficiles. Il est clair que je ne vendrais plus de la même façon aujourd’hui mon parcours scolaire. Il est ce qu’il est, avec les formations que j’ai eues. Après de toute façon on se forme tout le temps dans notre métier. C’est une formation continue à vie.

Le Guide Social : Une fois votre diplôme en poche, vous vous êtes lancée sur le marché de l’emploi.

Sabine Henry : J’ai commencé ma vie professionnelle dans une maison de repos où j’ai été littéralement exploitée durant six ans. Ensuite, j’ai été engagée dans une maison de repos à Berchem-Sainte-Agathe où j’y suis restée 7 ans. Après ces expériences dans ce secteur, j’ai postulé au Clinique Saint-Anne Saint-Rémi. Et cela fait maintenant 20 ans que ça dure. J’ai d’abord travaillé durant cinq ans en gériatrie, puis j’ai été « volante » pendant une année et maintenant, voilà 14 ans que je suis en polypathologie. Honnêtement, j’ai enfin trouvé un endroit où m’installer professionnellement même si tous les jours ne sont pas faciles.

"J’aime faire rire mes patients et chanter avec certains d’entre eux !"

Le Guide Social : Quel est votre quotidien ?

Sabine Henry : Il y a pas mal de stress, d’abord. Il faut aussi affronter la douleur des patients ainsi que la mort de certains, ce qui apporte sa dose de peine. En revanche, il y a tout un tas d’aspects qui viennent contrebalancer ces difficultés. Je pense notamment aux aspects sociaux et humains de notre métier. Le partage, l’humanité et l’humilité, les rires, les souvenirs… Avec le temps, on apprend à préserver sa santé physique mais aussi mentale. C’est la condition sine qua non pour continuer ce métier, pour durer dans le temps.

Le Guide Social : Et puis il y a aussi vos collègues…

Sabine Henry : Le travail en équipe, c’est l’essence de mon métier. Combiner le savoir-faire de chacun pour arriver à notre but ! Tous les membres apportent leur pierre à l’édifice dans les soins aux patients. Dans mon service, nous sommes une équipe très soudée. Il y a beaucoup d’humour et d’autodérision ! On fait régulièrement des sorties entre nous et avec les médecins. C’est crucial, cela aide à tenir face à certaines situations. Cela permet aussi de redonner le sourire à un collègue ou de déceler quelques signes de fatigue mentale. Il est impossible de ne pas être impactée moralement par nos différentes missions. On apprend simplement à faire avec. Pour y faire face, mis à part l’exprimer à mes collègues, je n’ai pas de rituel particulier, mais les larmes parfois peuvent aider.

Le Guide Social : Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin pour aller travailler ?

Sabine Henry : On revient toujours à la base de mon métier : le côté humain, le partage. Un exemple : moi, j’aime faire rire et chanter avec certains patients.

Le Guide Social : Vous vous sentez vraiment utile…

Sabine Henry : Totalement ! Les aides-soignantes ont un réel impact sur la vie des gens. Nous pouvons améliorer leur séjour à l’hôpital, faire mieux passer la maladie et offrir du réconfort. C’est quand même exceptionnel un métier qui procure autant d’émotions. Et ce qui me séduit toujours, c’est le fait de donner aux patients et de recevoir en retour. Il faut s’attendre à évoluer en tant que personne avec ce genre de métier. On y apprend l’humilité, l’humanité, le respect, le calme et la déontologie. On y apprend aussi la mort et le deuil, c’est le retour du bâton.

Le Guide Social : Qu’est‐ce que vous aimeriez dire aux jeunes qui souhaitent suivre la même carrière que vous ?

Sabine Henry : Il faut avoir le métier dans la peau, dans les tripes et aimer cette profession pour ce qu’elle est. Ce n’est forcément pas le métier le mieux payé ni même le plus glamour. En revanche, à la fin d’une journée, savoir qu’on va en sortir plus grand et satisfaite de qui on est, ça n’a pas de prix !

B.T.

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